Alex Vizorek s’invite dans votre fauteuil

L’humoriste a rassemblé (et contextualisé) ses chroniques. Jubilatoire. Rencontre.

Gilles Milecan
Brussels, Belgium, September 14th, 2012. Alex Vizorek .. PHOTO: THIERRY DU BOIS TDB
Brussels, Belgium, September 14th, 2012. Alex Vizorek .. PHOTO: THIERRY DU BOIS TDB ©LESOIR

Au commencement, Alex Vizorek était une œuvre d’art. Son one-man-show lui ouvrit les portes les unes après les autres. Principalement celles d’émissions radiophoniques où le besoin de chroniqueurs apportant un ton qui met les rieurs de son côté est constant. Parce que faire rire est une excellente façon de capter l’attention. Chose que le jeune Vizorek avait déjà comprise dans sur les bancs de l’école secondaire : "l’humour a toujours été ma manière de me faire remarquer, par les autres, par les filles, par les profs. Je n’étais pas l’Alain Delon de la classe, qui ne dit rien et à qui il suffit de paraître, ni le guitariste qui séduit en grattant son instrument."

Après "Les enfants de chœur", et toujours sur La Première, c’est le "Café serré" qu’il sert désormais une fois par semaine, avant de prendre le Thalys pour Paris où, depuis 2012, il chatouille de plus en plus régulièrement les ondes de France Inter ( "On va tous y passer"; "Le Sept-neuf", "Si t’écoutes, j’annule tout").

De saillies quotidiennes en billets hebdomadaires, ça en fait un tas de chroniques et il était donc bien temps de se pencher dessus et d’en rassembler la quintessence dans un recueil.

En première classe, le plus souvent

"Chronique en Thalys" est son titre, clin d’œil à "la ligne la plus droite entre Bruxelles et Paris, comme il dit. Alors que des gars comme Bernard Yerlès m’ont raconté que quand ils partaient à Paris, le train changeait de locomotive à la frontière." Eh oui, les temps changent…

Pour Alex Vizorek aussi d’ailleurs, qui confie voyager désormais "le plus souvent" en première classe. Parce qu’il travaille beaucoup et que ce voyage est aussi l’occasion d’une sieste réparatrice qu’il ne peut s’empêcher de décrire avec un sourire aux lèvres : "dans mon sac, j’ai un coussin gonflable. Pendant que je souffle dedans, les gens autour de moi me regardent d’abord comme un abruti, mais quand je m’installe, c’est de l’envie que je perçois. Je dors mieux qu’eux et il n’est pas rare que je dorme 1h12 sur le trajet (qui dure 1 h 22 NdlR)".

Rentabiliser le temps du trajet

Mais s’il dort souvent dans le Thalys, y travaille-t-il ? "Je rentabilise ce temps-là pour remodeler les idées et les notes prises auparavant. Je sélectionne aussi les vannes que m’envoient les deux coauteurs qui travaillent avec moi. Je leur donne le thème, je trouve l’axe moi-même et eux me fournissent des vannes sur le thème. Je suis le premier auditeur et donc si ça marche sur moi, je garde, sinon… En gros, je fais 75-80 % du boulot. Et c’est moi qui assume."

Ce qui n’a pas l’air d’être trop, ou trop souvent, difficile, avec les gens qui le reconnaissent sur le quai de la gare du Midi, juste après l’avoir entendu le vendredi sur La Première. Car le ton d’Alex Vizorek, si l’on devait le décrire, c’est plutôt celui d’"on va s’amuser ensemble". "Je ne suis pas clivant. Mais je fais tout de même attention à certaines choses. "Rire avec", c’est l’ambiguïté de Desproges face à Jean-Marie Le Pen. Il lui lâche des trucs énormes et le gars rigole de bon cœur, ce qui le rend presque sympathique. C’est un truc dont je n’ai pas envie." Aurait-il fait rire Alain Destexhe qu’il se serait senti mal ? "Destexhe, c’est la limite. J’ai dit ce que je voulais dire mais il a réussi tout seul à se rendre pas sympa."

Lancé tout récemment dans l’aventure "Je vous demande de vous arrêter" de Charline Vanhoenacker, sur France 4, il n’a pas vraiment le sentiment d’être partout. "Les gens qui suivent France 4, La Première, France Inter et la RTBF, il ne doit pas y en avoir beaucoup et je ne dois pas leur sembler "être partout". Je ne suis qu’un ingrédient dans la soupe. Ceci dit, c’est le jeu. J’ai choisi de faire un max de choses, tout en restant dans mon core-business (Passer par l’école de commerce Solvay, ça ne s’efface jamais, NdlR) alors que d’autres, comme Gaspard Proust, gèrent leur rareté. Moi, je suis de ceux qui se disent "si je fais une mauvaise chronique, j’ai la chance d’être à l’antenne le lendemain pour en faire une bonne". Car ce que je veux, c’est surtout la qualité dans la quantité. Tant que j’en rédige quatre bonnes sur cinq, je serai content."

Pas besoin de vous dire que les mauvaises ne sont pas dans le livre…

"Chronique en Thalys", Alex Vizorek, éditions Kero, 284 p. env. 16 €

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