Christian Quesada, la star des jeux télévisés: "C’est dans un jeu, que j’ai rencontré la mère de mes enfants"
Publié le 09-01-2018 à 14h14 - Mis à jour le 09-01-2018 à 14h21
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Le plus grand champion de l’histoire du petit écran se confesse dans "Le Maître de midi".Christian Quesada est le plus grand champion de l’histoire des jeux télévisés. Le plus médiatique aussi. Plus de 800 000 euros remportés aux "12 coups de midi", un pic d’audiences à 6,8 millions de téléspectateurs sur TF1. Enfant, il lisait le dictionaire 14 heures par jour. Sa maman qui aimait "Des chiffres et des Lettres" le pousse à participer à l’émission de France 2. Il deviendra le seul joueur à remporter le Trophée des champions, les Masters et la Coupe des clubs. Face caméra, c’est la gagne pour ce descendant de Pieds-noirs espagnols. En coulisse, c’est la chute jusqu’aux paradis artificiels…. Il en revient apaisé avec ce récit autobiographique qui sera adapté à la télévision ou au cinéma.
Tous les champions de jeux télévisés ont-ils des fêlures ?
Que l’on soit candidat de Jean-Luc Reichmann, champion d’échec, de bridge ou de scrabble, on a tous le même état d’esprit : la volonté d’être le meilleur. Mais pour consacrer autant d’heures d’entraînement à un jeu, il faut avoir un déséquilibre ailleurs.
Vous expliquez les vôtres par le départ de l’Algérie, le suicide de votre frère…
S’il n’y avait pas eu cette scolarité ratée, le décès de mon frère, cette ivresse des sommets, cette descente aux enfers, je pense que je ne serais pas arrivé à vivre cette aventure. J’ai su mettre à profit cet univers chaotique pour me sublimer. Je crois aussi que c’était mon destin.
Comment Patrice Laffont ou Jean-Luc Reichmann vous percevaient-ils ?
A l’époque, "Des chiffres et de lettres" était normé. Je jouais avec des bestioles en plastique sur mon pupitre, je n’écrivais pas les solutions car je faisais tout de tête, je racontais des blagues, parfois mauvaises, au public. Tout était en direct. L’équipe de production se disait : "on tient un sacré loustic". Avec Jean-Luc Reichmann, on était en osmose, on faisait du ping-pong verbal.
Le jeu a-t-il fait de votre vie un enfer ?
Il a favorisé les mauvaises fréquentations. Ma compagne, poly-toxicomane, m’a ruiné. Elle était fragile, très jolie, hors norme. J’ai perdu mon logement, je me suis retrouvé à la rue. Mais le jeu a pu me sauver, aussi, et m’apporter une sorte de rédemption. Je suis Jim Morrison au pays des dicos ! Si je n’ai pas craqué, quand j’étais dans la rue, c’est parce que je me récitais des listes. C’est dans un jeu, que j’ai rencontré la mère de mes enfants. Avec eux aussi, je joue, pour qu’ils aillent se brosser les dents, ranger leurs affaires sans faire la guerre.
Votre pédagogie ludique en faveur des jeunes en échec scolaire fut une réussite.
Avec mes prédispositions, j’aurais pu être instituteur, j’aurais pris énormément de plaisir à enseigner. Dans "Les 12 coups de midi", j’animais ce petit rendez-vous récurrent "La Minute du Professeur" qui plaisait énormément. J’apprenais des astuces mnémotechniques. J’appelais les candidats "mes partenaires de jeu" et pas "mes adversaires", parce que je jouais avec et pas contre. L’expression est restée. C’est une petite trace, la "Quesada touch" ! J’ai fidélisé les 20-30 ans quand les collégiens qui rentraient déjeuner, les chômeurs, les retraités ou les personnes âgées s’intéressaient à l’émission. Ce n’est pas un hasard si les deux grands champions qui m’ont suivi ont 24 et 22 ans.
Sur quels critères sont recrutés les candidats ?
Il faut passer des tests, mais surtout faire le show. Les extravertis vont sur TF1. Les plus timorés ou politiquement corrects, sur France Télévisions.
Comment avez-vous gagné ?
Si Usain Bolt, Teddy Riner, Zlatan Ibrahimovic, Rafael Nadal, tous ces très grands champions sont aussi bons, c’est parce qu’ils savent qu’ils peuvent perdre. "Il faut savoir gagner avec panache et perdre avec dignité." J’ai fait mienne cette maxime de Charlie Chaplin. Et c’est pour ça que j’ai duré. Quand l’huissier avait mis une porte blindée devant mon appartement et que je n’ai pas pu rentrer chez moi, c’était normal. Depuis des mois, je ne payais plus mon loyer, je n’ouvrais plus mon courrier. On peut rebondir dans un jeu comme dans la vie. Il faut savoir accepter l’échec pour savourer la victoire.
Vous parlez peu de votre frère sorti de l’Ena.
Il a été "ghost writer" pour de hautes personnalités de l’Etat, dont un président. Il m’a beaucoup aidé. Il m’a notamment permis d’avoir un peu d’argent pour monter sur Paris et tenter "Les 12 coups de midi". Socialement, pour moi, c’était l’opération de la dernière chance.