Cinq documentaires à ne pas manquer à l'occasion de la Journée de la femme
- Publié le 03-03-2018 à 15h23
- Mis à jour le 04-03-2018 à 14h20
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La Journée des droits des femmes durera six jours sur Arte tandis que la RTBF opte pour deux documentaires et RTL pour un débat.
Le documentaire de Pascale Lamche, auréolé du Prix de la meilleure réalisation, catégorie documentaire étranger, au Sundance 2017, dresse un portrait politique de Winnie Madikizela-Mandela qui fera date dans l’Histoire. Winnie***, figure trouble de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud est réhabilitée face à la personnalité immaculée de son ex-mari, Nelson Mandela.
La jeune et jolie assistante sociale, née dans un village du Transkei, n’a que 25 ans lorsque son mari, Nelson Mandela, est arrêté en 1962 à la suite d’une campagne de sabotage lancée par l’ANC. Ils se connaissent à peine. Mais tandis qu’il est condamné à perpétuité, elle va mener sur le terrain la lutte anti-apartheid, récoltant des fonds pour les prisonniers. Plusieurs fois, la jeune femme sera trahie par ceux qu’elle croyait ses amis et qui étaient chargés, par le régime de l’apartheid, de l’espionner. Cette mère de deux petites filles ne fléchit pas, même quand elle est accusée d’avoir déclenché des violences dans le pays, en 1976. Assignée à résidence à Brandfort, elle déclare aux médias internationaux qu’elle est prête à tuer pour la liberté. Une position radicale qui lui vaudra sa mise à l’index.
Avec Chris Hani et Oliver Tambo, elle recrute les soldats d’Umkhonto we Sizwe, la branche militaire du Congrès national africain. Elle assure le relais entre le terrain et Nelson Mandela. Dans les années 1980, à mesure que le pouvoir sud-africain engage des négociations secrètes avec Mandela en vue de sa libération, le régime s’acharne à discréditer "Winnie", militante respectée dans les townships. La situation actuelle, en Afrique du Sud, semble pourtant lui donner raison. Winnie, 81 ans et sa fille, Zindzi, témoignent.
Mardi, à 23h40 sur Arte.
Quatre femmes en guerre contre les clichés
Quatre femmes remarquables se confient longuement au journaliste Olivier Delacroix, dans un documentaire co-réalisé par Katia Maksym, suivi d’un débat. Le parcours des combattantes** propose quatre portraits de militantes issues des quartiers de Seine-Saint-Denis, le fameux département du 93, des cités situées au nord de Paris dont on ne met en avant que les émeutes, les trafics de drogue, les règlements de compte et la radicalisation islamiste.
Sans renier leur identité, forgée dans ces quartiers, ni leurs origines, qui les ont marquées de manière indélébile, ces quatre femmes ont toutes choisi de se battre pour sortir de la stigmatisation, des clichés, des préjugés, des masques réducteurs dans lesquels la société voulait les enfermer. Elles tentent aujourd’hui d’aller plus loin, en essayant de morceler les murs de cette prison physique et psychologique pour leurs enfants, pour les jeunes des quartiers et leurs parents.
Nadia a créé en 2013 "La Brigade des mères", qui milite pour les droits des femmes et des mères en particulier. Laetitia est présidente de l’association "Zonzon 93", qui sensibilise les jeunes, depuis dix ans, aux dangers du monde carcéral, et accompagne les mères et les sœurs des détenus. Tishou, ancienne délinquante, a trouvé son salut dans la danse, et est devenue chorégraphe et coach en développement personnel. Quant à Sylvie, écrivaine et réalisatrice, elle tâche de mettre en avant, auprès des jeunes, les possibilités qu’offre l’école de la République pour "ne pas se complaire dans son rôle de victime".
Malgré les obstacles, ces quatre femmes ont l’audace d’affirmer une parole et une action anticonformistes, engagées, et résolument optimistes. Mercredi, à 20h55 sur France 5.
Deux parcours de femmes "en lutte"
La RTBF abordera cette journée spéciale du 8 mars sur La Trois via deux documentaires retraçant le parcours de femmes "en lutte" venues du Pakistan et du Maroc.
Il m’a appelée Malala *** de Davis Guggenheim, à 21h25, raconte comment la première s’est frayée, à 17 ans, un chemin dans les médias jusqu’au Prix Nobel de la Paix, grâce à son combat pour le droit à l’éducation des filles.
Tandis que L’œil de la gazelle ** de Caroline van Gastel se pose, à 22h55, sur quatre jeunes mères célibataires ou filles de mères célibataires, aux parcours étrangement similaires, entre Belgique et Maroc. L’occasion d’évoquer les changements opérés dans le Code familial marocain afin d’aider les mères célibataires à bâtir, malgré les tabous et les obstacles, un avenir meilleur pour leurs enfants. Point commun entre toutes ces trajectoires de vie : des femmes très seules qui tentent de tracer leur route, malgré le déni des hommes et le rejet de la société.
Betty, la muse de Miles Davis
Qui sait, aujourd’hui, combien Betty Davis influença le grand Miles ? À la manière d’un Malik Bendjelloul - disparu tragiquement après le succès de son remarquable "Sugar Man", oscar du meilleur film documentaire de 2013 -, Phil Cox part à la recherche de Betty Davis, la reine du funk**, l’épouse du trompettiste. Magnifique de liberté et de sensualité, la jeune femme au timbre masculin, puissant, a enflammé la scène funk des années 70. Depuis, elle a disparu des écrans radar.
Née en Caroline du Nord, elle écrit ses premières chansons à 12 ans, puis s’installe à Harlem en pleine blaxploitation. Ce genre, qui apparaît aux États-Unis au début des années 70, met en avant des acteurs afro-américains dans des films à la BO soul-funky à destination du public noir. Mais l’artiste révolutionne l’image de l’artiste noire, sage, qui après la ségrégation devait montrer combien elle s’était intégrée en rentrant dans le rang. L’amie de Jimi Hendrix et de Sly Stone troque la robe en dessous du genou pour le minishort à paillettes.
Un soir au Blue Note, elle rencontre Miles Davis. C’est le coup de foudre. Il l’initie à Rachmaninov et à Stravinsky. Elle l’émancipe du jazz traditionnel. Il troque ses costumes italiens pour des tenues colorées. Sous son influence, il introduit piano et guitare électrique. Elle lui inspire l’album "Bitches Brew", un véritable succès commercial. Mais le mariage est tumultueux. Il ne durera qu’un an. Elle poursuit sa route, seule, jusqu’au moment où son père, qu’elle adore, meurt. Elle sombre alors dans une profonde dépression.
Dans ce documentaire, pour la première fois depuis 35 ans, Betty Davis sort de son silence…
Vendredi, à 22h55 sur Arte.
Pas de programmation spéciale le 8 mars sur RTL-TVI mais le vendredi 9, Pascal Vrebos interrogera Les enfants de Vénus sur les rapports entre les deux sexes. Un débat qu’on nous promet "animé" entre deux citoyennes belges et l’actrice Natacha Amal.