Petits et grands bonheurs du jour
Dans la série des Chintiens, voici Killiok, le chien noir préféré d’Anne Brouillard.
Publié le 02-05-2023 à 10h48
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Revoici ce cher Killiok, qui nous revient comme un rayon de soleil au printemps, une éclaircie dans la nuit, un sourire sur le visage. On pénètre sur la pointe des pieds dans l’intérieur de ce chien noir, le préféré d’Anne Brouillard, bien conscient d’avoir accès à sa part d’intimité et de partager avec lui les préoccupations du quotidien, mais aussi l’enthousiasme des grands projets. Ce dont l’animal ne manque pas, malgré ses allures flegmatiques et sa difficulté à quitter la couette le matin. Il va toutefois bien falloir se bouger : l’été se profile au Pays du lac tranquille, où habite ce personnage clé de la série des Chintiens. Son ami Vari Tchésou ne va pas tarder à arriver et il doit absolument aérer sa chambre.
Le beau temps l’encourage aussi à quitter le lit pour boire son café dehors. Il n’est de petits plaisirs dont notre ami ne se prive, comme de profiter de la sensation que procurent l’herbe et la bruyère encore humide du matin ou celle de la brise du lac venue caresser son pelage.
Alors que le vent éparpille les feuilles de son journal, Killiok estime qu’un plancher le long de la maison pourrait l’aider. Il n’en faudra pas plus pour qu’il envisage de construire une terrasse, de préférence couverte, afin qu’il puisse lire tranquillement.
Émerveillement

Il esquisse des plans pendant des heures, jusqu’à être distrait par l’observation des miracles de la nature, les tentations de Chat Mystère et les doutes qui en découlent. Il ne souhaite pas déranger le petit monde qui vit sous les herbes folles, au pied de sa maison.
Mènera-t-il son projet à bien ? En tout cas, il lui aura occupé l’esprit durant toute la journée, et donné prétexte à l’invention d’une de ces histoires et tranches de vie dont Anne Brouillard a le secret. Toujours aussi talentueuse, l’autrice illustratrice nous invite à nouveau dans la nature, avec cette atmosphère mystérieuse qui lui est chère, mi-sauvage mi-rassurante, dans cette maison au bord du lac devenue un peu nôtre au fil des albums et inspirée de la Suède, le pays de la mère d’Anne Brouillard.
Le temps s'arrête
À la lecture de Killiok, le temps s’arrête, les pins maritimes s’ébouriffent, l’eau du lac clapote, le soleil reprend ses droits, au même titre que l’amitié, le farniente et le questionnement. À l’image de Killiok, irrésistible lorsqu’il se penche sur sa table à dessin pour élaborer ses plans avec le plus grand soin, le même que celui mis par l’artiste pour réaliser chacune de ses illustrations, une véritable succession de tableaux. Un émerveillement sans cesse renouvelé.
On retrouve l’atmosphère des livres d’Anne Brouillard dans Les ébouriffés, avec cette cabane en bord de lac qui émerge dans la brume matinale. Pendant ce temps, la ménagerie s’emballe, le brame du cerf résonne et "le matin se dépouille peu à peu de ses vêtements nocturnes”, écrit Anne Cortey dans un album aux accents poétiques où les mots épousent au plus près les illustrations sombres et profondes de Thomas Bass.
Diplômé des réputés Arts décoratifs de Strasbourg, l’artiste donne une belle matière à ses peintures bleu nuit ou vert d’eau. Enfourcher les nuages L’album ne sera pas monochrome pour autant. Des notes de couleur, comme autant d’aspérités, surgissent des fenêtres de la cabane à l’heure où le jour montre le bout de son nez.
Accompagnés d’un chien noir, comme le Killiok d’Anne Brouillard, à nouveau, les ébouriffés se tiennent debout sur l’herbe humide et s’apprêtent à emprunter le ponton, à rejoindre les étranges animaux, à vivre toutes ces aventures que permettent l’enfance, la nature et une journée entière de liberté. Au risque d’enfourcher les nuages et de voler un peu trop haut. Jouant avec le format, la mise en page et le retournement de situation pour donner vie à ses personnages malicieux, à l’heure du grand chambardement, Thomas Bass ne perd rien de l’élégance qu’on lui connaît pour un dessin imprégné de nature et d’une saine humidité. La beauté des textes de Anne Cortey initie, elle, les enfants à la musique de la langue.
★ ★ ★ ★ Killiok | Anne Brouillard | Album | Pastel | 34 pp, 13,50 €. Dès 4 ans.
★ ★ ★ Les ébouriffés |Anne Cortey et Thomas Baas | Album | Grasset jeunesse, 32 pp, 17 €. Dès 4 ans.