Comment protéger la société des malades les plus dangereux ?
Publié le 06-11-2018 à 17h40
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Une réflexion à partir de l’affaire Jean-Pierre Guillaud. France 2, à 22 h 55.Pour la première fois en France, en 2016, un médecin psychiatre a été reconnu pénalement coupable d’homicide involontaire pour des faits commis par l’un de ses patients. La décision du tribunal correctionnel de Grenoble a même été confirmée en appel en décembre 2017. Le Dr Gujadhur a été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis.
Le documentaire que France 2 accueille dans la case Infrarouge ce mardi soir, Le psychiatre et l’assassinH H, revient sur cette affaire inédite qui met en lumière les limites de la psychiatrie et surtout, du système de suivi des patients réputés les plus dangereux par les institutions psychiatriques. L’hôpital qui avait accueilli le meurtrier a finalement été relaxé…
Le meurtre à l’arme blanche d’un jeune étudiant grenoblois, Luc Meunier, en septembre 2008, par Jean-Pierre Guillaud, atteint de schizophrénie paranoïde, n’aurait sans doute pas eu lieu si ce patient avait été correctement accompagné, et surveillé, alors qu’une semaine plus tôt, il avait fait une fugue, puis proféré des menaces. Pendant huit ans, la famille Meunier a mené une bataille judiciaire pour que soient reconnues des responsabilités d’ordre médical, pénal et administratif.
Évolution de la loi
Au fil d’une enquête fouillée, la réalisatrice Agnès Pizzini a recueilli le témoignage des membres de cette famille et de son avocat, mais sa démarche est bien plus englobante. Elle est allée à la rencontre du Dr Gujadhur et de son avocat, mais aussi d’un expert psychiatre, et de plusieurs employés du centre hospitalier Sainte-Egrève, où séjournait Jean-Pierre Guillaud au moment des faits : directeurs, infirmiers, médecins, etc.
Au-delà du traumatisme, ces soignants participent à une réflexion qui a nourri le débat politique suite à cette affaire, et conduit à une nouvelle loi en 2011, durcissant les conditions d’enfermement des malades. Une loi d’ailleurs assouplie dès 2013 suite aux dénonciations des psychiatres, opposés au retour des asiles en France.
Parmi les nombreuses clés d’entrée que propose ce documentaire, il y a également la question des contraintes économiques, et du nombre de lits toujours plus restreint mis à disposition des patients.
Asile et santé publique
Agnès Pizzini interroge les politiques de santé publique, sans pour autant ignorer le fait-divers lui-même, et le parcours de Jean-Pierre Guillaud, déclaré plusieurs fois "irresponsable pénalement" suite à des agressions, voire à des tentatives d’assassinat, avant son geste fatal.
Dans la même veine, la réalisatrice avait déjà signé, en 2016, un documentaire sur l’autodéfense, Permis de tuer ?, avec le même producteur, Jérôme Duc-Maugé. Elle aborde à nouveau dans "Le psychiatre et l’assassin" une question sociétale : hormis le cas particulier, traité ici, des patients susceptibles d’être dangereux pour les autres (elle avance le chiffre de 2 % des malades), comment la maladie psychiatrique est-elle perçue dans la société française ? Agnès Pizzini explore cette problématique dans le temps et va au fond du sujet.