Essoufflement du marché du livre après l’envolée de 2021
Fin juillet 2022, le marché du livre est en recul de 5 %, les librairies de 10 %.
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Publié le 26-08-2022 à 22h45
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L'année "2021 était peut-être un feu de paille", analyse Benoît Dubois, directeur de l'Adeb (Association des éditeurs belges) à la lecture des statistiques de marché fournies par l'institut de sondage GfK et complétées par les données de l'Adeb elle-même. À savoir une augmentation de 14,2 % du marché total du livre en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) - 239,4 millions € en 2020 à 273,3 millions € en 2021. "Quelques effets Covid ont encore traîné au début de l'année 2021. C'est une année remarquable. On peut faire un parallèle avec le secteur du spectacle. Dès que les gens ont été libérés des contraintes Covid, ils se sont rués sur ce qui leur avait manqué en 2020. Les chiffres de 2021 sont biaisés en ce sens que le premier semestre a été extraordinaire et le second s'est enfoncé progressivement dans la morosité. Et cela s'est poursuivi en 2022", continue Benoît Dubois.
Les mangas doublent la mise
Autre gros chiffre, les 33 % de progression de vente de la bande dessinée qui devient numéro 1, poussée par le manga, qui réalise un +100 %. "Il faut suivre ce phénomène, estime Benoît Dubois. Les chiffres ont doublé en 2021 par rapport à 2020, qui eux-mêmes avaient déjà doublé, voire triplé, par rapport à 2019. Un phénomène surprenant, à interpréter de façon positive parce que l'on a affaire à de nouveaux acquéreurs, des jeunes qui poussent les portes des librairies."
Une autre forte hausse est à observer dans le secteur des livres de loisirs et de vie pratique, avec une augmentation de 20 % en un an (27,8 millions €). Mais les sciences humaines et le livre scolaire, qui augmentent de 8 %, font partie de ce que l’on nomme les "marchés captifs", c’est-à-dire qu’une bonne partie est vendue directement aux cabinets d’avocats et aux écoles.
Ce que l'on observe également, c'est un important repli des ventes de droits (- 33 %, 10 millions) qui provient du contrecoup de l'annulation des salons internationaux. "Si les occasions de se rencontrer ont été supprimées, presque obligatoirement, il y a une diminution de contrats qui sont signés."
Alors que l'augmentation des prix est dans tous les portefeuilles, Benoît Dubois constate que, "si le prix du livre a tendance à augmenter, on est très loin des augmentations auxquelles on aurait pu s'attendre. Cela s'explique par le fait que le marché du livre en FWB est essentiellement une affaire de livres français. Or l'inflation en France n'est que de 5 %, alors qu'en Belgique elle est de 10 %."
En conclusion, Benoît Dubois relève que, fin juillet, "le marché du livre est en recul de 5 % et les libraires perdent beaucoup de plumes (- 10 %). Depuis janvier, ils perdent deux fois plus que la moyenne du marché, tandis que les ventes en ligne ou en grandes surfaces ne sont qu'en légère érosion".