Vingt-cinq bougies pour Caroline Baldwin
De la canadienne enquêtrice d’André Taymans paraissent l’intégrale des aventures et un nouvel album. De quoi se régaler durant des heures.
Publié le 09-12-2021 à 17h00 - Mis à jour le 09-12-2021 à 17h15
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Des personnages féminins réalistes de la Bande dessinée, la Caroline Baldwin d'André Taymans est l'un des plus intéressants et attachants, dont, au fil des récits, on observa l'évolution psychologique. Elle apparut en juillet 1996 dans le regretté mensuel (À Suivre) et fête dès lors le 25e anniversaire de sa création. À cette occasion, son talentueux - et prolifique - père spirituel (à la fois dessinateur et scénariste) nous permet de la redécouvrir. On l'en félicite ; on s'en réjouit.
Le roman d’une vie
Caroline Baldwin est une jeune femme d’aujourd’hui, au parcours sentimental chaotique, personnalité intègre, indépendante, émouvante. On ne peut qu’être séduit par la détective aux yeux verts et courts cheveux noirs, qui a du chien à revendre. Québécoise, Caro est indienne du Canada (de la tribu des Hurons) par sa mère et américaine par son père. Sang-mêlé donc, cette enquêtrice qu’on vit pas mal voyager (Népal, États-Unis, France, Thaïlande, etc.), à laquelle nous trouvons un look à la Demi Moore comme nous trouvâmes hier un air de Sharon Stone à la Jessica Blandy de Jean Dufaux et Renaud.
Né à Ottignies le 14 juillet 1967, formé artistiquement à Saint-Luc à Bruxelles, admirateur de Will, Jacobs, Cosey, Tillieux et autres Chaland et Floc’h, André Taymans opère dans le courant "ligne claire" avec une efficacité unanimement saluée. Ses aventures de Caroline Baldwin sont ponctuées par des coups de théâtre et des épreuves, particulièrement lorsque l’héroïne fut contaminée accidentellement par le virus du sida. Il y a quelque vingt ans, fallait de l’audace à un auteur pour aborder ce sujet-là.
Entre 1996 (Moon River) et 2020 (Les Faucons), dix-neuf titres de la série parurent : les seize premiers chez Casterman, les trois derniers chez Paquet. Aujourd'hui, en un volumineux recueil, André Taymans nous livre les "quatorze chapitres de la vie tourmentée de Caro". D'un format (25 x 18 cm) légèrement plus petit - dommage… - que les albums originaux (30 x 22), cette intégrale nous amène à revisiter une œuvre cohérente et captivante. "J'ai voulu cet album comme le roman d'une vie, précise l'artiste, raison pour laquelle j'ai redécoupé les quelques centaines de pages en chapitres. J'ai aussi retravaillé tout ce qui graphiquement ne trouvait plus grâce à mes yeux." Ainsi, est-ce "la version ultime définitive" dont nous disposons désormais.
Double dames
Simultanément à cette intégrale, André Taymans enrichit sa série phare avec Doubles dames (scénarisé avec sa fille Johanna) qui s'inscrit dans la collection "Entre-deux", sorte de bonus. Dans ce thriller (48 pages, Éditions du Tiroir), on retrouve, en Haute-Savoie, une amie de Caroline, la blonde Roxane Leduc, guide pour touristes friands de montagnes. Cette aventure s'insère entre les tomes 16 et 17, La Conjuration de Bohême et Narco-Tango. L'auteur de Rendez-vous à Katmandou a naguère remis la main sur d'anciennes planches et des scénarios d'histoires de Caroline "qui n'ont pu aller à leur terme" : cinq récits qui auraient dû s'intercaler entre les albums existants, "d'où l'idée de cette collection atypique".
Enfin, signalons qu'au Tiroir sortent une édition de luxe de Moon River, tirée à 1000 exemplaires numérotés et signés (72 pages en couleurs, 35 €), ainsi qu'un art book intitulé Poses.
- ★ ★ ★ André Taymans | Caroline Baldwin. L'intégrale | Bande dessinée | Éditions du Tiroir (5, clos du champ d'Abeiche, 1420 Braine-l'Alleud), 960 pp. en couleurs, 99 €