Marianne Van Hirtum, vous connaissez ? Rares sont les yeux qui, aujourd’hui, ont croisé les mots de cette poétesse née à Namur en 1925, ayant grandi à la campagne, avec pour cadre le sanatorium où travaillait son père médecin, et pour centre d’intérêt les merveilles de la nature. Qui à présent connaît encore celle qui, adolescente pendant la guerre, partira pour Paris, jeune femme sans le sou, entrera dans le groupe d’André Breton, sera éditée par Gallimard et Seghers ? Qui ?
Par-dessus le masque, le regard brille, et à travers lui la voix s’anime. Actrice, autrice, et inversement, Isabelle Wéry, "comédienne qui écrit" ("J’ai appris à écrire parce que je fais du théâtre", pirouette-t-elle), s’étonnait de cette absence. "Belges, on a poussé sur les terres du surréalisme. J’ai appris la poésie par les surréalistes. Or on ne m’a parlé d’aucune femme surréaliste belge pendant mes études de déclamation, à Liège."
Tout part des Parleuses. Cette opération de propagation du matrimoine littéraire (prévue le 28 février, la prochaine session est reportée à décembre 2021) vise à remettre à l’honneur des autrices méconnues, oubliées, à travers des ateliers d’écriture et une performance. "On cherchait, avec Mélanie Godin [directrice des Midis de la poésie], une autrice surréaliste belge. On a tous grandi dans cette culture, et on n’en connaît aucune. J’étais très curieuse…"
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