Avec Philippe Gildas, c'est un peu plus de l'esprit Canal qui disparaît...
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Publié le 28-10-2018 à 14h20 - Mis à jour le 29-10-2018 à 10h23
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L’animateur français, à la barre pendant dix ans de l'émission culte Nulle Part Ailleurs, est mort d’un cancer, dans la nuit de samedi à dimanche. Il avait 82 ans.
"Euh, euh. Formidable !" Durant 10 ans, les Guignols ont moqué avec bienveillance Philippe Gildas, ses grandes oreilles, son rire et ses fameuses fiches roses. Connu pour sa gentillesse, l’animateur de Nulle Part Ailleurs de 1987 à 1997 n’en a jamais pris ombrage… Pas plus qu’il ne s’est plaint d’avoir servi, durant des années, de souffre-douleur à son acolyte Antoine de Caunes, dans de géniales pitreries qui ont offert à l’histoire de la télévision française quelques-uns de ses fous rires les plus mémorables. Mieux, Gildas ira, en 1994, jusqu’à se prêter au jeu, en interprétant Fernand l’Embrouille, "le père à Didier", célèbre petite frappe imaginée par de Caunes.
Sketches hilarants, foutoir généralisé sur le plateau, défilé de stars internationales lors de la délocalisation sur la Croisette pendant le festival de Cannes… Durant une décennie, Philippe Gildas a été le capitaine de l’émission emblématique de Canal+. Après son départ, Nulle Part Ailleurs (NPA) ne fera que vivoter, durant quatre saisons jusqu’en 2001.
Populaire sur le tard
Pour toute une génération, Philippe Gildas est né à la télévision le 31 août 1987, avec le lancement de NPA, un talk-show à l’américaine inédit alors en France. Diffusé tous les jours en clair, celui-ci a lancé un nombre incroyable de talents : les Nuls, Antoine de Caunes, José Garcia, Karl Zéro, Albert Algoud, les Deschiens, les Robins des Bois ou encore Jamel Debbouze. Sans même parler de Benoît Poelvoorde (avec les Carnets de Monsieur Manatane), d’Edouard Baer, du Zapping, des Guignols ou de Groland.
Avec la mort de l’animateur (décédé dans la nuit de samedi à dimanche des suites d’un cancer, à 82 ans, comme l’a annoncé Antoine de Caunes à l’AFP), c’est encore un peu plus du fantomatique “esprit Canal” qui disparaît. Trois ans après la disparition d’Alain De Greef, mythique directeur des programmes de la chaîne cryptée et créateur de Nulle Part Ailleurs…
Quand NPA débarque comme un ovni dans le paysage audiovisuel français, ce Breton né dans le Morbihan en 1935 a pourtant déjà 51 ans et une longue carrière derrière lui. Que ce soit dans la presse écrite - diplômé du Centre de formation des journalistes de Paris, il débute sa carrière au début des années 60 à La Nouvelle République du Centre et au mythique journal Combat -, en radio (après avoir longtemps travaillé à RTL, il fut rédacteur en chef de France Inter de 1973 à 1974 puis d’Europe 1 jusqu’en 1981) et à la télévision.
Gildas rejoint en effet l’ORTF dès 1969, bossant successivement sur TF1 et Antenne 2, où il a notamment animé l’émission La Tête et les jambes et le jeu La Chasse au trésor. Mais c’est avec la création de la première chaîne privée de France en 1984 - qu’il rejoint dès l’année suivante pour créer l’émission Top 50 et pour animer Direct Gildas - que le journaliste-animateur va devenir une véritable icône de la culture populaire, grâce à Nulle Part Ailleurs.
Patron de Vivolta
S’il quitte la présentation de NPA en 1997, Philippe Gildas restera salarié du groupe Canal+. Il fut ainsi président d’iTélé, animateur sur Voyage et Paris Première, avant de lancer, en 2007, Vivolta, chaîne à destination des seniors où il présentera notamment, avec son ancien complice de Canal Jérôme Bonaldi, le talk-show Gildas & Co. Auteur d’une passionnante autobiographie en 2004 intitulée Comment réussir à la télévision quand on est petit, Breton, avec de grandes oreilles ?, Gildas s’était contenté ces dernières années d’un rôle de chroniqueur occasionnel, que ce soit dans On n’demande qu’à en rire de Laurent Ruquier sur France 2 ou dans Les pieds dans le plat de Cyril Hanouna sur Europe 1.
Dimanche, Michel Denisot, autre figure emblématique de Canal + a rendu un bel hommage à son ancien camarade. "Il a inventé une forme de journalisme en dépoussiérant l’information à la télévision, en l’ouvrant à toutes les cultures, sur l’actualité de la vie, jusqu’à son apogée professionnel à Canal, mais aussi à Europe 1", a confié à l’AFP celui qui avait repris son rôle à Canal, en tenant la barre du Grand Journal de 2004 à 2013.
Hommage sur BeTV
BeTV rend hommage à Philippe Gildas en rediffusant, ce lundi à 19h35, le documentaire de Michel Royer “Un homme formidable”, narré par Antoine de Caunes.