Des jeux et des expériences sans prise de tête pour donner le goût de la science

Caroline Gourdin à Paris, Virginie Roussel et Lola Lemaigre
Alex GOUDE et David LOWE
Alex GOUDE et David LOWE ©Nathalie GUYON/ FTV

On sait que la science est abordée de différentes façons en télévision. Mais saviez-vous que des versions ludiques envahissent le petit écran, notamment en France? Entretien.

France 4 lancera, dans le courant de l’automne, "Défis Cobayes", un jeu scientifique dans l’esprit d’"On n’est pas que des cobayes". Le magazine scientifique de France 5 (rapatrié ensuite sur France 4, pour être en phase avec sa ligne éditoriale familiale) a été diffusé pendant cinq ans. Avec pas moins de 500 expériences scientifiques, sur 177 émissions.

" Nous avons cherché à évoluer sans jeter cette belle marque très appréciée des enfants et de leurs parents. L’émission a été vendue à l’international, dans sa version originale, sur une vingtaine de territoires, et continue à être performante sur Youtube, avec plus de 87 millions de vidéos vues et 300 000 abonnés ", nous confie Jérôme Caza, le créateur et producteur de l’émission (2P2L).

Le duo Goude/Lowe

Au printemps dernier, le producteur imagine un jeu quotidien de 30 minutes à destination de l’access prime time. Avec la possibilité, en cas de succès, de proposer des soirées événementielles en prime. Privé d’Agathe Lecaron (prise par "La Maison des Maternelles", qu’il produit aussi), Jérôme Caza s’est tourné vers Alex Goude pour animer le jeu, aux côtés du scientifique David Lowe. " Il fallait un animateur qui ait une culture du jeu et le rôle du scientifique ne pouvait être incarné que par David Lowe, un "cobaye" historique et un gage pour le public qui était fan de l’émission. Les présentateurs qui ont complété l’aventure, Laurent Mestret, Vincent Chatelain et Elise Chassaing, n’ont pas la culture du jeu. Et France 4 souhaitait qu’Alex Goude devienne un de ses visages, avec par ailleurs l’animation de "Scientastik" (lancé en prime le 16 septembre dernier, NDLR) ", explique Jérôme Caza.

Le principe de "Défis Cobayes" est le suivant : trois équipes (composées de deux enfants de 9 à 16 ans et d’un adulte) vont s’affronter lors d’une première manche sur quatre épreuves. " ll y aura un quiz sensoriel, une expérience de David Lowe dont ils vont devoir deviner le déroulé, une question basée sur le stock des expériences des "Cobayes", et une épreuve pour deviner le poids d’un animal ", précise le producteur. " Les deux familles rescapées s’affronteront ensuite en demi-finale en réalisant une expérience scientifique avec David Lowe. Les finalistes seront soumis à un quiz de 12 questions. S’ils trouvent sept réponses, ils gagneront un week-end au Futuroscope de Poitiers. Et s’ils les trouvent toutes, ils recevront en outre, un trophée de super champions cobayes, de manière à organiser des spéciales avec les champions des champions. "

L’ADN des "Cobayes"

Du 20 octobre au 4 novembre, 45 émissions seront enregistrées. Et seront livrées à France 4 dans la foulée. "Nous avons voulu garder l’ADN des "Cobayes", insiste Jérôme Caza , "avec des animations graphiques, des explications de David, qui utilisera son mannequin casse-tout fétiche, James, dans ses expériences. Le but est de continuer à donner le goût de la science aux plus jeunes, sans être scolaires, d’aborder des choses sérieuses avec humour."

L'inoxydable "Matière grise": l’esprit de curiosité

En 1996, Patrice Goldberg propose de relancer une cellule scientifique à la RTBF. Il remet un projet à la direction et en 1998 naît l’émission "Matière grise", dont Philippe Deguent est le producteur et présentateur.

Deux ans plus tard, le journaliste laisse sa place à Patrice Goldberg qui en profite pour renforcer l’équipe. Dès 2015, à côté de l’éternelle volonté de vulgariser la science, le magazine entame son développement numérique. Des bonus vidéos, des coulisses de l’émission et des informations exclusives sont proposés aux téléspectateurs et aux internautes.

Le magazine s’adapte en permanence aux nouveaux codes de la communication. En 2017, l’habillage graphique et sonore est renouvelé avec une charte graphique plus claire et un nouveau logo. L’équipe de Patrice Goldberg renforce aussi les séquences de l’émission avec, par exemple, la naissance de "Quarx" : des adolescents expérimentent les lois de la physique à l’aide de leurs superpouvoirs.

Préparés et présentés comme de vrais films, les numéros de "Matière grise" sont enrichis de sources scientifiques, d’infographies et d’intervenants pertinents. Le tout dans un ton clair et ludique. Toutes ses qualités font du magazine scientifique l’un des incontournables du service public, récompensé par plus de 40 prix internationaux.

