Politique d’asile : le pouvoir des agents décideurs
Publié le 13-06-2017 à 11h16 - Mis à jour le 13-06-2017 à 14h18
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Dans les bureaux de l’Office pour l’immigration et les réfugiés, en Allemagne. Arte, à 21h55.Je vais vous interroger et décider si vous pouvez rester en Allemagne", déclare l’agent décideur Dan-Marvin Frosting. En face de lui, Ashkan, 27 ans, iranien, demandeur d’asile, et son interprète. L’entretien est filmé dans une annexe de l’Office fédéral pour l’immigration et les réfugiés (BAMF). Il fait partie des moments rares d’un documentaire allemand, signé Sandra Budesheim et Sabine Zimmer.
Le destin des autres ** ne propose ni analyse, ni commentaire. Juste l’observation minutieuse de ce qui ne peut se résumer à une routine administrative. Les plans silencieux des visages, les récits en voix off ou face caméra des demandeurs d’asile, confèrent une humanité au récit. Minimaliste et éclairant.
Ame et conscience
Derrière les chiffres - plus de 745 545 demandes d’asile déposées en Allemagne en 2016 -, se cachent des hommes et des femmes. Ceux et celles qui demandent asile et protection à l’Etat allemand, et ceux et celles qui ont le pouvoir de leur accorder. Les auteures s’attachent aux deux côtés de la barrière. Elles suivent, dans leur quotidien, trois agents décideurs, en proposant une incursion dans leurs entretiens individuels. Elles recueillent leurs réflexions, leurs états d’âme, leurs arguments, leur perception, leurs doutes.
Comment juger, en son âme et conscience, de la véracité d’un témoignage ? Comment annoncer un refus qui va condamner une personne au retour dans son pays ? Cette mission, encadrée par des textes de loi, ne peut se départir d’une dimension émotionnelle.
Confronté au témoignage déchirant de Salizar, une jeune yézidie d’origine irakienne ayant échappé aux persécutions de Daech, l’agent décideur Thore Klink ne peut demeurer de marbre. Mais l’émotion et la sympathie suscitée par un demandeur ne suffisent pas toujours à faire pencher la balance. Seules 64 % des demandes ont été acceptées en Allemagne en 2016.
Trois fois plus d’agents
Le film s’attarde dans un centre de formation des agents, à Nuremberg. Où des cas d’école sont exposés aux élèves, formés en 5 semaines, suivies d’un programme de supervision. Ces agents sont entraînés à adopter une attitude neutre, et à recueillir un maximum d’informations leur permettant de vérifier si un demandeur d’asile peut être reconnu comme "réfugié" selon la Convention de Genève. Avec le récent afflux de réfugiés, venus notamment de Syrie ou d’Afghanistan, le nombre d’agents a été multiplié par trois, passant de 370 à 1 775, et leur mission s’est complexifiée. Ce documentaire nuancé veille aussi à donner la parole à des avocats de demandeurs d’asile.
En ouverture de la Thema consacrée au droit d’asile en Allemagne, Arte diffuse un premier documentaire : "Trois jours en septembre" (à 20h50). Ce film que nous n’avons pu voir revient sur la décision historique prise par Angela Merkel, au début de septembre 2015, d’accueillir en Allemagne des milliers de réfugiés syriens bloqués en Hongrie.
Pour ouvrir les frontières, la chancelière décide de suspendre la procédure Dublin, qui régit le droit d’asile en Europe. Différents experts analysent la politique allemande et européenne en matière d’immigration.
A 21h45, Thomas Kausch propose de prendre du recul lors d’un entretien avec Frédéric Lemaître, ancien correspondant du "Monde" à Berlin.