Nora Hamadi: "On a une forme de lobby citoyen au niveau européen"
Publié le 02-11-2018 à 15h27 - Mis à jour le 02-11-2018 à 15h44
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Nora Hamadi présente "Vox Pop", chaque dimanche, sur Arte, à 20 h 05.Après avoir traité de questions plus institutionnelles sur Public Sénat, Nora Hamadi explore l’Europe sous un angle citoyen dans Vox Pop , tout en interpellant les politiques.
Existe-t-il un débat européen ?
Il y a toujours eu un débat européen. Le traité de Maastricht et le traité constitutionnel de 2005 ont fait l’objet de débats monstrueux en France, mais on ne s’en souvient pas. Je me suis moi-même spécialisée sur les affaires européennes en 2009 sur Public Sénat, alors qu’on venait d’apprendre que la Grèce avait truqué ses comptes. Le problème, c’est la manière dont on pose les termes de ce débat. En France, on a peu de journalistes spécialisés sur ces questions.
Parce qu’il y a peu de demande du public ?
Parce qu’on considère que c’est trop compliqué. C’est vrai de l’Europe institutionnelle, mais les débats européens ne sont pas plus compliqués que les débats français. Quand on a des débats sur le glyphosate ou les effets des pesticides néonicotinoïdes sur l’abeille, les citoyens sont en capacité de comprendre les enjeux. On a toujours traité les questions européennes d’un point de vue technocratique, politicien. En réalité, l’Europe, c’est 28 scènes nationales, 28 cultures, 24 langues officielles, 28 histoires nationales, 28 prismes d’appréhension d’une même problématique. Et c’est passionnant.
"Vox Pop" est-elle la seule niche en télé où l’on s’intéresse au débat citoyen ?
Quand je suis arrivée en 2009 sur Public Sénat, il n’y avait pas de niche du tout. Avec la survenue de ces crises, ces débats se sont déversés dans la sphère publique. Il y a eu Le Blogueur juste avant Vox Pop. Arte est le premier écrin quand il s’agit de faire émerger une parole citoyenne sur des enjeux profondément européens. Avec l’émergence des réseaux sociaux, des débats très techniques ont fait irruption dans la sphère citoyenne. On a une forme de lobby citoyen au niveau européen. Nous avons des reportages dans Vox Pop pour interpeller les politiques, mais nous le faisons en abordant la politique au sens de la vie de la cité. Par rapport à ce qui se fait chez nos voisins sur des problématiques qui traversent le continent : l’écologie, le droit des femmes, la place de la religion dans la société…
L’émission a-t-elle évolué avec votre arrivée à la suite de John-Paul Lepers ?
Il avait une séquence où il allait à la rencontre des gens. On lui a préféré un reportage pour découvrir une thématique avec le prisme d’un autre pays européen. Quand on a une interview au long cours avec un invité, cela permet d’aller voir les bonnes pratiques, les scandales à l’étranger, en plus de nos correspondants. La rédaction de Magneto Presse a une capacité à faire de l’enquête, de faire un tour d’Europe dans chaque émission sur une thématique particulière. C’est un luxe. En demeurant dans les budgets hyper-contraints de l’audiovisuel public, cette chaîne met en avant l’intelligence et la capacité de réflexion du téléspectateur, y compris dans ses documentaires. C’est assumé d’être européen, pas seulement dans les textes.