Dans le contexte des changements climatiques, le magazine consacre le numéro de ce mercredi ( à 23h05 sur La Une) aux traqueurs de tornades. Depuis la rentrée, Patrice Goldberg propose des rendez-vous en direct sur Facebook depuis les lieux de tournage. Il est également souvent invité dans "Les curieux du week-end" sur La Première (le vendredi, à 19h).

"Tu mourras moins bête" : l’humour au service de la science

"Tu mourras moins bête" s’adresse à ceux qui ont séché les cours de biologie ou de physique mais qui se souviennent vaguement de ce qu’est la gravité, un globule blanc, et qui trouvent qu’un laser, c’est cool, mais qui aimeraient en savoir plus. Et si possible sans faire trop d’effort, et en se marrant. Car apprendre dans le plaisir, c’est le meilleur moyen de tout retenir". Ainsi, se présente cette série animée adaptée du blog BD de vulgarisation scientifique de Marion Montaigne. Sur Arte, elle répond à toutes les questions qui traversent le cerveau de faux téléspectateurs. "Cher professeur, je dois prendre l’avion et j’ai très peur. Puis-je vraiment faire confiance au pilote ? Vais-je mourir ? !!!", demande l’un deux, par carte postale.

"Mon cher Jean-Denis, évidemment, oui, vous allez mourir. Mais par forcément en avion, allons. Vous êtes ce qu’on appelle un aérophobe. Vous n’êtes pas un cas à part. Une personne sur trois est anxieuse en avion", répond le professeur Moustache qui démystifie tout avec son assistant Nathanaël. Tandis qu’un passager mord à pleines dents une hôtesse dont la glotte semble occuper tout l’écran tellement elle hurle. Un autre, tout vert, a la tête dans un sac en papier. Beurk ! Un autre avale des comprimés, tandis qu’un voisin fait pipi dans l’allée. Bref, l’horreur en image qui fait sourire et jamais peur. L’humour, par le dessin, est l’une des belles recettes de vulgarisation de cette série.

Le professeur (oui, c’est bien une femme à moustache avec la voix de François Morel) est un scientifique qui sait manier les chiffres : "Et je peux vous dire que voyager en leur compagnie n’est pas ce qu’il y a de plus peinard. Tout ça parce qu’on va voler enfermé dans un gros tube à 800 km/h, à 10 000 mètres du sol alors que dehors il ne fera que moins 58 degrés".

L’illustration trash

Dans ce langage un tantinet familier, celui que l’on parle, au quotidien, il poursuit sa démonstration : "Il est temps de rassurer le phobique qui pense que le pilote n’a que son permis B. Or, c’est oublier qu’un avion coûte dans les 36 millions d’euros ! Alors, non seulement l’avion est testé avec des canons à poulets pour parer aux collisions avec les oiseaux, mais surtout les pilotes sont entraînés à fond et testés 4 fois par an dans un simulateur de vol".

Pour illustrer le propos, découpage de poulets qui finissent dans une bouillie de sang gribouillis. L’humour trash au service de la science, c’est édifiant. "Tu mourras moins bête, mais tu mourras quand même !", rappelle sagement le générique de cette série capable d’instruire sur le mode hyperbolique.

La série propose encore des inédits à 20h45 sur Arte : "Comment fonctionne la mémoire des visages ?", le 11 octobre, "Felix Baumgartner franchit le mur du son", le 12 octobre. Les 30 épisodes déjà diffusés sont à voir ou revoir sur le site. Parmi eux : "Les dinosaures avaient-ils des plumes ?", "Pourquoi les ados sont-ils si mous?", "A quoi servent les rêves ?", "Blessures par balles, ça fait mal ?", "C’est quoi une "near death experience" ? ou encore "Ma copine veut épouser un poney".

Des jeux et des expériences sans prise de tête pour donner le goût de la science
©Bilderfest

Xenius

C’est le "C’est pas sorcier" d’Arte, avec une cible plus âgée. Ce magazine scientifique allemand (baptisé "X : enius" jusqu’en septembre dernier) existe depuis le 17 janvier 2009. Un duo d’animateurs se promène dans l’univers de la science avec humour, pour décrypter notre environnement.

Le concept est classique : alternance d’expériences, de rencontres avec des scientifiques et d’explications pédagogiques. Qu’importe : les sujets abordés en 26 minutes piquent notre curiosité : le sport et l’odorat (ce samedi dès 8h10), l’avenir de nos clés (lundi, 17h10), notre poids idéal (mardi, 17h10 et mercredi, 16h45), ou encore les prés (mercredi, 17h10). Arte diffuse un numéro inédit chaque vendredi, à 17h10, présenté par le duo Emilie Langlade et Adrian Pflug. Prochain sujet, le 13 octobre : "Quand les écosystèmes marins changent". La chaîne franco-allemande puise aussi dans son stock pour proposer, toute la semaine, des rediffusions, où l’on peut retrouver notamment Dörthe Eickelberg et Pierre Girard.

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