Le business de la performance scolaire
Publié le 04-10-2017 à 07h02 - Mis à jour le 04-10-2017 à 07h03
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Marie-Sophie Lacarrau fait de l’économie de proximité. France 3, 23 h 35.Les parents de plus en plus angoissés par la réussite et l’avenir de leurs enfants sont les proies idéales d’un business en pleine expansion : celui de la performance scolaire. Dans un contexte où les adultes surinvestissent leur progéniture, rien de surprenant à ce que des familles déboursent, pour leur enfant de trois ans, 8 000 euros de frais de scolarité par an.
C’est le prix réclamé par une école Montessori de Courbevoie, banlieue relativement aisée de l’Ouest parisien. La directrice est une ancienne responsable financière d’un géant mondial de l’électricité. Selon la pédagogie de Maria Montessori, tout est prévu pour laisser aux petits la liberté de développer leur imaginaire et leur autonomie. Steve Jobs ou Marc Zuckerberg sont passés par ce modèle d’éducation alternatif. Un argument de poids pour attirer le client.
Présenté avec une curiosité non feinte par Marie-Sophie Laccarau, le magazine de l’économie de France 3, "In Situ", propose un éclairage captivant sur le thème Ecole : le prix de la réussite H H. Plusieurs reportages, tournés aux quatre coins de l’Hexagone, mettent en lumière la manière dont la course à l’excellence a conduit à une surenchère. Qu’il s’agisse du boom des cours particuliers et des voyages linguistiques, du développement du ‘e-learning’ et du matériel pédagogique 2.0, ou encore du recours croissant au coaching personnalisé.
Mécénat privé
Il arrive que les écoles alternatives soient financées par des fonds privés, offrant un accès plus raisonnable à l’enseignement, mais cela ne se fait pas sans contrepartie. Les mécènes ne sont autres que les banques, les assurances et les multinationales de l’agroalimentaire qui agissent non sans un objectif marketing précis.
"In Situ" propose tout de même une piste séduisante, en allant tourner dans un éco-village, au hameau des Buis. "La Ferme des enfants" propose, pour 3 000 euros par an et 560 euros de cantine, une pédagogie centrée sur le bien-être, l’éveil et l’implication des élèves. Certaines familles bénéficient même de bourses pour y accéder. Ici, pas de stress, pas de sanctions. Les enfants participent à l’élaboration des règles lors des conseils d’école. Mais que l’on soit pour ou contre ces méthodes, demeure le bon sens.
Comme le résume en substance Arnaud Parienty, professeur d’économie et auteur de "School Business. Ou comment l’argent dynamite le système scolaire" (La Découverte) : le plus grand investissement que l’on puisse offrir à nos enfants n’est autre que le temps qu’on leur consacre.