Un nouveau docu-soap sur le don d’organe

Le médical sous toutes ses formes télévisuelles, réelles ou fictionnelles, séduit manifestement les réalisateurs et leur public. Il y a deux ans - s’inscrivant dans une nouvelle forme d’écriture narrative inspirée du modèle anglais : le docu-soap - le journaliste Georges Huercano scénarisait déjà le quotidien du neurochirurgien belge Christian Raftopoulos (cliniques universitaires Saint-Luc/UCL). Pendant quatre semaines, "Dr Rafto : sur le fil de la vie" permit à RTL-TVI de conserver le monopole des audiences avec en moyenne 490520 fidèles. Même phénomène en France, où le docu-soap fut vendu à TF1 qui attira 1,5 million de téléspectateurs.

Au. M.

Au dela du réel Le médical sous toutes ses formes télévisuelles, réelles ou fictionnelles, séduit manifestement les réalisateurs et leur public. Il y a deux ans - s’inscrivant dans une nouvelle forme d’écriture narrative inspirée du modèle anglais : le docu-soap - le journaliste Georges Huercano scénarisait déjà le quotidien du neurochirurgien belge Christian Raftopoulos (cliniques universitaires Saint-Luc/UCL). Pendant quatre semaines, "Dr Rafto : sur le fil de la vie" permit à RTL-TVI de conserver le monopole des audiences avec en moyenne 490520 fidèles. Même phénomène en France, où le docu-soap fut vendu à TF1 qui attira 1,5 million de téléspectateurs.

Après un second "feuilleton du réel" consacré à une brigade judiciaire de Bruxelles, Georges Huercano renoue à présent avec son domaine de prédilection : le médical en immersion. Ce soir, à 20h20, sur RTL-TVI, il livre un nouveau docu-soap, Deuxième chance pour une vie (1/3) H H, où il accompagne le quotidien des services de transplantation de l’hôpital Erasme. Présenté à la presse la semaine dernière, ce premier numéro s’intéresse exclusivement aux destins croisés de deux greffés : Jules et Daniel. Georges Huercano expose non seulement l’angoisse des patients inscrits sur la liste d’attente mais également l’intervention chirurgicale à haut risque

"A travers leur vécu, je tente d’expliquer quelles sont les contraintes et les difficultés techniques des prélèvements et des greffes. Ce docu-soap est construit en trois épisodes : l’avant transplantation, l’après transplantation et le point de vue des familles de donneurs. [ ] Avec l’hôpital, nous avons convenu de tout montrer, le pire comme le meilleur."

De la réalité à la fiction

Plus soap que docu, centré davantage sur les exploits médicaux que sur l’aspect informatif, "Deuxième chance pour une vie" "n’est ni un documentaire ni un document", poursuit Stéphane Rosenblatt, directeur des programmes de RTL, "c’est plus que ça". "On traite de quelque chose d’essentiel mais pas seulement sous l’angle de la technique. On met en avant le plus important, soit les rapports humains qui sont fondamentaux dans ce genre de département. C’est une mise en avant à une heure de grande écoute, dans un créneau de programmation offensif, pendant plusieurs semaines, d’un lien qui se crée avec le téléspectateur et qui n’est pas seulement informatif. C’est un lien de vécu, humain et de facto bien plus profond."

Demeure toutefois des interrogations : marier réel et fiction, documentaire et série télé, dans le domaine de la médecine, n’est-ce pas interpellant ? Le document télé a toujours comporté une part de subjectivité dans la réécriture qu’il opère du réel mais quand la limite est-elle franchie ? Jusqu’où favoriser le spectacle, au détriment de l’information ? Et puis, après tout, qu’est-ce qu’une information ? Cette mise en scène des tabous sacrés que sont la vie et la mort avait par ailleurs déjà fait réagir l’Ordre des médecins lors de la diffusion du premier docu-soap de Georges Huercano. Notons toutefois qu’il existe de multiples feuilletons du réel tout à fait justifiés d’un point de vue journalistique et dont il faut aussi reconnaître les avantages, notamment en termes d’identification et d’empathie.

Présents à la vision de presse la semaine dernière, les patients et les équipes médicales n’ont quant à eux émis aucune objection.

Les conditions imposées par l’hôpital

La démarche initiée par le Dr Raftopoulos (UCL), dans le premier docu-soap de Georges Huercano, n’était pas du goût de certains de ses confrères, qui y voyaient notamment une publicité personnelle déplacée et craignaient pour l’image de la médecine. On se demande dès lors pourquoi ces confrères, de l’ULB cette fois, ont adopté une démarche similaire.

"Notre objectif, avant tout, était de promouvoir le don d’organe et d’informer aussi sur ce long processus entre le donneur et le receveur et de montrer qu’il s’agissait du travail de toute une équipe à la fois chirurgicale et médicale. Le don d’organe est certes une question médicale mais demeure avant tout une question sociétale. C’est à ces conditions que nous avons accepté de laisser les équipes tourner. Nous appelions nous-mêmes les patients pour leur soumettre la demande de RTL-TVI. Certains ont accepté. D’autre pas", indique Sophie Coppens, directrice de la communication de l’hôpital Erasme. "En effet, les techniques et les traitements anti-rejet sont bien maîtrisés", ajoute Vincent Donckier, chirurgien de transplantation hépatique. "Malgré tout, 66 personnes en Belgique sont décédées en 2010, faute de transplantation."

La Belgique est, certes, très performante, notamment en matière de prélèvements (35/million d’habitants) mais cela ne suffit pas à rencontrer les demandes. "Ceci a des conséquences dramatiques : de nombreux patients ne sont même pas inscrits sur la liste d’attente car face à cette carence les résultats escomptés ne sont pas suffisants pour prendre le risque de transplanter." Actuellement, 1 200 patients sont dans l’attente d’une greffe en Belgique.

Les épisodes suivants sont prévus pour les mercredis 13 et 20 mars à 20h20.

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