Luc Beyer, disparition d'une grande voix et d'une belle plume
Publié le 18-01-2018 à 09h48 - Mis à jour le 18-01-2018 à 14h07
L’ancien présentateur vedette est décédé à Paris à l'âge de 84 ans
Avec Luc Beyer de Ryke qui est décédé à l’âge de 84 ans d’une rupture de l’aorte à Paris dans la nuit de mercredi à jeudi disparaît une des dernières grandes figures des débuts de la télévision belge.
La fin d’une génération se précipite... Moins de deux mois après Frédéric François, talentueux chroniqueur politique avant d’en tâter lui-même, le JT de la RTB(F) est orphelin d’un de ses principaux présentateurs qui en tint les manettes de 1961 à 1979 avant d’être pendant dix ans parlementaire européen.
“Fransquillon”, fier de l’être
Luc Beyer était né francophone à Gand mais parfait bilingue et Belge fier de l’être, il ne rejeta jamais le sobriquet de “fransquillon”. Grand admirateur du général de Gaulle - au point de s’être marié à Colombey-les-Deux-Eglises... - et doté d’une grande culture, il avait une façon très personnelle de présenter le JT dans un français impeccable, généreux en citations et subjonctifs plus-que-parfaits. En même temps, il avait tâté de la politique locale et provinciale à Gand puis à Uccle où il s’était installé. Libéral au sens noble du terme, Luc Beyer avait siégé à Strasbourg comme suppléant de Jean Rey puis fut élu directement.
Sa grande liberté d’esprit l’amena à se heurter à la direction du PRL de l’époque piloté par Jean Gol qui n’apprécia pas son soutien à la cause palestinienne. Beyer qui avait fait ses débuts à la radio y retourna et y termina sa carrière.
Ces dernières années, partagé entre le charme des bords de Lys à Latem-St-Martin et l’esprit frondeur de Montmartre aux côtés de sa seconde compagne, journaliste à l’Humanité, Luc Beyer publia de nombreux ouvrages sur la Flandre perdue de sa jeunesse. Auparavant, il en avait écrit aussi sur l'ancien premier ministre Théo Lefèvre ou encore sur certains points chauds internationaux. Son dernier ouvrage fut dicté par l’actualité récente: toujours curieux, il était allé à la rencontre des derniers collabos flamands pour comprendre les raisons de leur engagement coupable... Cela l'avait amené notamment à participer à une belle rencontre avec l'historien Bruno De Wever au Centre communautaire laïc juif.