Il était une fois la Grande Guerre

Au printemps 2014, quelques semaines avant les célébrations officielles du centenaire du début de la Première Guerre mondiale, la RTBF diffusera en prime time une série documentaire ambitieuse en 3x90 min (et non 6x60 min comme imaginé au départ). Laquelle sera relayée sur toutes les antennes dans une opération 360, avec notamment le lancement d’un site dédié, d’un jeu vidéo et d’un "musée virtuel" où les internautes pourront poster leurs photos de famille, leur témoignage. Doté d’un budget confortable d’1,5 million d’euros, "14-18 La Belgique au tournant de son histoire" retracera ces quatre années de guerre qui ont fait 10 millions de morts et 19 millions de blessés. A côté du très attendu "Apocalypse : 14-18" de Daniel Costelle et Isabelle Clarke, qui couvrira le conflit à l’échelle mondiale, cette coproduction RTBF-AT Productions, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, se concentre uniquement sur notre pays. Lequel a payé un lourd tribut, avec quelque 44 000 soldats belges tués mais aussi 1 million d’exilés en France ou aux Pays-Bas, dont la moitié ne rentreront jamais au pays

Hubert Heyrendt

Souvenir Au printemps 2014, quelques semaines avant les célébrations officielles du centenaire du début de la Première Guerre mondiale, la RTBF diffusera en prime time une série documentaire ambitieuse en 3x90 min (et non 6x60 min comme imaginé au départ). Laquelle sera relayée sur toutes les antennes dans une opération 360, avec notamment le lancement d’un site dédié, d’un jeu vidéo et d’un "musée virtuel" où les internautes pourront poster leurs photos de famille, leur témoignage. Doté d’un budget confortable d’1,5 million d’euros, "14-18 La Belgique au tournant de son histoire" retracera ces quatre années de guerre qui ont fait 10 millions de morts et 19 millions de blessés. A côté du très attendu "Apocalypse : 14-18" de Daniel Costelle et Isabelle Clarke, qui couvrira le conflit à l’échelle mondiale, cette coproduction RTBF-AT Productions, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, se concentre uniquement sur notre pays. Lequel a payé un lourd tribut, avec quelque 44 000 soldats belges tués mais aussi 1 million d’exilés en France ou aux Pays-Bas, dont la moitié ne rentreront jamais au pays

Raconter l’histoire

Pour faire revivre ce conflit meurtrier, le réalisateur Michel Mees mêlera archives piochées dans des collections belges, françaises, allemandes, britanniques et américaines, des interventions d’historiens et de spécialistes, mais aussi les témoignages d’anciens combattants recueillis en 1964 par la RTBF. Tandis que, pour compenser le manque d’images, des évocations fictionnelles mettront en scène de jeunes appelés, une infirmière, une résistante ou un journaliste (sans doute de "La Libre Belgique").

Pour "raconter l’Histoire comme une histoire", il fallait un conteur, un visage belge connu (un peu comme Annie Cordy dans "Moi, Belgique"), qui puisse même laisser espérer une vente en France La RTBF a choisi Bernard Yerlès, très populaire grâce aux séries "A tort ou à raison" ou "Mes amis, mes amours, mes emmerdes".

Cette semaine, Yerlès achevait la première partie du tournage, celle des plateaux en décors réels : à Ypres, à la Tour de l’Yser, à la citadelle de Namur, au Fort de Loncin à Liège La semaine dernière, l’équipe tournait à Dinant, au sommet de la citadelle. Très concentré, d’une voix grave, le comédien dit et redit sans prompteur cette macabre énumération des villes martyres du début de la guerre : Aarschot, Andenne, Termonde, Dinant, Louvain, Sambreville et Visé : "22 et 23 août, Dinant, 674 civils massacrés, des hommes, des femmes, des enfants, dont un bébé de 3 semaines. La ville est détruite."

Après ces trois semaines de tournage en extérieurs, il restera encore à Yerlès à enregistrer des plateaux en studio virtuel et enfin la voix off. Bref, un vrai engagement pour l’acteur. "Je suis touché qu’on ait pensé à moi car c’est une vraie responsabilité. C’est un acte mémoriel. Aujourd’hui, il n’y a plus de poilus ou d’infirmières qui ont vécu cette guerre Je veux raconter cette histoire pour ceux qui n’en ont aucune mémoire mais aussi à ceux qui y sont encore reliés. Ma grand-mère avait 100 ans. Elle nous racontait qu’elle était enfant pendant la guerre, que son père est revenu fou des tranchées C’est un travail de conteur parce que je raconte une histoire, sans que ce soit trop factuel. Je travaille sur une émotion légèrement portée, sur la fluidité du récit "

Un tournant mondial

Michel Mees, qui avait dirigé Bernard Yerlès il y a bien longtemps dans un épisode de "L’instit", se réjouit de se retrouver à la tête de ce documentaire, sur lequel il travaille depuis 2010. "J’étais dans le noyau fondateur de "Jours de guerre" en 1989. Depuis, la RTBF avait levé le pied sur les émissions historiques, hélas. Alors que l’on sait que cela marche bien. Les gens aiment ça, ont besoin de ça "

Si le tournage, dans le froid polaire de cet hiver interminable, n’a pas été de tout repos, le plus difficile a été l’écriture et la scénarisation, réalisées avec la romancière Marianne Sluszny. Dont le travail a été entièrement relu par des historiens spécialisés pour éviter toute erreur factuelle. Après la fin du tournage, restera encore en septembre un gros travail de post-production et d’infographie pour insérer cartes, photos

"C’est une histoire vivifiante, passionnante. J’ai découvert combien cela avait été une charnière vers le monde moderne", explique Bernard Yerlès. Le souci premier du documentaire sera en effet de montrer comment 14-18 a marqué l’entrée de la Belgique et de l’Europe dans le XXe siècle, annonçant tout ce qui allait suivre : armes chimiques, développement de la médecine, mouvements féministes, montée du nationalisme flamand Sans parler évidemment du ressentiment allemand qui mènera à la Seconde Guerre mondiale 21 ans plus tard. De Gaulle, Churchill et Hitler n’ont-ils pas tous combattu sur les champs de bataille de 14-18 ?

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