Endemol à un tournant

Le Mip TV a ouvert ses portes hier à des milliers de professionnels du monde entier, venus acheter à Cannes des programmes pour alimenter des tuyaux de plus en plus nombreux, sceller des accords de coproduction ou tout simplement prendre le pouls de l’évolution du paysage audiovisuel mondial. Où la concurrence est tous les jours un peu plus rude pour les diffuseurs traditionnels, qui doivent désormais faire face aux chaînes câblées mais aussi à de nouveaux acteurs présents sur de nouvelles plateformes, comme Netflix ou Hulu.

Hubert Heyrendt

MULTIPLATEFORME à Cannes Le Mip TV a ouvert ses portes hier à des milliers de professionnels du monde entier, venus acheter à Cannes des programmes pour alimenter des tuyaux de plus en plus nombreux, sceller des accords de coproduction ou tout simplement prendre le pouls de l’évolution du paysage audiovisuel mondial. Où la concurrence est tous les jours un peu plus rude pour les diffuseurs traditionnels, qui doivent désormais faire face aux chaînes câblées mais aussi à de nouveaux acteurs présents sur de nouvelles plateformes, comme Netflix ou Hulu.

Ces services de VOD par abonnement sont déjà très populaires aux Etats-Unis, au point de produire leurs propres séries pour attirer de nouveaux abonnés. Après le thriller politique de David Fincher "House of Cards" (en cours de diffusion sur BeTV), Netflix présente aujourd’hui à Cannes "Hemlock Grove", sa deuxième série exclusive, avec Famke Janssen et Bill Skarsgård. Commandée à Eli Roth ("Hostel"), la saison 1 de cette série horrifique produite par Gaumont International sera disponible dans sa totalité pour les abonnés de Netflix à partir du 14 avril

L’autre grand concurrent des diffuseurs classiques pourrait bien être, dans les années à venir, YouTube, dont les ambitions ont été décuplées. Il ne s’agit plus pour Google de limiter sa plateforme au simple échange de vidéos, mais bien de s’imposer comme un acteur majeur de l’audiovisuel mondial. C’est en ce sens que YouTube s’est lancé dans la production d’émissions propres et a créé des "chaînes", dont certaines étaient présentées hier au MipTV. Comme "V Sauce", qui répond chaque semaine à une question du genre "de quelle couleur est un miroir ?". Son créateur Michel Stevens annonce déjà plus de 3 millions d’abonnés ! Soit un public de fidèles, tenus au courant de chaque nouvelle vidéo mise en ligne. Rien d’étonnant que les professionnels s’intéressent eux aussi à ce créneau

Le 21 janvier dernier, Jamie Oliver lançait ainsi en direct sur YouTube FoodTube, chaîne culinaire déjantée qui compte déjà 200 000 abonnés et 12 millions de vues. Et ce ne sont là que deux exemples parmi d’autres ! Chaque jour, de nouvelles chaînes se créent, ne nécessitant pas d’énorme budget et bénéficiant d’une liberté éditoriale totale Et le succès est au rendez-vous : YouTube enregistre un milliard d’abonnements par mois !

Comment un géant de la production comme Endemol ("Le Loft", "Star Academy", "Qui veut gagner des millions ?" ) se positionne-t-il dans ce paysage en perpétuelle évolution ? C’était le thème de la conférence donnée hier matin par l’Anglais Tim Hincks, président d’Endemol Group depuis un peu plus d’un an. A la tête d’une boîte qui a produit en 2012 20 000 heures de programmes, celui-ci continue de miser d’abord sur les diffuseurs classiques et sur les "marques". De citer en exemple le retour en force de son format historique "Big Brother" (qui cartonne en Australie ou au Brésil, où il est diffusé en 3D !) ou le succès en Espagne de son prochain blockbuster : "Your Face Sounds Familiar", jeu associant chansons et sosies qui débarquera bientôt aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Russie et en France (sur M6).

L’avenir d’Endemol

Reste qu’Endemol a dû, ces dernières années, lui aussi se diversifier, en lorgnant notamment du côté de la fiction. Avec par exemple la série "Low Winter Sun" (adaptée d’une mini-série homonyme de 2006) avec Mark Strong, qui sera diffusée cet été sur AMC. Autre piste de diversification, l’exploration de l’univers digital. Ce qui implique, pour Tim Hincks, de changer complètement de modèle en prenant plus de risques. Mais on sent bien qu’Endemol n’y croit pas encore très fort. Outre une application iPhone et iPad pour les Rolling Stones, peu de choses concrètes ont déjà été réalisées. Sinon une centaine de chaînes YouTube. Endemol annonçait ainsi le lancement d’une chaîne "Fear Factor" aux Etats-Unis, mêlant images d’archives des émissions et vidéos d’"exploits" postées par les internautes. Mais pas facile, même pour Endemol, d’exister dans la masse sur YouTube, où 90 heures de vidéos sont uploadées chaque minute !

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