La petite maison près de l'aciérie

Les hauts fourneaux flirtent avec un ciel si gris, qu'un canal s'est pendu. Il pleut sur Clabecq. Ou plutôt, sur Cergy-les-Mines, comme le veut "La Révolte du portemanteau", en tournage dans cette cité au paysage lacéré par son histoire sidérurgique.

Myriam Leroy
La petite maison près de l'aciérie
©RTBF

Les hauts fourneaux flirtent avec un ciel si gris, qu'un canal s'est pendu. Il pleut sur Clabecq. Ou plutôt, sur Cergy-les-Mines, comme le veut "La Révolte du portemanteau", en tournage dans cette cité au paysage lacéré par son histoire sidérurgique.

Dans cette coproduction RTBF/France 3, les héros sont héritiers d'un passé minier. Ils habitent une maisonnette au bord de l'eau grisâtre. Un pavillon au papier peint fleuri, aux fenêtres opacifiées par des voilettes retenues par des embrasses qui ressemblent à des jarretières, à la débauche de bibelots les plus hétérogènes : une bicyclette en verre, un vase bambou en céramique, le portrait naïf d'une mariée "mulâtre", comme on devait dire à l'époque où le temps s'y est arrêté...

"Qu'il est moche, pépé, quand il est tout nu !" , s'exclame un enfant, dans la cuisine. "Comment ça, tout nu ?" Pascal (Raphaël Charlier, qui officie sur Pure FM) devrait plutôt dire "Comment ça, pépé ?" Parce que pépé Georges est mort, depuis cinq ans. Mais Pascal le cache à tout le monde, sauf à sa copine Pamela. Il vit sur sa pension, et entretient l'illusion de sa présence à coup de K7 audio et d'ombres chinoises. Cette situation aurait pu ne jamais avoir de fin, mais le maire du village décide un beau jour d'inaugurer un musée de la mine. Il souhaite y voir le dernier mineur encore en vie. Le hic, c'est que pour tout Cergy-les-Mines, ce mineur, c'est Georges... Pascal décide alors de lui trouver un remplaçant. Un porte-manteau, en somme. Ce sera Roger (Jean-François Stévenin), un clodo ancien acteur de théâtre.

Un scénario de comédie, malgré les apparences, inspiré par la vieillesse solitaire du père du scénariste du téléfilm Willy Gouders. Agé de 70 ans, cet ancien mineur a perdu tous ses amis. Et s'il avait perdu sa femme, et s'il n'avait qu'un fils qui lui servait d'interface avec le monde ? Et s'il mourrait et que son fils ne déclarait pas son décès ? Et si, et si... ?

La maison rêvée

La pluie se fait battante. La scène qui devait être tournée dehors sera reportée. Qu'à cela ne tienne, on tournera dans la modeste maison. Quarante personnes à caser dans autant de mètres carrés. "On l'a cherchée pendant longtemps, cette maison", raconte Christophe Louis, de Be-Films, l'une des boîtes de prod privées qui collabore au téléfilm. "On s'est bien dit à un moment que celle-ci était trop étriquée pour tourner. Mais dès qu'on trouvait une maison plus grande, tout de suite, les finitions étaient trop luxueuses... finalement, il n'y en avait aucune qui faisait autant l'affaire."

Raphaël Charlier répète la scène de l'après-midi avec sa partenaire Elise Otzenberger dans les canapés fanés en skaï... "Je me suis bien fait chier en secondaire, nous confie-t-il plus tard, mais là je m'éclate comme un fou." Celui qui tient les rênes de l'émission RC4 sur Pure FM (qui est par ailleurs comédien de formation) est ravi de travailler avec un "grand" comme Stévenin. Il est fan de l'acteur mais aussi du réalisateur. "J'ai adoré "Le Passe-montagne" par exemple." "Avec Jean-François, Elise et Vincent [Monnet, le réalisateur du téléfilm, NdlR], j'apprends plein de choses, c'est évident."

Stévenin : "Raphaël n'a pas besoin d'être pris sous mon aile, il se débrouille très bien. Et en plus, c'est un vrai gentil. C'est un plaisir de travailler avec lui. Ce film a un super casting." Bonne ambiance sous la tente où l'équipe prend sa pause repas. Les bouteilles de pinards se débouchent. On se réchauffe comme on peut avant de reprendre le boulot.

D'ici le 19 décembre, le tournage aura emmené la troupe à Bruxelles, Ittre, Marchienne-au-Pont et Marcinelle. Livraison prévue au printemps 2008.

© La Libre Belgique 2007

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