Des séries aux identités arc-en-ciel
Publié le 17-06-2017 à 14h21 - Mis à jour le 17-06-2017 à 14h22
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C’est la première websérie produite par France Télévisions qui embrasse le combat militant LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Hébergée sur la plateforme Studio 4, distillée en 9 épisodes de 10 minutes, Les engagés ** véhicule d’abord une vraie proposition artistique.
Le scénariste Sullivan Le Postec insuffle à son récit une énergie singulière, fraîche et électrisante, audacieuse et nuancée. La réalisation nerveuse de Jules Thénier et Maxime Pothera, la bande-son, le jeu résolument direct des comédiens, tout contribue à faire de cette websérie une création très originale.
Le sujet mêle le combat LGBT à une intrigue à la fois sociétale, politique, et humaniste.
Le héros, Hicham, isolé dans la banlieue lyonnaise, étouffé par un désir pour les garçons qu’il ressent comme une honte vis-à-vis de sa famille, prend la poudre d’escampette. Il a repéré une connaissance, Thibaut, dans une vidéo sur le Web. Ce dernier milite dans une association LGBT de Lyon, "Le Point G". Hicham décide de le rejoindre et de partager son combat contre l’homophobie.
"Les engagés", c’est aussi l’histoire d’un coming out, d’une découverte progressive de soi-même, mais aussi des autres. Dans leurs différences. Quelques figures soufflent ce vent de liberté : le truculent Claude, transgenre et vraie mère pour Thibaut, dévoué corps et âme à son association; Muriel, militante lesbienne et féministe; Nadjet, la sœur d’Hicham, qui concilie religion musulmane et conscience féministe… "Les engagés" se situe encore dans l’air du temps en intercalant dans la narration les vidéos d’une chaîne youtube engagée, "Le Monde de Rose". Ce blog continue de se déployer au-delà de la série, en proposant, notamment, une visite du vrai centre LGBT de Lyon, qui regroupe 27 associations.
Gagner le droit à l (’in) a différence
On sait que de nombreuses séries se font l’écho de la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Mais saviez-vous qu’ un prix va récompenser en France les personnes, créations artistiques et entreprises permettant la visibilité des personnes LGBT ? En exploration Karin Tshidimba
La théorie du Y", "Sense 8", "Orange is the new black", "Les engagés", "Transparent"… En Belgique, aux Etats-Unis ou en France, un certain nombre de fictions ont (re) mis en lumière, au cours des dernières semaines, les combats et avancées des communautés LGBT.
Par leur choix d’histoires nuancées et de personnages attachants et crédibles, elles ont permis au grand public de se familiariser ou de se reconnaître dans les problématiques évoquées. L’arrivée sur le petit écran de personnages comme Anna (La théorie du Y **) ou Maura (Transparent **) œuvre certainement pour une meilleure compréhension et une meilleure intégration des personnes homosexuelles, bissexuelles ou transgenres.
Incarnée par la formidable comédienne Léone François ("Typique"), Anna est une jeune femme en couple depuis 5 ans, qui se met à s’interroger sur ses préférences et ses attirances après avoir croisé la route d’une autre jeune femme, Claire. Réalisée avec tact, sincérité et même une pincée de souvenirs autobiograhiques, la web série produite par la RTBF a permis à son auteure, Caroline Taillet, d’approfondir un sujet déjà abordé sur les planches au cours de la saison dernière.
Lancée sur la toile le 20 avril, la web série en 11 épisodes est toujours disponible sur le site Auvio de la RTBF.

Dans "La théorie du Y", Anna s'interroge sur ses sentiments vis-à-vis de Matteo. Surtout depuis qu'elle a croisé la route de Claire...
Jeffrey Tambor révélé par "Transparent"
Maura, quant à elle, a fait son apparition sur Amazon en 2014 et rarement personnage aura autant fait parler de lui. Car au départ Maura était un homme : Mort, un professeur d’université, père de trois enfants devenus adultes, qui s’est toujours senti à l’étroit dans son corps d’homme et a décidé d’enfin assumer son être profond. Dans ce rôle périlleux et délicat, l’acteur Jeffrey Tambor réalise une partition sans faute depuis deux saisons déjà (20 épisodes en tout). La troisième démarre ce mardi 20 juin à 21h25 sur Be Séries.
Un nouveau chapitre de la vie de Maura y est abordé qui démontre que le poids de la société et des interdits peut sembler très lourd à porter lorsqu’on s’éloigne des codes et usages établis.
