Luc Maton s'exprime après son licenciement de Télésambre : "Je n’ai pas été jusqu’au bout"
Publié le 06-06-2018 à 21h30 - Mis à jour le 06-06-2018 à 22h28
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Rédacteur en chef de Télésambre pendant trois ans et demi, Luc Maton revient sur son licenciement de la télé locale carolo "Après plus de trois années pendant lesquelles l’apport et l’expertise de M. Luc Maton ont permis de franchir plusieurs paliers en termes de qualité télévisuelle, de développement des nouveaux produits et de contribution à la réussite historique du déménagement", indique le communiqué du directeur général de la télé locale de Charleroi, Christophe Scaillet, reçu mercredi, "le comité de gestion de Télésambre a été contraint de constater qu’il n’était plus possible de poursuivre son développement en toute sérénité et a mis fin à la mission de son rédacteur en chef." Voilà qui a clos l’aventure carolo de l’ancien journaliste de RTL devenu rédacteur en chef de la télévision locale de Charleroi.
"J’ai reçu une lettre recommandée avec un accusé de réception daté de ce mardi 5 juin, signifiant la fin du contrat", confie Luc Maton, joint par téléphone ce mercredi. "Cette décision me peine car je n’ai pas été jusqu’au bout de ce que je voulais réaliser sur une région qui est la mienne. Je suis revenu ici après 17 ans passés à RTL. On a parlé de Charleroi depuis trois ans, on suivait le rythme du redressement de l’image de la ville, c’était excitant. Donc je suis déçu que l’histoire se termine comme ça."
"On a eu plusieurs rencontres en interne et sans trop entrer dans les détails", explique le journaliste de 50 ans. "Je crois que le contexte est le suivant." Luc Maton développe alors trois points. Le premier concerne les nouvelles technlogies. "Ma volonté était toujours d’être au plus près des nouvelles technologies, surtout en audiovisuel sur le web. Le monde de la télévision est uberisé, en pleine évolution. J’estime notamment que ne pas utiliser le smartphone comme caméra aujourd’hui est un combat d’arrière-garde. On a la chance, au niveau des télés locales, sur un espace restreint comme Charleroi, de pouvoir créer des contenus supplémentaires avec les smartphones sans pour autant faire perdre leur travail aux caméramans. Mais ça a fait grincer en interne et je n’ai pas pu l’appliquer car chaque décision doit être validée par une direction."
Autre point d’achoppement : les synergies en matière de production avec la RTBF. "Elles sont insuffisantes à mon goût. En matière rédactionnelle, chacun conserve son cap, j’insiste. Mais je trouve qu’on avait plus de contacts avec la RTBF quand on ne se trouvait pas dans les mêmes bâtiments que depuis neuf mois où nous sommes regroupés sous le même toit tous les jours (Luc Matton avait présenté avec Armelle l’émission de lancement de Médiasambre, le premier complexe wallon qui regroupe depuis septembre 2017 la RTBF et Télésambre). "Au niveau de la production, que ce soit des émissions de divertissement ou culturelles, je pense que les synergies auraient dû être plus nombreuses. Ces déceptions ont créé des crispations en interne."
Un troisième élément survenu en septembre aurait aussi contribué à faire pencher la balance en défaveur du rédacteur en chef de la télévision locale. "Faute de moyens, on a abandonné le principe d’un magazine carolo du lundi au vendredi. J’avais proposé celui-ci pour fidéliser le public, mais depuis le mois de septembre, on n’a plus pu poursuivre à ce rythme. En interne, certains appréciaient, d’autres pas. Cela a conduit à de nouvelles crispations. Au niveau de l’image, on a bien travaillé durant les deux premières années et puis ça s’est très fort détérioré. Dès le départ, on avait pourtant cette volonté de marquer le coup et d’être présent sur les grands événements locaux", explique l’ex-rédacteur en chef. C’est l’objectif de toute rédaction.
Un retour à RTL ?
Après 17 ans à RTL-TVi, Luc Maton avait quitté la chaîne privée où il présentait les soirées foot.
"Aujourd’hui, je dois digérer le truc car je reste déçu de ne pas avoir été jusqu’au bout pour ma région", confesse Luc Maton, qui bénéficie d’un soutien populaire qui lui fait du bien, lui qui avait retrouvé tous ses copains d’enfance à Charleroi. "On va voir de quoi demain sera fait. C’est une période de transfert. Comme en football, je suis sur le mercato pour l’instant ! C’est trop près pour se prononcer mais je suis ouvert aux nouveaux challenges, un peu comme un entraîneur de foot. On n’a pas gagné la Coupe mais on a déjà bien joué, c’est mon état d’esprit actuel."
Un retour vers le football, sa passion depuis toujours, n’est donc pas exclu. "Peut-être que j’y reviendrai", souligne celui qui avait quitté RTL-TVi suite à une altercation avec Stéphane Pauwels. "Ça me tente toujours, il ne faut jamais dire jamais ! Pour l’anniversaire de la Ligue des Champions, j’avais d’ailleurs apprécié que Pauwels me cite parmi les personnes qui ont marqué l’aventure. Cela ne sert à rien de faire trop monter la mayonnaise dans ces cas-là. On est là pour le foot et pour passer un bon moment."
En dehors du ballon rond, Luc Maton avait déjà été approché par la RTBF pour l’émission radio C’est vous qui le dites. "Benjamin Maréchal m’avait appelé en début d’année mais c’est Télésambre qui n’avait pas souhaité que je puisse rejoindre la RTBF comme chroniqueur, pour une question d’horaires, le fait que je sois à Vivacité à certains moments et donc pas dans la rédaction. La télé locale n’a pas souhaité me donner ce petit bon de sortie ponctuel…" Qu’à cela ne tienne, le journaliste est maintenant libre et se dit ouvert à tout. "J’ai de l’énergie et des idées. Le digital, le monde des médias et la communication m’intéressent. Il y a actuellement une vraie remise en question des médias qui me passionne. J’ai envie de poursuivre dans ce domaine. Surtout que je fête mes 30 ans de médias cette année !"
"Mes propos ont été jugés malheureux"
"Demain, il y aura encore quelques orages, mais toujours des températures très chaudes. De quoi porter de petits décolletés sur la place de la Digue sur le temps de midi." Voilà la phrase prononcée par l’ancien rédacteur en chef en fin d’un JT et qui avait choqué certains téléspectateurs. Les deux plaintes déposées auprès Conseil supérieur de l’audiovisuel ont cependant été jugées non fondées et classées sans suite. Pour éviter les amalgames, le directeur général de Télé Sambre, Christophe Scaillet, a toutefois précisé que "la décision prise n’a pas son origine dans les propos polémiques de la semaine passée."
"Je pense que mes propos ont été cités en interne mais ils ont été jugés malheureux", confirme Luc Maton. "Je reviens sur la définition du mot ‘décoletté’ et je pense que mon ton d’humour en sortie de journal a été mal interprété. J’ai mon avis sur la question et ça ne méritait pas tout ce déballage. De toute façon, le CSA a rendu son avis sur la question. Et j’ai quand même été suspendu d’antenne pendant pas mal de semaines pour ça."