Un trop douloureux silence
A12 ans, Gabriel est un enfant en difficulté scolaire. La récente désertion de son père ne fait, bien sûr, rien pour arranger l’affaire. Lorsqu’il arrive au collège Saint-Pancrace, sa mère espère bien que le père Vincey, plutôt charismatique et partageant son goût pour le chant, parviendra à le remettre sur le droit chemin. Pourtant, cette rencontre est celle qui va causer sa sortie de route...
Publié le 06-03-2013 à 04h15
tabou A12 ans, Gabriel est un enfant en difficulté scolaire. La récente désertion de son père ne fait, bien sûr, rien pour arranger l’affaire. Lorsqu’il arrive au collège Saint-Pancrace, sa mère espère bien que le père Vincey, plutôt charismatique et partageant son goût pour le chant, parviendra à le remettre sur le droit chemin. Pourtant, cette rencontre est celle qui va causer sa sortie de route...
Le thème est délicat mais le film d’Edwin Baily en rend compte avec tact et pudeur, soutenu dans sa mise en scène par le scénario mesuré et très documenté de Thierry Debroux. Tout est en effet parti d’une enquête auprès de nombreux ex-enfants abusés. "Thierry en gardait des impressions et des phrases choc ainsi que le souvenir de nombreuses attitudes paradoxales. Il restait marqué par cette honte d’avoir été abusé, cette honte d’en parler aussi. C’est ce sentiment de rage et de culpabilité auquel je me suis attaché", nous a expliqué Robinson Stévenin en novembre dernier.
Dans le film, le comédien campe un Gabriel adulte, marqué à jamais par "l’amitié particulière" que lui a imposée le père Vincey. Un rôle trouble endossé avec conviction par Robin Renucci. "Beaucoup de comédiens étaient réticents à l’idée d’incarner le personnage mais Robin Renucci a tout de suite accepté", se souvient Edwin Baily.
La complicité des comédiens a permis de traduire à l’écran la complexité d’une situation où se mêlent attirance et rejet, volonté de dénoncer et peur de décevoir, honte et rage, aveuglement coupable. Des sentiments contradictoires que souligne la mise en scène sobre et créative d’Edwin Baily.
A la fois pudique et engagé, Le Silence des églises H H a été triplement couronné lors du récent Festival de Luchon : prix du public, meilleur scénario et meilleure musique originale. Tournée en grande partie en Belgique, cette fiction est inspirée de faits réels. C’est la raison pour laquelle elle ouvre un "Devoir d’enquête" spécial proposé par Malika Attar. Plusieurs reportages d’investigation y reviendront sur la tornade judiciaire qui a ébranlé l’Eglise belge avec la découverte de centaines de cas d’abus sexuels sur des enfants et adolescents.
Seront notamment évoqués le scandale causé par l’évêque de Bruges, Roger Van Gheluwe, ainsi que plusieurs affaires restées longtemps secrètes. Monseigneur Guy Harpigny, évêque de Tournai, et la présidente de la commission sur les abus sexuels Karine Lalieux seront présents en studio.