Le zoom du jour

Documentaire. Arte, 22 h 20.

Dans le cadre de la programmation spéciale Sidaction d’Arte, Alain Maneval et Jérôme Lefdup signent un documentaire qui dépote. En une heure, ils font le tour de la question "VIH". Le narrateur, Alain Maneval, est un "longtime survivor", c’est-à-dire qu’il est séropositif depuis plus de 25 ans. En se promenant à Paris, Berlin ou Point-à-Pitre, il dresse un état des lieux précis de l’épidémie, au-delà des clichés. Le montage énergique et malin de Jérôme Lefdup, réalisateur, artiste vidéaste et compositeur, permet ensuite de mettre en valeur les rencontres avec des séropositifs, des militants d’associations ou des spécialistes, qui témoignent de l’évolution de cette maladie mortelle devenue maladie chronique. Avec pour effet paradoxal d’aboutir à un manque d’information sur le sida.

"Oui, on meurt encore du sida", rappelle-t-on ici. En particulier en Afrique sub-saharienne et en Guadeloupe, premières régions touchées par le VIH. La fenêtre ouverte sur la Guadeloupe permet d’ailleurs de rappeler que le sida est encore tabou, et que si globalement, la qualité de vie des séropositifs s’est améliorée, si les couples touchés par le sida peuvent avoir des bébés et des projets de vie, le regard de la société civile, lui, n’a pas évolué aussi vite que les progrès thérapeutiques. Témoignage après témoignage, on constate que la solitude et la discrimination font toujours loi sur la planète sida. Que la peur domine encore dans l’attitude et le discours des séronégatifs, et que le combat mené par Act Up, Aid, Sida Info Service, le Sidaction et des associations comme "VIH qui rit" ou "Les petits bonheurs" (qui accompagne des malades en grande précarité et en fin de vie) est loin d’être terminé. "Protégez-vous !", continuent de clamer les militants et les spécialistes à l’aube de la quatrième décennie du sida.

En se servant également d’extraits de films de cinéma et de campagnes de pub incisives, "Vivre en positif" ajoute une pierre, solide et originale, à l’édifice de la prévention. Avec un soupçon de pédagogie et beaucoup d’humour, ce documentaire très réussi milite enfin pour "une attitude positive envers la vie", facteur favorable de prolongement de l’existence. "Je suis constitué de bien plus que le virus [ ] On peut aussi s’éclater dans la vie quand on est séropositif", martèle à Berlin Matthias Gerschwitz, auteur du livre "Endlich was mal positives" ("Enfin quelque chose de positif").

A noter que le site arte.tv/sida apporte des éclairages supplémentaires sur la progression du sida depuis 30 ans, les moyens mis en œuvre pour prévenir et combattre le fléau et les résultats obtenus. On y trouvera aussi des archives audiovisuelles, de nombreuses pubs et une play-list de chansons qui reflètent l’évolution des mœurs par rapport à la maladie. C. G.