Le zoom du jour

Magazine. La deux, 22 h 50.

Livrés à domicile ((

Magazine. La deux, 22 h 50.

Quel meilleur invité que François Schuiten pour un "Livr(é)s à domicile" qui fait étape à Schaerbeek ? "L’auteur de bande dessinée belge vivant le plus connu dans le monde" - Thierry Bellefroid, présentateur de l’émission littéraire ertébéenne, dixit - habite, en effet, à deux pas de la lectrice hôte, Valérie Nimal. C’est dans cette même commune qu’il a œuvré pour la préservation du patrimoine architectural et mobilier de la Maison Autrique, dessinée et construite par Victor Horta. Et c’est aussi au dépôt de Schaerbeek que fut longtemps garée la 12 004, cette mythique locomotive des années 30 qui a inspiré "La Douce", dernier ouvrage du Grand Prix de la ville d’Angoulême 2002, paru au printemps dernier (voir LLB du 19 avril 2012). Rien d’étonnant, au fond, que François Schuiten se soit pris de passion pour cet objet du passé au design futuriste qu’il remet sur les rails dans un récit steampunk (pour les francophiles : un futur imaginaire à vapeur empruntant à l’esthétique du XIXe siècle). Car l’œuvre du Bruxellois est faite d’aller-retour entre ce qui fut (ou aurait pu être) et ce qui sera (ou pourrait être), entre le passé et la modernité. On en veut pour exemple éclairant que la page de garde de ce livre, évoquant un engin de jadis, s’anime en 3D quand elle est présentée à une webcam. En témoignent aussi la douzaine de livres de la foisonnante et architecturale série des "Cités obscures", dont François Schuiten et son complice, le scénariste français Benoît Peeters, dressent le plan, la cartographie, et en présentent les habitants depuis trente ans. "L’avenir est une porte, et le passé en est la clé", glisse François Schuiten, citant Victor Hugo.Valérie Nimal confesse ne pas être une grande lectrice de bande dessinée, mais elle a néamoins été touchée par la sensualité qu’elle n’attendait pas à trouver dans une histoire parlant de train et de mécanicien. Proche de la gravure, est souvent qualifié de minéral, le dessin de Schuiten n’en cherche pas moins à faire jaillir l’étincelle d’humanité de personnages. Dont celui, dans "La Douce", "incarné" par l’ami Jaco Van Dormael, que Schuiten a observé pour en capter l’essence et la coucher sur papier. Ou cette danseuse muette, héroïne du récit, pour laquelle Schuiten dit avoir fait "un casting". "La Douce" est la première histoire que François Schuiten a menée en solo, parce qu’elle s’imposait à lui. "Après quarante ans de carrière, il faut savoir se surprendre", glisse-t-il malicieusement. Sans savoir si "La Douce" marque une parenthèse ou un nouveau début dans une carrière déjà riche et polymorphe. "Je ne sais pas, tout est ouvert." OleB

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