La fondation d’Israël, retour aux sources d’un conflit vieux de septante ans
Publié le 20-04-2018 à 11h11
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Pour l’anniversaire de l’Etat hébreu, William Karel raconte la genèse d’un conflit inachevé. La Une, à 22 h 40.Israël a entamé mercredi soir les premières célébrations du septantième anniversaire de son indépendance, proclamée le 14 mai 1948. Ce décalage de dates calqué sur une subtilité du calendrier hébraïque révèle au passage une nette inflexion religieuse prise par l’Etat hébreu depuis ses premiers pas. Car, comme le rappelle le documentaire Israël, une terre deux fois promise , le mouvement sioniste (qui théorisa le concept d’un foyer national pour le peuple juif) consistait à l’origine à construire une nouvelle société où la religion est séparée de l’Etat. Il suffit de considérer la composition du gouvernement actuel, faisant la part belle aux nationalistes religieux et aux ultra-orthodoxes, pour s’apercevoir que, septante ans plus tard, Israël s’est éloigné comme jamais de cet idéal.
C’est donc à ce moment particulier que la RTBF a eu la très bonne idée de programmer, ce vendredi soir, ce film de William Karel et Blanche Finger, visible en deux parties, qui se penche sur la genèse de l’Etat hébreu. Et ce, depuis les tout premiers moments avec le manifeste sioniste de l’Austro-Hongrois Theodor Herzl, jusqu’aux guerres opposant Israël aux Etats arabes de ce Proche-Orient que le nouvel Etat va coloniser sans relâche dès que le choix de la Palestine est posé par le Congrès sioniste, en 1905. La seconde est, elle, consacrée aux conquêtes territoriales du jeune Etat et à l’absorption des centaines de milliers d’immigrés juifs qui y débarquent.
Des épisodes moins connus
Disons-le sans ambages, ce documentaire taquine l’excellence, tant par son sens de la narration, la richesse de ses archives, la qualité de ses témoignages, que par le profil de ses auteurs. Véritable pape du documentaire avec quelque cinquante réalisations à son actif, William Karel connaît bien son sujet. Juif tunisien émigré dans un kibboutz en Israël, où il rencontra sa femme (la coréalisatrice de ce documentaire), Karel avait déjà travaillé à plusieurs reprises sur l’histoire du peuple juif.
Pour la remise en perspective, les auteurs peuvent compter sur la crème des historiens israéliens, parmi lesquels Elie Barbavi, Shlomo Sand, Dina Porat (historienne en chef de Yad Vashem), Anita Shapira, auxquels s’ajoute le Palestinien Elias Sanbar.
Quant aux archives, elles passent en revue des épisodes moins connus comme l’opération Igloo qui, après la Seconde Guerre mondiale, voit les Britanniques déporter dans des camps d’internements installés à Chypre les immigrés juifs qui tentent de gagner la Palestine. Des camps, affirme le documentaire, dont la philosophe Hannah Arendt dira qu’ils sont tolérés par l’opinion internationale parce qu’ils paraissent "humains" en comparaison avec l’horreur des camps d’extermination nazis.
Même si cette fresque peut paraître ramassée, simplifiée, les principales étapes y figurent pour mieux comprendre les racines du conflit israélo-palestinien, toujours inachevé. "Les germes du conflit sont présents dès le début", souligne l’historien et diplomate Elie Barnavi. Retour donc sur cette histoire unique, celle de la naissance d’une nation au XXe siècle, sur fond d’espoirs insensés, de combats passionnés, de tragédies lourdes. Autour d’une terre, la Palestine, qui avait le malheur d’avoir abrité l’ancien royaume d’Israël.