"Tracks", 20 ans et toujours "à la surface du donut"
Publié le 08-09-2017 à 09h29 - Mis à jour le 13-09-2017 à 11h49
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Trois émissions spéciales pour célébrer le magazine. Sur Arte, à 23 h 55.
Jean-Marc Barbieux et David Combe, rédacteurs en chef parisiens, nous rappellent l’esprit facétieux de ce magazine en quête d’artistes alternatifs, qui attire 300 000 téléspectateurs et 600 000 abonnés sur les réseaux sociaux.
Peut-on encore parler de contre-culture aujourd’hui ?
Est-ce le signe que la société est en mouvement ?
J.-M. B. On enseigne dans les écoles de journalisme américaines la théorie du donut. Au centre, il y a les infos sur lesquelles tout le monde s’accorde : les droits de l’homme et les recettes de cuisine. Le corps du donut est le lieu du débat et des grandes questions de société. Et l’extérieur du donut, la zone déviante, recouvre des débats qui n’ont pas lieu d’être selon le corps dominant, mais qui, à un moment, vont pénétrer le donut. Nous sommes à la surface du donut, pour faire entrer les propositions culturelles dans le corps culturel général.
Votre prisme a-t-il évolué ?
D. C. Purement musicale au départ, l’émission s’est ouverte à d’autres champs culturels : l’activisme, le cinéma, les arts plastiques, la danse, les nouvelles technologies, le numérique, les sports extrêmes. "Tracks" suit trois principes : ne pas parler des morts, ne jamais parler deux fois d’un même personnage et s’intéresser à tout ce qui se crée aujourd’hui. Comme "Thalassa", qui ne parle pas que de mer et de poissons, la culture est pour nous un prétexte pour raconter des histoires humaines. Cela peut donner envie de s’émanciper, d’aller vers l’autre sans avoir peur, comme on aborde la culture.
Quelles sont vos limites ?
J.-M. B. Il y a, sur une chaîne hertzienne, les contraintes légales et légitimes comme le nazisme, la pédophilie. On ne veut pas provoquer. Si l’on parle de gens extrémistes ou racistes, on va le traiter avec un point de vue moral, en leur posant des questions dérangeantes.
Y a-t-il une communauté "Tracks" ?
J.-M. B. C’est comme une famille. Nous n’avons reçu que trois lettres d’insultes en 20 ans et une demande en mariage pour la voix (Chrystelle André, NdlR), présente depuis 18 ans sur l’émission, avec ce ton ni prétentieux, ni faux jeune, qui sait avoir de l’humour sur elle-même, notre signature.