Fortement ébranlés par la révélation paternelle, dans un premier temps, les trois enfants Pfefferman sont ressortis de cette épreuve plus soudés que jamais avec la volonté d’enfin assumer leurs choix et leur vie quel qu’en soit le prix ou les débordements occasionnés. Une prise de conscience qui va bien au-delà du jeu d’acteur puisque Jeffrey Tambor affirme que Maura a fait de lui une "meilleure personne".
Personnalités médiatiques
Dans ce combat pour que puissent s’affirmer des genres et sexualités pluriels, les séries assument pleinement leur rôle de défricheurs, de pédagogues ou de "lanceurs" d’alerte.
Tout comme des stars comme Ellen DeGeneres, Caitlyn Jenner, Jill Soloway (créatrice de Transparent), Laverne Cox (actrice transgenre vue dans Orange is the new Black) ou les sœurs Wachowski… Au fil des ans, ces personnalités sont sorties de l’ombre pour défendre leur point de vue et leur façon d’envisager leur sexualité et leur vie en société. Si ces voix importantes parviennent à mieux se faire entendre et à faire avancer ce combat, le quotidien de millions d’hommes, de femmes et de personnes en plein questionnement ou en transition identitaire, reste marqué du sceau de la désapprobation, du rejet, de la stigmatisation voire même de la violence.
Cérémonie des "Out d’or"
C’est la raison pour laquelle l’AJL, l’Association des journalistes LGBT en France, a annoncé mercredi dernier le lancement de la première édition de ses "Out d’or" dont l’objectif est de "récompenser ce qui se fait de bien en termes de visibilité LGBT et mettre en avant les personnalités, les médias mais aussi les entreprises et les initiatives qui participent à accroître la visibilité des lesbiennes, gays, bi-e-s et trans dans l’espace public".
Parmi les personnalités nommées, on retrouve le chroniqueur Vincent Dedienne, la comédienne Muriel Robin, la sportive Amélie Mauresmo, l’auteure Virginie Despentes,… Documentaires, reportages, rédactions et presse étrangère, coups de gueule, créations artistiques, entreprises et personnalités : la diversité du paysage audiovisuel est passée en revue. La cérémonie de remise des trophées aura lieu le 29 juin prochain.
Certains seront peut-être d’avis qu’il faudrait surtout que toutes ces personnes aient le droit à l’indifférence mais tant que l’homophobie sera un "sport" pratiqué à l’échelle internationale (comme c’est le cas de la "chasse" aux homosexuels en Tchétchénie ou dans les territoires contrôlés par Daech) et sur un nombre impressionnant de plateaux télévisés (cf. la récente affaire Hanouna) il faudra sans doute passer par ce type de cérémonie pour "favoriser" la prise de conscience et encourager la tolérance du plus grand nombre.
Programmation spéciale LGBT sur Arte
Vendredi, dès 22h20 sur Arte , le film documentaire "Somewhere over the rainbow" poursuit la programmation spéciale consacrée à la communauté LGBT. La réalisatrice Birgit Herdlitschke y tisse des liens entre l’émergence du mouvement LGBT et la musique à travers une exploration bigarrée d’hymnes historiques. Elle explore, enfin, la contribution d’artistes majeurs comme Madonna, Boy George, David Bowie ou Lady Gaga à l’acceptation de l’homosexualité.
27/06, 00 h. Dans Gabrielle ou le saut de l’ange **, portrait intime d’une femme transgenre déjà diffusé sur la RTBF, Gabrielle témoigne de son changement de genre sous le regard de Bernadette Saint-Rémi. Extraits ci-dessus.
28/06, 23h35. Odyssée attachante et déjantée signée Panos H. Koutras ("L’attaque de la moussaka géante"), "Xenia" suit le parcours de deux frères livrés à la violence de groupuscules xénophobes et homophobes.
30/06, 22h25 . "Trop jeune pour mourir Judy Garland - Le crépuscule de l’arc-en-ciel". Judy Garland signe son premier contrat à l’âge de 14 ans, avant de percer trois ans plus tard, en 1939, en incarnant Dorothy dans "Le magicien d’Oz", où elle interprète l’immortel "Over the rainbow" - tube qui a fait d’elle une icône de la communauté homosexuelle.
5/07, 23h45. Dans "Gerontophilia", un jeune homme attiré malgré lui par les vieux messieurs, tombe amoureux d’un pensionnaire en maison de retraite… Une comédie romantique anticonformiste réalisée par Bruce LaBruce avec une délicatesse et une drôlerie admirables.