Rencontrer un romancier mythique n’est déjà pas l’exercice le plus facile, interviewer James Ellroy s’apparente à du funambulisme. Il faut avancer avec prudence sur la corde en espérant ne pas basculer dans le vide à cause d’un coup de croc du "Demon Dog". La moindre question relative à Donald Trump et à la politique américaine, tentez de la lui faire à l’envers, et vous risquez de voir votre entretien avec l’auteur américain vous filer entre les doigts.
D’entrée, son attaché de presse n’est pas rassurant. On vient à peine de fouler la moquette du bar de son hôtel de Saint-Germain-des-Prés qu’il s’approche, l’air embêté. "On a eu un petit problème avec James. Lors de l’interview précédente, il s’est levé au bout d’une minute et demie. La journaliste n’avait lu que 200 pages de son bouquin et elle lui a dit…" Mauvaise idée.