Minnie et les chercheurs d’or
La Fanciulla del West de Puccini fit un tabac à sa création, à New York, en 1910. Ce fut non seulement le premier opéra-western de l’histoire de la musique mais un opéra d’aventuriers, à l’américaine, et un opéra d’hommes. Sur 18 personnages, deux femmes, l’humble squaw Wowkle et Minnie, la tenancière du saloon Polka. Les clients de cette maîtresse-femme sont des mineurs (des mines), rudes gaillards toujours prêts à se lancer dans la bagarre pour tromper leur ennui. Il y a bien sûr un sheriff, Jack Rance, amoureux de Minnie sans retour, et un gars qui débarque de nulle part, Dick Johnson, dont Minnie s’éprend séance tenante, mais qui se révèle être un bandit notoire, poursuivi par la justice et condamné à la pendaison. Malgré ces sombres prémisses, l’histoire finira bien : après avoir déployé tous ses talents pour obtenir la grâce de Dick alias Ramerrez, et après un prêche édifiant à sa bande de rugueux clients, Minnie partira vivre une nouvelle vie avec l’élu de son cœur. Un nouveau départ pouvant aussi être entendu comme l’amorce d’un exil et d’une errance : "Adieu mon doux pays !", chantent-ils, "Adieu ma Californie ! Belles montagnes de la Sierra, enneigées, adieu ! "
Publié le 05-04-2013 à 07h30
Western La Fanciulla del West de Puccini fit un tabac à sa création, à New York, en 1910. Ce fut non seulement le premier opéra-western de l’histoire de la musique mais un opéra d’aventuriers, à l’américaine, et un opéra d’hommes. Sur 18 personnages, deux femmes, l’humble squaw Wowkle et Minnie, la tenancière du saloon Polka. Les clients de cette maîtresse-femme sont des mineurs (des mines), rudes gaillards toujours prêts à se lancer dans la bagarre pour tromper leur ennui. Il y a bien sûr un sheriff, Jack Rance, amoureux de Minnie sans retour, et un gars qui débarque de nulle part, Dick Johnson, dont Minnie s’éprend séance tenante, mais qui se révèle être un bandit notoire, poursuivi par la justice et condamné à la pendaison. Malgré ces sombres prémisses, l’histoire finira bien : après avoir déployé tous ses talents pour obtenir la grâce de Dick alias Ramerrez, et après un prêche édifiant à sa bande de rugueux clients, Minnie partira vivre une nouvelle vie avec l’élu de son cœur. Un nouveau départ pouvant aussi être entendu comme l’amorce d’un exil et d’une errance : "Adieu mon doux pays !", chantent-ils, "Adieu ma Californie ! Belles montagnes de la Sierra, enneigées, adieu ! "
En choisissant ce sujet inédit, Puccini attesta une nouvelle fois son flair pour "l’air du temps" (on était en 1910), récompensé, particulièrement à New York où l’opéra fut créé au Metropolitan Opera, par un succès colossal. La récente version de l’Opéra royal de Wallonie (coproduite avec le Teatro Massimo de Palerme et l’Opéra de San Francisco) allie tout naturellement les accents américains et italiens. Avec le metteur en scène Lorenzo Mariani (d’origine italienne mais ayant grandi et été formé aux Etats-Unis), le chef d’orchestre Gianluigi Gelmetti, grande figure de l’opéra en Italie, et deux stars américaines dans les rôles principaux : la soprano Deborah Voigt (Minnie) et le ténor Carl Tanner (Dick).
Malgré ces atouts, la production liégeoise n’a pas totalement déjoué les pièges de cet opéra ambitieux, à l’écriture singulièrement complexe (Puccini était alors dans la fascination de "Pelléas" de Debussy), aux ensembles démesurés et touffus, et aux "grands airs" plutôt rares. On notera un visuel efficace, balancé entre le réalisme fignolé des costumes et des accessoires, inspirés des westerns des années 60, et le côté brut du décor - une muraille de roche pourpre s’entrouvrant sur l’infini des grands espaces -, de quoi symboliser l’hiatus entre le rêve de ces hommes ayant tout quitté pour faire fortune et la dure réalité.
Nous avions exprimé, après la première de "La Fanciulla del West", nos réserves sur les chanteurs (seul Carl Tanner, Dick, nous avait semblé vocalement crédible) mais il semble qu’une amélioration se soit dessinée au cours des représentations suivantes ! Et la prise de vue et de son (effectuée le 12 mars dernier à l’ORW) peut tout changer Avec également Luciano Montanaro, Jacques Calatayud, Chris De Moor, Roger Joakim, Patrick Delcour et l’Orchestre et les chœurs de l’Opéra royal de Wallonie. A suivre donc de près, et chez soi. En deux épisodes, ce soir et vendredi prochain dans "Le meilleur du classique" sur La trois.