Le plaidoyer lourdingue de Houellebecq
Dans un court livre, le romancier s’explique sur les polémiques qui l’ont "tourmenté".
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/dbef88af-a777-4e76-9966-40b1fd6e9729.png)
Publié le 23-05-2023 à 08h56 - Mis à jour le 23-05-2023 à 11h24
:focal(494x370:504x360)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XHBFEVCLDNB6XNBJYC3GULMXMY.jpg)
Pour la première fois, Michel Houellebecq quitte la fiction dans un de ses livres. Quelques mois dans ma vie, octobre 2022-mars 2023 est un court plaidoyer de 103 pages à peine, qui sera mis en vente ce mercredi. Il y entend répondre à tous les ennuis qui, dit-il, l’ont accablé et dont il est en réalité le premier responsable.
"Pour la première fois dans ma vie, je me suis senti traité, absolument, comme l’objet d’un documentaire animalier; il m’est difficile d’oublier ce moment", écrit-il.
Quelle que soit l’admiration qu’on peut légitimement porter au romancier de La carte et le territoire et, en 2022, d’Anéantir, sa défense est vite ennuyeuse et ponctuée d’injures. Elle n’ajoutera rien à sa renommée d’écrivain.
S’il n’aborde qu’à peine la polémique sur sa collusion avec l’extrême droite, deux événements l’ont marqué depuis octobre dernier.
D’abord, le très long dialogue qu’il a eu avec le philosophe Michel Onfray dans le magazine Front populaire. Certains de ses propos, très islamophobes, lui ont valu une plainte de la Grande mosquée de Paris pour incitation à la haine contre les musulmans. Finalement, il s’en est sorti après une entrevue avec le recteur de la mosquée par l’entremise du Grand Rabbin de France, avec une rectification de ses propos, reprise dans ce petit livre. "J’avais relu cet entretien mais mon attention avait pu fléchir sur certains passages. J’aurais dû prêter une attention particulière à ces passages". Et de présenter des "excuses à tous les musulmans que ce texte a pu offenser".
Au passage, il parle de "la meute de crétins médiatiques qui s’attache à mes trousses". Michel Onfray vient du coup allonger la liste des gens qu’il n’aime pas. Encore à bonne distance d’un Edwy Plenel qu’il injurie furieusement. "Le journalisme, écrit-il, est à juste titre la profession la plus méprisée des Français".
Film porno
Mais quasi tout son pamphlet tente d’expliquer comment il a pu se retrouver acteur d’un film porno, Kirac 27, d’un "pseudo-artiste" dit-il, néerlandais, Stefan Ruitenbeek, qu’il surnomme Le Cafard, avec ses acolytes femmes qu’il appelle la Truie et la Dinde. On s’ennuie vite dans ses longues explications alambiquées sur le piège dans lequel il serait tombé et sur ses commentaires fournis sur le sexe, la prostitution, le triolisme et l’amour.
Si on le comprend bien, il n’avait accepté qu’une scène de sexe à trois avec son épouse et une Hollandaise qui aurait été une de ses lectrices désireuses de coucher avec lui. Des images pour un compte privé.
Débouté
Mais une fois encore, il n’avait pas pris le temps de bien lire le contrat que lui soumettait le Cafard, à cause, dit-il, des anxiolytiques et du vin qu’il avait avalés avant de signer. Et le contrat avait une clause rétroactive, autorisant la diffusion de ces scènes dans un film que Houellebecq, depuis lors, tente de faire interdire. Jusqu’ici, il a été débouté, obtenant juste de pouvoir voir le film avant sa diffusion.
Au passage, il assassine Picasso et 90 % des juges. Il s’insurge contre toute libéralisation de l’euthanasie, visant la Belgique dont il critique encore vivement des films comme Strip-tease et C’est arrivé près de chez vous.
Dans ces mois qui ont été « horribles » pour lui, il cite deux hommes qui lui ont tendu la main: Bernard-Henry Levy et Gérard Depardieu.
Un livre, une réponse, qui nous tombe des mains.
--> Michel Houellebecq | Quelques mois dans ma vie | Flammarion | 103 pp., 12,80 €, numérique 9 €