"Charon", avec Marc Lavoine et Sofia Essaïdi: un polar psychologique et social

Marc Lavoine et Sofia Essaïdi tournent dans le nord de la France, sous la direction de Frédéric Schoendoerffer.

Reportage de Caroline Gourdin, à Dunkerque
"Charon", avec Marc Lavoine et Sofia Essaïdi: un polar psychologique et social

Nous sommes dans un entrepôt aménagé en poste de police, à Dunkerque, au bord de la mer du Nord. En contre-jour, derrière les persiennes de son bureau, on devine Marc Lavoine, alias Kepler, un flic souffrant d’un syndrome de dissociation de la personnalité. Ce personnage polymorphe, qui héberge plusieurs "passagers" en lui, est le héros de "Charon", série policière en tournage pour France 2, sous la direction du réalisateur Frédéric Schoendoerffer. Un polar lumineux, psychologique et social. Avec sa coéquipière Alice (Sofia Essaïdi), Kepler doit enquêter sur la découverte du corps d’une jeune fille dans la jungle de Calais.

"Avec Marc, ça a été une rencontre. Le rythme est intense sur trois mois. Les deux rôles sont loin de nous donc il faut avoir une vraie concentration quotidienne. Entre les prises, on passe notre temps à chanter !" confie la comédienne et chanteuse Sofia Essaïdi.

A la lisière du fantastique

"Sofia Essaïdi apporte le punch, l’énergie qu’on avait donné à Alice. Marc Lavoine possède quelque chose de ténébreux, de terrien, et un humanisme qui siéent à ce personnage hyper torturé et humain. Le duo fonctionne bien. Et Marc Lavoine a su jouer, avec beaucoup de subtilité, ces autres personnalités qui nous emmènent à la lisière du fantastique", avance Jean-Yves Arnaud, coscénariste de la série avec Yoann Legave.

"Charon" est leur première série, développée en fin d’études au Conservatoire européen de l’audiovisuel et repérée par la productrice Caroline Solanillas au cours d’une séance de pitch. "Elle trouvait la série intéressante et un peu compliquée. En lisant le pilote, elle a vu qu’on arrivait à faire fonctionner le polar, la maladie mentale du flic, et le cadre calaisien avec la question des réfugiés. Elle est allée voir le producteur Laurent Ceccaldi et cela s’est enchaîné avec France 2. C’est un petit miracle", poursuit Jean-Yves Arnaud.

Le passeur des âmes

Le titre de cette série en 6 x 52 minutes, "Charon", est emprunté à la mythologie grecque. "C’est le passeur des âmes qu’on doit payer pour traverser le fleuve des enfers, ce lieu qui accueillait les âmes. Cela renvoie aux passeurs de la Manche, au mode opératoire du tueur, et à Kepler, qui est aussi un passeur puisqu’il passe d’une personnalité à l’autre", explique le scénariste, qui poursuit : "Le personnage de Kepler est inspiré du cas de Billy Milligan, un homme qui hébergeait 23 personnalités dans son corps, dans les années 1970. C’est une maladie qui convoque des choses sur le plan des pulsions, de ce qu’on retient et de ce qu’on laisse exprimer, et aussi du sacrifice. Ce flic sait que pour aller au bout de son enquête, il va devoir lâcher la bride, avec un impact sur sa famille, sa carrière et sa santé mentale. Cela rejoint la question des réfugiés : qu’est-ce qu’on sacrifie pour aller au bout du chemin ?"

S’abandonner

Marc Lavoine a, de prime abord, accepté le projet pour travailler avec Frédéric Schoendoerffer : "J’adore sa façon de tourner, il a une signature, il aime le cadre, la lumière, les acteurs, l’art contemporain. C’est intéressant de jouer quatre personnages mais je ne peux être crédible que si c’est bien écrit et bien tourné. Je travaille beaucoup à l’hôtel la nuit, pour me préparer, passer au crible la psychologie de chaque personnage. Nous parlons des scènes avec mes partenaires. Ensuite, c’est le lac qui déborde et on ne doit pas contrôler ça. On joue la situation et on laisse le metteur en scène faire les réglages. Il faut totalement s’abandonner."

Ce matin-là, Marc Lavoine donne également la réplique au comédien Stephan Guérin-Tillié, qui joue son psychiatre et ami. Le comédien confie : "On n’avait jamais travaillé ensemble mais je trouve que Marc a une présence, un vrai regard, et surtout, c’est un rôle compliqué, sur 60 jours de tournage. Il reste bienveillant, heureux d’être là, généreux. Il aime échanger sur la manière dont on voit des scènes. Et il installe une atmosphère ludique et concentrée."

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