"Etat d’alerte sa mère!": un court métrage teinté d'humour pour dénoncer les contrôles au faciès
- Publié le 19-12-2016 à 18h47
- Mis à jour le 20-12-2016 à 20h52
Alors que l’état d’urgence fait de plus en plus débat en France, un court métrage belge sort ce lundi qui aborde la question des contrôles au faciès et de la stigmatisation à outrance d’une certaine partie de la population. Sur le ton de la comédie, on y suit le parcours de deux jeunes qui se soumettent, sans broncher, à un contrôle d’identité musclé.
Ce phénomène, Sébastien Petretti n’en est pas la victime mais il en a été le témoin à de nombreuses reprises depuis l’enfance. Agé d’une trentaine d’années, ce Bruxellois a déjà quelques courts métrages à son actif lorsqu’il s’empare de ce sujet à la suite des attentats de Paris et Bruxelles. En six mois, le film est écrit, tourné et monté, un délai presque record malgré l’économie modeste du projet.
L’humour, vecteur rassembleur ?
Pour aborder ce sujet de société important, "Etat d’alerte sa mère !" sera diffusé exclusivement sur Internet afin de toucher le public le plus large. Pour Sébastien Petretti, il y avait urgence à sortir le film. Il désirait une liberté totale et, d’ailleurs, le scénario n’a pas bougé d’un iota entre son écriture et le montage final. Tous ceux qui ont passé le casting, ou presque, avaient déjà été victimes de cette problématique.
De même, les policiers qui apparaissent dans le film sont de vrais agents assermentés. Ils n’ont d’ailleurs pas complètement nié ce que dénonce le scénario. Pour Yassine Fadel, un des deux comédiens principaux, qui sera dans la prochaine saison de la série américaine "Homeland", il était "primordial de réagir dans le contexte actuel. Les horreurs qui nous pourchassent en ce moment nous laissent, pour la plupart, sans voix. La meilleure manière de réagir pour un artiste, c’est à travers son art."
Internet, l’accès à tous
"On peut rire de tout, il faut juste amener le sujet correctement. Beaucoup de situations, prises sous le bon angle, peuvent faire sourire et réfléchir", analyse Sébastien Petretti. En témoigne le générique animé de fin de film, tout aussi percutant que le court-métrage lui-même. "J’aime les génériques léchés. Ils doivent apporter un plus."
On y voit des humains amenés à l’abattoir comme des poulets que l’on va transformer en dürüms. Le fast-food du coin est d’ailleurs le lieu de rendez-vous des deux protagonistes principaux. Car bien que l’objectif soit avant tout de pousser une situation à son extrême, c’est aussi un film sur la jeunesse. "Même si je n’ai pas été victime de ce genre de discours, c’est quelque chose qui me touche beaucoup. Ce n’est pas uniquement un film sur la stigmatisation, ça parle aussi de la jeunesse", précise Sébastien Petretti.
C’est dans cette optique que la diffusion se fera uniquement via Internet et gratuitement. "Ce qui compte, c’est de faire passer le message" et d’arriver à faire en sorte qu’il atteigne un maximum de monde. Internet peut garantir une propagation rapide si le bouche-à-oreille fonctionne. C’est même le canal idéal pour toucher les jeunes puisque ce sont eux qui l’utilisent le plus. Une fois ce palier franchi, le succès devrait être au rendez-vous. Le pari de tenter l’aventure du Net est intéressant en termes de public, même si cela ne doit pas l’empêcher de connaître une carrière en festivals qui reste le circuit privilégié par les boîtes de production.
Le film est court mais il frappe fort. L’exercice ne fut pas simple pour Sébastien Petretti mais le résultat est là. En un peu plus de 3 minutes, il propose beaucoup d’humour, une mise en scène percutante, un duo de comédiens qui fonctionne parfaitement et un générique de fin tout aussi éloquent. Sébastien Petretti réussit son coup : marquer les esprits avec un court-métrage simple mais efficace.
www.etatdalertesamere.com