Télé : le règne de l’homme blanc
En 2010, Fadila Laanan, ministre de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Egalité des chances en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), annonçait la création d’un plan pour la diversité et l’égalité dans les médias. Selon cinq critères (âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle, origine et handicap), le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a examiné les productions et coproductions de 26 chaînes de télévision belges francophones. Il s’agissait alors d’évaluer, sur trois ans, la place accordée à ces différentes catégories dans les médias.
Publié le 18-03-2013 à 04h15
Uniformité En 2010, Fadila Laanan, ministre de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Egalité des chances en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), annonçait la création d’un plan pour la diversité et l’égalité dans les médias. Selon cinq critères (âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle, origine et handicap), le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a examiné les productions et coproductions de 26 chaînes de télévision belges francophones. Il s’agissait alors d’évaluer, sur trois ans, la place accordée à ces différentes catégories dans les médias.
Premier constat : la télévision consacre le règne de l’homme blanc, jeune, actif, de classe socioprofessionnelle supérieure et en bonne santé. En trois ans, des évolutions encourageantes ont été constatées pour les femmes et les personnes d’origine étrangère, mais ces deux catégories demeurent toujours sous-représentées. Les femmes sont plus nombreuses dans les programmes à composantes ludiques qu’informationnelles. Elles revêtent plus fréquemment le rôle de "vox populi" que de porte-parole ou d’expert, apparaissent davantage dans le registre de l’affect et du pathos que du logos. Elles sont moins sollicitées pour leur discours critique, leur savoir, que pour leur expérience personnelle, leur témoignage ou leur avis censé refléter la parole du citoyen ordinaire. L’expertise critique, fondée sur une connaissance spécialisée, demeure à l’écran une prérogative masculine. Même constat pour les personnes d’origine étrangère relayées dans un rôle de "vox populi" ou de figurant.
Que dire alors des catégories socioprofessionnelles ? Professions intellectuelles et scientifiques, dirigeants et cadres supérieurs, sont sureprésentés au détriment des professions peu qualifiées et des inactifs au sens large (inactifs, retraités, élèves, étudiants, etc.).
Les 19-34 ans représentent quant à eux 40 % des personnes à l’écran alors qu’ils ne constituent que 20,15 % de la société belge. Au contraire, les enfants et les seniors - en dépit de la place qu’ils occupent dans notre société - sont fortement sous-représentés.
Enfin, les chiffres relevés concernant les personnes handicapées sont consternants : à peine 0,33 % d’entre elles sont représentées à l’écran, ce qui semble confirmer que le handicap constitue toujours un tabou.
Un changement mou
"Le changement, même s’il est mou, est en marche", note toutefois le CSA. "Mais la sous-représentation des groupes observés reste une évidence et une constante . En matière d’âge, d’inscription socioprofessionnelle et de handicap, rien n’a changé."
Des initiatives intéressantes ont pourtant démontré leur efficacité en France et au Canada. Plus proche de chez nous, en Flandre, le Gelijke Kansen in Vlaanderen a par ailleurs lancé un outil intelligent : l’Experttendatabank. Il s’agit d’une base de données spécialisée en références d’experts issus des minorités.
Le plan égalité et diversité dans les médias n’a donc pas fondamentalement modifié les pratiques médiatiques. En revanche, il a le mérite de fournir des données tout à fait significatives.