Repenser le système de santé publique

Voici un sujet en apparence franco-français qui peut, cependant, intéresser un public étranger. Les problématiques du système de santé français renvoient à celles d’autres systèmes de santé publique.

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oici un sujet en apparence franco-français qui peut, cependant, intéresser un public étranger. Les problématiques du système de santé français renvoient à celles d’autres systèmes de santé publique.

Dans l’Hexagone, les coûts de la santé progressent en moyenne de 3 % par an, alors que les ressources décroissent sous l’effet du chômage. Et pourtant, une étude de l’Organisation mondiale de la Santé a classé, en 2000, sur 198 pays, la France au premier rang mondial en matière de qualité de soins. La couverture médicale, la qualité des hôpitaux et la formation des médecins sont mises en avant. Et un sondage révèle que 88 % des Français pensent avoir le meilleur système de santé.

Moins mais mieux ?

Dans ce numéro particulièrement technique du "Monde d’après", intitulé "Se soigner moins pour se soigner mieux ?" **, Franz-Olivier Giesbert demande comment préserver la qualité de ce système tout en réduisant les dépenses. Faut-il se soigner autrement, voire un peu moins ? En plateau, il organise le débat en compagnie de deux ex-ministres de la Santé, Claude Evin et Roselyne Bachelot, d’un économiste de la santé, Jean de Kervasdoué (qui propose des parallèles intéressants avec d’autres pays), de l’urologue Bernard Debré, de l’oncologue David Khayat, de la présidente de l’Ordre des pharmaciens Isabelle Adenot, ou encore du diabétologue André Grimaldi.

La circulation de la parole est fluide, les interlocuteurs s’écoutent et se complètent. Et les explications limpides de l’économiste Julia Cagé, graphiques et chiffres à l’appui, permettent de comprendre ce qui se dit, et de prendre du recul.

Quatre reportages viennent alimenter la réflexion. Le premier se penche sur le manque de moyens d’une partie croissante de la population, pour qui la santé devient un luxe. Dans ce système de plus en plus inégalitaire, où les mutuelles prennent en charge une part croissante des dépenses, une étudiante sans mutuelle complémentaire ne peut, par exemple, s’offrir des lunettes, et réfléchit à deux fois avant d’aller voir un médecin. Même avec une mutuelle, une autre doit recourir à l’emprunt pour financer sa prothèse auditive, tandis qu’une troisième assurée fait appel à une association pour régler la facture de son dentiste.

Au-delà de ces cas particuliers, c’est tout le système de soins qui est remis en cause, de la gestion des hôpitaux, où les médecins deviennent des managers, aux actes injustifiés, comme les radios du cerveau ou le dépistage systématique et controversé du cancer de la prostate.

Disparités européennes

Autre question intéressante qui dépasse de loin le cas français : la manière dont les médecins prescrivent et sont formés à la prescription. On constate, par exemple, que les Hollandais consomment beaucoup moins de médicaments que les Français, et trois fois plus de génériques qui coûtent trois fois moins cher qu’en France. Le sujet de Marianne Tavennec permet de comprendre comment une telle disparité est possible.

Plus globalement, la proposition qui est faite ici est celle d’une politique de santé publique davantage tournée vers le préventif que le curatif. Dommage que le débat n’évoque en la matière qu’une bonne hygiène de vie ou des soins mieux ciblés, voire anticipatifs au travers de la "médecine prédictive".

Il est curieux qu’à aucun moment, même en plateau, la question des médecines dites douces ne soit développée, comme une alternative à une médecine allopathique toujours prédominante. Ou à tout le moins comme un judicieux complément, dans une optique de prévention et de réduction, à moyen et long terme, des coûts.Caroline Gourdin, à Paris

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