Un an avec les journalistes "très malhonnêtes" du New York Times sous Trump
Publié le 06-11-2018 à 11h44 - Mis à jour le 06-11-2018 à 11h46
"Trump est fasciné et obnubilé par le New York Times. Il va toujours se soucier de ce que peut penser le Times", explique d'emblée Maggie Haberman. Dans Misson Vérité** (The Fourth Estate en anglais et diffusé initialement sur ShowTime), une série documentaire découpée en quatre volets, la réalisatrice Liz Garbus nous propose de suivre le quotidien de la correspondante à la Maison-Blanche et de plusieurs figures du New York Times (NYT), lors de la première année de Donald Trump à la tête du pays avec un défi : mettre face à ses contradictions un président qui se moque de la vérité.
Un lourd travail pour le rédacteur en chef Dean Baquet qui admet d'ailleurs, d'emblée, à un moment s'être planté. "Pendant la campagne, nous avons tenté de suivre Donald Trump selon les règles du passé. Nous n'avons pas su prendre le pouls de notre pays. Ça, c'était une erreur."
Des affaires à la pelle
Le moins que l'on puisse dire c'est que l'année a été chargée tant les dossiers sur le feu ont été nombreux. "S'il y a bien une chose que j'ai apprise au cours des deux dernières années, c'est qu'il faut s'attendre à tout", résume Jim Rutenberg, chroniqueur médias au sein du journal.
Parmi les bombes qui ont explosé, il y a la collusion présumée entre plusieurs membres de l'équipe de Trump et Moscou durant la campagne présidentielle. On suit, à ce propos, les journalistes dans leurs réflexions pour se poser les bonnes questions, définir les angles, vérifier, recouper, attendre le bon moment pour publier leurs infos. Un travail de fourmis abattu bien souvent au détriment de leurs vies privées.
Parfois, les scoops leur parviennent par hasard comme lorsque Michael Shear, correspondant à Washington est le premier à savoir grâce à Sean Spicer, à l'époque porte-parole de la Maison-Blanche, que l'ancien directeur du FBI James Comey va être limogé. Avant même l'intéressé qui n'en n'a pas été informé. Le reste du temps, le NYT ne va pas être épargné.
Sous Trump, les journalistes deviennent de plus en plus des cibles. Certains se voient refuser l'entrée d'un point presse, on assiste aussi aux critiques du président américain qui pointe du doigt "les médias très malhonnêtes" lors d'un meeting. "Regardez toutes ces personnes avec des caméras, elles ne rendent pas compte des faits."
Un climat délétère dont certains journalistes n'avaient déjà pas besoin. Dès son entrée dans la rédaction, la journaliste afro-américaine Yamiche Alcindor, reçoit des emails dans lesquels elle se fait traiter "de négresse", témoigne-t-elle après les incidents de Charlottesville et le refus de Trump de condamner la violence des suprémacistes.
La crise du papier
La période est d'autant plus compliquée que la direction du quotidien doit faire face aux problèmes structurels qui touchent l'ensemble de la presse.
Dean Baquet évoque la restructuration du journal lors de la grève des correcteurs dont le postes sont menacés avec l'arrivée du digital, Google et Facebook qui aspirent les revenus publicitaires, sa stratégie pour garder le journal sur les rails sans vendre son âme aux diables, éviter le "clickbait, faire de l'enquête tout en étant prospère, la concurrence féroce notamment avec le Washington Post, l'effet Trump qui booste d'ailleurs les audiences des différents supports.
Sans oublier l'affaire Weinstein qui a provoqué une bombe mondiale y compris à l'intérieur du journal. Une plongée fascinante, passionnante mais pas très réjouissante avec deux petits bémols peut-être : les portes fermées aux caméras lors des scènes les plus chaudes, la VF préférée à la VOSTFR.