Les contenus fragmentés de Canal+
Le groupe lance une vingtaine de chaînes gratuites sur You Tube.
- Publié le 21-11-2013 à 05h39
- Mis à jour le 07-01-2014 à 11h34
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En décembre, Canal+ lancera donc une vingtaine de chaînes You Tube. Elles seront accessibles gratuitement sur Internet, dédiées aux programmes phares en clair des chaînes traditionnelles Canal+, D8, D17 et i>Télé. Concrètement, il y aura une chaîne "Groland", une chaîne "Grand Journal", une chaîne "Petit Journal", une chaîne "Before", ou encore des chaînes thématiques autour du cinéma, de la musique, ou des séries. "Il ne s’agit pas d’une chaîne généraliste où l’on met de tout, mais de chaînes au sens ‘You Tube’, avec publication régulière de un à vingt contenus par semaine. Ces chaînes se déclinent par univers thématique ou par univers de programme, parce que les gens veulent suivre un animateur ou une typologie de programme particulière. Ils s’abonnent à des marques. Plus la promesse est claire, plus c’est identifié, incarné, plus cela fonctionne", nous explique Fabienne Fourquet, directrice des nouveaux contenus du groupe Canal+.
La preuve déjà sur Facebook, où "Le Petit Journal" de Yann Barthès rassemble un million de fans, les "Guignols" 1,2 million, le "Grand Journal" 800 000 et "Canal+ Football" près d’1,5 millions, alors que la page générique de Canal+ touche 700 000 fans. L’optique du groupe Canal+ dans ce virage stratégique, loin de la télé payante, est de rencontrer des modes de consommation et des usages propres au web. De toucher les plus jeunes, branchés sur leurs ordinateurs, tablettes, smartphones, connectés aux réseaux sociaux, rompus au partage de vidéos en ligne.
"On ne mettra pas l’intégralité des replay en ligne, mais des contenus de quelques minutes, les extraits les plus partagés, commentés sur les réseaux sociaux, qui ont le taux d’engagement le plus fort", poursuit Fabienne Fourquet. Pas question non plus de dédier des chaînes "You Tube" à des séries particulières, qui ne permettent pas une régularité de publication, mais il y aura une "ombrelle thématique sur les séries, essentiellement produites par Canal+, avec des bandes annonces, des extraits…". Canal+ pourrait proposer également des épisodes en avant-première, mais elle continuera à réserver la primeur au site de Canal+ et à ses applications. "Nos propres plateformes restent notre priorité, et les chaînes ‘You Tube’ sont comme une extension, qui apporte au groupe plus de visibilité, de notoriété." Et de revenus. "Le digital permet de financer des activités éditoriales supplémentaires", confirme la directrice des nouveaux contenus.
Cette petite révolution digitale est aussi une manière pour Canal+ d’aller plus loin que les chaînes de teasing qui existaient déjà sur "You Tube" "sans monétisation", comme "Palmashow", qui reprend des pastilles humoristiques de D8, ou "Canal Street.tv", nourrie de bande-annonces. C’est la régie publicitaire du groupe qui assurera la commercialisation des nouvelles chaînes "You Tube".
L’accord prévoit que les deux nouveaux partenaires partagent les recettes publicitaires sur le modèle classique développé par "You Tube", qui prélève généralement près de la moitié des revenus. Un deal très intéressant pour la première plate-forme vidéo au monde, qui a dépassé le milliard d’utilisateurs, dont 28 millions en France. Cet acteur incontournable ambitionne de devenir le lieu central d’accès aux contenus fragmentés issus de la télé. Des accords ont déjà été passés en France avec BFM TV, M6 ou le groupe Lagardère, et à l’étranger, avec BBC ou HBO.
Canal Factory
Avec le lancement de ce réseau multi-chaînes, le groupe Canal+ entre dans la logique des multi-channels networks à l’Américaine. Le groupe a d’ailleurs signé il y a peu un accord de participation (essentiellement financière) dans "Maker Studios", le plus gros multi-channel networks, une start-up qui gère un portefeuille de 16000 artistes et génère 4,5 milliards de vidéos vues par mois.
Par ailleurs, le groupe français lance un nouveau label, "Canal Factory", destiné à promouvoir des talents dénichés sur le web. "Le but est de les faire rentrer dans l’écosystème Canal+", résume Fabienne Fourquet. A Canal, on précise que l’on trouvera sous ce label une chaîne "You Tube" comme "Canal Bis". "Il s’agit de piloter de nouveaux talents, ou de les aider à produire des nouveaux concepts de programmes courts". En attendant de voir un jour à l’antenne ces nouveaux visages, "Canal Factory" soutient déjà des talents confirmés comme Baptiste Lorber, co-créateur de "10 minutes à Perdre" ou encore El Diablo (l’auteur des "Lascars"), avec "Les Kassos", sa nouvelle série d’animation.