Victimes, bourreaux et génocidaires

Ce soir, le magazine d’investigation judiciaire de la RTBF propose deux enquêtes très différentes mais non moins passionnantes.

Au.M.

Confidences

C

e soir, le magazine d’investigation judiciaire de la RTBF propose deux enquêtes très différentes mais non moins passionnantes.

Une police borderline

Le premier reportage, Flics victimes, flics bourreaux H H H évoque non seulement le quotidien des forces de l’ordre belges confrontées à la violence mais également les bavures policières. Il débute à Frameries, dans le Borinage où il fait encore nuit lorsqu’une brigade d’intervention enfonce la porte d’une habitation. "Police ! Mets-toi sur le sol. Les mains dans le dos. Vite !" Ces images, tournées par Emmanuel Allaer et Jean-Michel Dehon, sont violentes mais justifiées, estiment des représentants de la zone de police boraine. "Il faut occuper le terrain et combattre la criminalité sous toutes ses formes", insistent-ils.

Banal contrôle d’identité qui dégénère en agression ou en émeute; crachats, insultes, coups de poings et parfois coups de couteaux; de nombreux faits divers illustrent en effet les dangers du métier de policier. Les syndicats policiers dénoncent d’ailleurs les zones de non droit ou des bandes organisées se déchaînent. Ils stigmatisent également la passivité de certains parquets envers la montée de la violence à l’égard des représentants de l’ordre.

Toutefois, de victimes à bourreaux, il n’y a souvent qu’un pas. Et s’il est indéniable que le respect de l’autorité est en chute libre, certains policiers usent également, de façon gratuite et aveugle, de violences inqualifiables. Des coups et blessures sont ainsi infligés à des citoyens sans défense, souvent menottés. Pour preuve, les récentes manifestations des indignés ou des syndicats européens contre l’austérité. Ces bavures rarement réprimées et parfois étouffées contribuent, elles aussi, à l’escalade de l’agressivité entre policiers et justiciables.

Rwanda : l’enquête sur l’enquête

Dans la soirée du 6 avril 1994, le président rwandais Juvénal Habyarimana embarque dans son avion stationné en Tanzanie pour revenir au Rwanda. Il sort d’une négociation régionale de paix difficile. L’enjeu ? Imposer à son clan (les Hutus du Rwanda) un partage du pouvoir avec la minorité tutsie. Pour y parvenir, il prend la décision d’exclure les plus extrémistes de son camp. La réunion s’est prolongée et il est déjà 19h quand l’avion prend son envol. Alors qu’il amorce enfin sa descente vers Kigali, le Falcon 50 est finalement abattu en plein vol par un missile sol-air. Dans la foulée débutait l’un des plus effroyables génocides du XXe siècle. Une instruction sur l’attentat menée par le juge antiterroriste français Bruguière conclut à la responsabilité des dirigeants tutsis et leur chef, l’actuel président rwandais Paul Kagamé. Mais aujourd’hui, cette thèse est remise en cause. Rwanda : l’enquête manipulée H H revient sur les circonstances et les responsabilités de cet attentat qui ont fait - et font toujours - l’objet de vives controverses. Les deux réalisateurs Catherine et Philippe Lorsignol interrogent des proches de l’Elysée, des réseaux des barbouzes, et les principaux témoins de l’accusation : ceux qui se sont rétractés et accusent aujourd’hui la justice française de les avoir manipulés.

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