Des chasseurs de trône pas toujours couronnés
Pascal Dayez-Burgeon revisite la planète depuis la fin de l’Ancien Régime à l’aune des monarchies accomplies ou chimériques.
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Publié le 06-02-2023 à 08h55
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En bon normalien et agrégé d'Histoire passé par l'ENA, Pascal Dayez-Burgeon ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Il se double ainsi d'un diplomate, ce qui l'a incité à approfondir l'histoire de la Corée sous divers angles tout comme celle de la Belgique où il fut aussi en fonction au nom de la République. Mais à l'évidence, son autre fonds de commerce de l'esprit est un intérêt aussi curieux que critique pour la monarchie sous toutes ses formes. La nôtre l'interpella déjà jadis avec une biographie sur la reine Astrid et dans le cadre d'un regard global sur notre pays. Elle est encore bien présente dans son nouvel opus. Il faut préciser que Dayez-Burgeon est né… Belge mais a été naturalisé à l'âge de raison, ce qui ne l'empêche pas de se référer aux Dayez journalistes, présents jadis à La Libre mais aussi à la RTB sans puis avec F… avec lesquels il a des liens de famille.
Son nouvel ouvrage frappera les esprits car il nous invite à (re)découvrir une soixantaine de "chasseurs de trône", connus ou beaucoup moins, qui ont convoité voire conquis des trônes d’Europe et d’ailleurs.
À partir d’une analyse qui montre que si le monde occidental a fini par rejeter l’Ancien régime, en le modernisant, il n’en reste pas moins que dans de très nombreux pays, on n’a pas voulu couper la tête aux souverains, de peur que les républiques qui prendraient leur place tombent dans l’anarchie et le chaos. Et, de fait, si l’on excepte les États-Unis, la Suisse et la France d’après 1870, moult révolutions et conquête d’indépendances ont débouché sur le retour, voire sur la création de nouvelles dynasties. Au fil de l’ouvrage, l’auteur revient sur le rôle majeur ici de Napoléon Bonaparte mais aussi de sa famille qui tout au long du XIXe siècle se presse au portillon lorsqu’un changement de régime s’annonce. Et à côté de ces éternels aspirants au pouvoir, on a vu surgir des princes ambitieux mais frustrés, des généraux, des aventuriers, voire des terreurs et de vrais escrocs.
On savoure ces portraits même si certains feront tiquer les historiens. Ainsi, pour Pascal Dayez-Burgeon, notre Léopold Ier est un… "roi parvenu". Ceux qui suivent notre actu politique ne manqueront pas de penser ici au "j'en ai marre des parvenus" d'Elio Di Rupo à propos de certains élus socialistes plus intéressés par leurs promotions que par le bien du peuple. Difficile quand même d'y classer aussi Léopold Ier. Même si - c'est vrai -, il... est parvenu à ses fins de porter une couronne. D'abord il a pensé au trône britannique par sa première épouse, la princesse Charlotte, décédée en couches avant de lorgner celui de Grèce puis d'accepter celui des Belges. Mais en 1848, il l'eût bien troqué pour celui d'empereur allemand… Reste qu'il quitta cette terre avec une bien meilleure réputation qu'une noria de rois potentiels sanguinaires, voire mal intentionnés. Une plongée passionnante qui va d'héritiers en bonne et due forme à quelques très tristes sires comme l'Haïtien Faustin Ier qui se prit pour le Napoléon III des Caraïbes ou encore Boris Ier, roi-escroc d'Andorre écarté du pouvoir après un règne limité à une décade !
--> ★ ★ ★ Pascal Dayez-Burgeon | Chasseurs de trône. Une seule obsession : régner. De Napoléon à Ibn Saoud | Essai | Editions Tallandier, 361 pp., 22,90 €