Les effets bénéfiques des clubs de rire

Apparemment, cela se ressent sur notre temps passé à faire travailler nos zygomatiques : l’homme riait en moyenne 19 minutes par jour au siècle dernier, il rit aujourd’hui seulement une minute quotidiennement. Dans Rire en temps de crise , la réalisatrice Marie Mandy a décidé de se pencher sur ce sujet.

Impossible de rire

Chez certains, comme Léo Brugalières, jeune homme de 26 ans victime d’un burn-out et d’une grave dépression, le mal est plus profond. Plongé dans une "sensation de vide", il lui était même impossible d’esquisser le moindre sourire.

Afin d’aller mieux, il a décidé de se faire hospitaliser, de changer de voie en passant du commerce à la philo, et de s’inscrire dans un club de yoga du rire, discipline créée par le médecin indien Madan Kataria. "C’est un mélange de mime, de rire et de respiration, sans humour et sans faire appel au mental…, explique Corinne Cosseron, fondatrice de l’Ecole internationale du rire. J’ai eu cette sensation que le club de rire est une porte d’entrée joyeuse vers l’ensemble des émotions. En touchant à notre joie, on touche aux autres émotions, qu’on le veuille ou non. La rigologie, c’est créer un outil qui permettrait d’une manière joyeuse, ludique, d’aller vers l’ensemble des émotions des gens pour aller vers une libération émotionnelle", explique-t-elle avec enthousiasme.

Des effets bénéfiques

La réalisatrice Marie Mandy interroge d’autres spécialistes.

Henri Rubinstein, neurologue et auteur de l’ouvrage Psychosomatique du rire , liste les bienfaits du rire sur le corps et le moral : sécrétion de sérotonine, action anti-stress, baisse de la tension artérielle, effets bénéfiques sur le cœur, digestion…

Joëlle Cuvilliez, auteure de plusieurs ouvrages sur le rire, nous rappelle notamment que celui-ci était considéré au Moyen Age comme quelque chose de diabolique.

On découvre aussi le travail du photographe David Ken, qui immortalise ses sujets en plein éclat de rire dans le Lol Project.

Marie Mandy accompagne, enfin, le rigologue Aymeric Astier dans les entreprises pour des séances de thérapie de groupe. "Ce que je ne veux pas, ce sont des boîtes qui font appel à vous, alors qu’elles sont en pleine procédure de licenciement massif", assure-t-il. Les salariés sont néanmoins fortement encouragés à y participer.

A ce propos, on aurait d’ailleurs peut-être aimé que ce documentaire, par ailleurs très bien réalisé visuellement, rappelle plus en profondeur les effets pervers que peut créer aussi la dictature du bonheur. C’est ce qu’ont fait récemment la sociologue Eva Illouz et le psychologue Edgar Cabanas, qui viennent de publier l’ouvrage Happycratie - Comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies .Jacques Besnard

Sur la Trois, à 21 h 05.