Sept séries à guetter pour prolonger Séries Mania
Certaines ont déjà été achetées, d’autres sont en attente. Revue de détail.
Publié le 28-04-2016 à 07h26 - Mis à jour le 28-04-2016 à 07h27
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Outre les belges "La Trêve" (meilleure série francophone, attendue à la rentrée sur France 2, la TSR et la VRT) et "Ennemi public" (meilleure interprétation masculine pour Angelo Bison) qui démarre ce dimanche sur La une, de nombreux polars ou univers noirs ont imposé leur regard sur le monde durant le festival Séries Mania à Paris. Comme si l’esthétique nordique avait étendu son ombre créatrice sur une bonne partie du globe.
Quelles séries sont déjà attendues sur nos écrans, quels récits aimerait-on voir s’imposer sur nos chaînes ? Après dix jours d’un marathon aussi intense qu’instructif, choisissons de "soigner le mal par le mal" en allongeant la liste de nos futures addictions.
Univers fantastiques
A tout seigneur, tout honneur, commençons par la série flamande distinguée par le Prix du public ex aequo dans le palmarès 2016 : "Beau Séjour", série VRT signée par Kaat Beels et Nathalie Basteyns. Un polar au point de vue unique puisque c’est la morte qui impose son regard sur l’enquête ouverte afin de découvrir son meurtrier. Si vous avez des lacunes dans la langue de Vondel, Arte permettra de suivre ce drame atmosphérique en version sous-titrée. Mais il faudra patienter jusqu’en 2017.
La mini-série fantastique d’Hervé Hadmar et Marc Herpoux, "Au-delà des murs", sera-t-elle plus rapide au démarrage sur Arte ? On peut l’espérer. Tournée en très grande partie en Belgique et incarnée par la toujours formidable Veerle Baetens, elle impose une atmosphère envoûtante, une photographie inspirée et une interprétation vibrante, même si la fin paraît un peu précipitée.
Un monde sans foi, ni loi
On ne doute pas qu’Arte pourrait aussi se montrer intéressée par "NSU German History X", une mini-série coup de poing qui aborde frontalement une question dérangeante : la montée du racisme en Allemagne après la chute du Mur de Berlin et jusqu’au début des années 2000. Gratifiée du prix des blogueurs, cette série en trois volets suit le parcours de radicalisation de Beata Zschäpe, une jeune fille paumée séduite par le discours nauséeux et simpliste du groupuscule néonazi "Clandestinité national-socialiste" (NSU en VO). Réaliste et glaçant, ce drame s’inspire d’un personnage réel dont le procès pour meurtres avait défrayé la chronique en Allemagne.
Mêmes espoirs de diffusion face à "El Marginal", le grand vainqueur de cette 7e édition de Séries Mania dont le jury international était présidé par David Chase. Cette série chorale, se déroulant dans l’univers carcéral, impose ses figures de malfrats sur fond de Cumbia. On y suit Miguel, un ex-policier infiltré au cœur de la prison San Onofre afin de tenter de découvrir l’identité de ceux qui ont enlevé la fille du juge Lunatti. Dans cette cour des miracles où chacun tente de survivre et de se faire respecter, Sebastian Ortega, producteur et scénariste, impose un regard tragi-comique résolument original.
Venue de Tasmanie, "The Kettering Indicent" (prix spécial du jury) laisse une impression tout aussi forte avec son drame nappé de brumes percées de lumières inquiétantes. Sujette à des pertes de conscience inexpliquées, Anna Macy se réveille un beau jour en Tasmanie, île qu’elle avait quittée après la mystérieuse disparition de l’une de ses amies. Son retour ouvre des plaies, toujours à vif, au sein de la population déchirée par un vif désaccord sur l’exploitation des forêts de l’île. Paysage gothique, antagonisme, sombres secrets et enquête pour meurtre, un polar à l’atmosphère oppressante.
Tout au bout du globe
Sur des sujets assez proches (le traumatisme après un meurtre ou un enlèvement), "The Five" et "Thirteen" (BBC) imposent leur propre musique et des points de vue complémentaires.
Notre préférence va à "Thirteen" : il serait regrettable de ne pas pouvoir découvrir la suite de ce drame en 5 actes, sensible et prenant qui suit les premiers pas d’une jeune femme enlevée 13 années plus tôt. Que sait-elle de son kidnappeur, que cache son comportement paradoxal ? Comment se réadapter à la vie en société, comment gérer le passage de l’adolescence à l’âge adulte et les renoncements qu’il impose ? Cette série fine et intelligente de BBC3 pose des questions viscérales.
Enfin, dépaysement garanti avec "Jour polaire", coproduction franco-suédoise portée avec talent et détermination par Leila Bekhti. On reconnaît la patte des créateurs de "Bron" (crimes torturés et sanglants, sous-texte politique) dans cette nouvelle production (qui a obtenu le Prix du public ex aequo). Attendue sur Canal+ cet automne, elle ne manque pas d’arguments, à commencer par la Laponie, pays du soleil de minuit, et les traditions des Samis, minorité largement déconsidérée.