Comment la population a vécu la Grande Guerre, loin du front ?
Publié le 07-11-2018 à 13h21 - Mis à jour le 07-11-2018 à 13h32
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France 3 propose une utilisation créative des archives. À 21 h.La célébration, à la télévision, du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale peut réserver de belles surprises. C’est le cas de La Guerre de tous les Français H H, premier documentaire d’une soirée continue que propose France 3 ce mercredi.
Dans ce film de 90 minutes, le réalisateur Cédric Condon a opté pour deux partis pris intéressants.
Le premier, celui de se pencher sur la guerre à l’arrière, loin du front. Celle des anonymes, des sans-grade, de tous ceux qui ont souffert et participé, dans l’ombre, à l’effort de guerre.
Au premier rang desquels, les femmes. Laissées quasi seules dans les champs, enrôlées comme infirmières, dans les usines d’armement, les poudreries, les cartoucheries et autres, elles continuent de faire tourner le pays, tandis qu’une grande majorité des hommes sont partis au combat. Ces femmes qui apprennent, du même coup, à s’émanciper.
L’apport des photos-fictions
Le second parti pris touche à l’image, et en particulier à l’utilisation des archives. Le réalisateur ne s’est pas contenté de coloriser et de mettre en scène les images d’époque, comme on le voit de plus en plus souvent dans les documentaires historiques. Il a aussi fait preuve de créativité en incrustant, dans ce qu’il appelle des "photos-fiction", des comédiens qui se mettent subrepticement à bouger et à sortir du cadre pour se tourner vers la caméra. Une trentaine de photo-fictions ont été traitées numériquement.
Ce procédé surprenant, faisant appel à des effets 3D, crée une proximité avec le téléspectateur, l’immerge dans le récit. Et donne plus de réalité encore à une Histoire rendue très concrète par le biais de quelques personnages dont on explore les journaux intimes ou la correspondance : le maire de Mende Emile Joly, le député Abel Ferry, qui recevra la Légion d’honneur des mains de Georges Clemenceau, ou l’adolescente lyonnaise Louise Weill.
Cette dernière fera office, comme de nombreuses autres jeunes femmes, de "marraine de guerre", chargée de soutenir un soldat isolé qui n’avait pas l’occasion de recevoir des lettres et autres colis de proches.
Le cinéma pour illustrer
Cédric Condron mêle encore habilement extraits de fictions, et archives documentaires (photos, films) dans une unité de traitement et de ton. Cette narration de qualité, servie par un commentaire alliant information et émotion, met en scène avec élégance le propos de l’historien Jean-Yves Le Naour, spécialiste de la Première Guerre mondiale et de l’entre-deux-guerres, coscénariste de ce documentaire aux côtés d’Adila Bennedjaï-Zou.
La Guerre de tous les Français n’omet pas de faire écho aux tranchées, dans des allers-retours très fréquents entre le front et l’arrière. À noter qu’au cours de cette soirée spéciale autour de la Grande Guerre, ce documentaire inédit sera suivi à 22 h 40 par la diffusion d’un autre documentaire consacré au front de l’Est, dans les Balkans : Les Oubliés de la victoire. L’Odyssée des soldats d’Orient. Un film en 52 minutes signé Didier Sapaut et Cédric Gruat.