250 épisodes de "Strip-Tease" sont en ligne : son créateur commente pour nous ses "préférés"

Jacques Besnard
"Faïma la rappeuse", "Elle est nickel", "Sacrées vaches"... Marc Lamensch, créateur de Strip-Tease, vous explique ses épisodes "préférés"
©PRINT SCREEN ET D.R

Cette semaine, la RTBF a décidé de mettre en ligne les 250 épisodes de "Strip-Tease". En 2018, nous avions demandé à Marco Lamensch de nous donner une liste de ses épisodes préférés et de les commenter.

Marco Lamensch a beau avoir quitté le "bateau" en 2005, le programme culte qu’il a créé avec Jean Libon continue évidemment d’occuper une grande place dans sa vie et sur le disque dur de son ordinateur. Les épisodes sont classés dans un fichier et toute une série d’informations sont scrupuleusement notées : le résumé, les noms de l’équipe technique, la durée, la date de diffusion, les différents thèmes abordés, les festivals où l’épisode est passé… La sortie de son livre (Découvrir son interview) était un excellent prétexte pour regarder dans le rétroviseur et évoquer ces belles années, chez lui, autour d’un café. On lui a aussi demandé de lister plusieurs de ses épisodes préférés et de nous en parler.

"Elle est nickel" (Michel Stameschkine - 1993)

"C'est l'un des plus drôles certainement. C'est un des exemples de gens qui sont venus se proposer à nous. L'épisode raconte l'histoire de deux réparateurs de voiture qui apparaissent comme des authentiques escrocs. Ils prennent une Jaguar, il y a trou de rouille dedans, ils mettent du papier alu, du papier collant et un peu de polish. C'est très drôle. On ne sait toujours pas pourquoi ils sont venus... Je crois qu'ils aimaient bien l'émission et que ça les amusait. Les gens ne leur ont pas tenu rigueur, ils avaient même apparemment plus de clients."

"Maryflo" (Olivier Lamour - 1986)

"C'est un film en quatre épisodes sur une usine de confection en Bretagne. Dans le premier épisode, le directeur de production est sur leur dos quand elles ne vont pas assez vite. Dans le deuxième film, il y a une grève à cause de ses méthodes. On est alors du côté du directeur de l'usine et de la pédégère. Durant le troisième film, on suit cette dernière, elle parle de délocalisation avec un autre patron. Enfin, on retrouve le directeur de production qui a ouvert une usine en Tunisie. On découvre que ce type a quatre usines qui sont dirigées par des femmes qui sont beaucoup plus dures avec le personnel que lui. C'est un film sur le rapport de la lutte de classes qu'on devrait montrer partout."

"Martha" (Luckas Vander Taelen - 1987)

"C'est un film de Luckas Vander Taelen que j'aime beaucoup. C'est un film très "réalisé" et dans lequel il a souhaité faire le portrait de sa gouvernante qu'il considérait comme sa grand-mère. Il doit y avoir 5 ou 6 paroles, elle est dans un home tenu par des bonnes sœurs. C'est d'une beauté sublime avec une scène qui a fait râler 2-3 personnes dans laquelle cette femme de 93 ans est en train de se laver nue. C'est elle qui voulait montrer qu'elle se lavait."

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"Tes père et mère honoreras" (André François - 1988)

"C'est un film d'André François. On y voit un couple d'une cinquantaine d'années qui place la mère de madame dans un home en lui faisant croire que c'était juste pour se reposer. C'est d'une froideur, d'un cynisme."

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"Accès au succès" (Didier Lannoy - 1993)

"Un réalisateur français avait fait ses études à l'INSAS et une série de films en France et en Belgique. Dans celui-là, il évoque les gens qui gagnent leur vie en surfant sur la crise. Ce sont deux jeunes qui organisent des séminaires dans la banlieue pour apprendre aux gens à avoir du succès. Ils essaient de faire payer des beaucoup plus pauvres qu'eux pour apprendre à devenir riches."

"Sacrées vaches" (Cécile Patingre - 1996)

"La réalisatrice fait le portrait de trois inspectrices de la fondation Brigitte Bardot qui crapahutent dans les sous-bois pour approcher des fermes. Elles ont l'impression, à tort ou à raison, de voir des animaux qui sont maltraités. C'est hilarant et je trouve cela absolument formidable."

"Tout salaire mérite travail" (Farida Taher - 1999)

"Des choses qui montrent la dureté de la crise et la difficulté de vivre de certains. Ce sont deux films réalisés par Farida Taher. Il y en a un qui s'appelle "Tout salaire mérite travail" et qui montre un gars en rupture de tout, qui consomme de la came, qui boit toute la journée, qui est d'une agressivité terrible avec tout le monde, qui s'enfonce. Farida l'a retrouvé quatre ans plus tard et ça s'appelle "Né cassé". Il s'adresse à sa mère avec une virulence qu'on n'imagine pas. On sent quelqu'un de brisé et qui dit : 'Moi ce que j'aimerais plus tard, c'est avoir des enfants et de bien m'en occuper. C'est la plus belle des choses qui puissent être. Cela montre tellement bien la société dans laquelle on vit."

"Evelyn reine d'Afrique" (Anne-Marie Avouac - 2007)


"C'est le portrait d'une très riche bourgeoise qui fréquente tous les patrons en Belgique et qui a des côtés très enthousiastes, efficaces et qui a ses bonnes œuvres. Elle aide une pouponnière au Sénégal, fait venir du matériel. J'aime beaucoup ce film car, d'une part, il nous montre des riches, sans complaisance et sans méchanceté. Les amis d'Evelyn trouvent le film formidable, on voit tout à fait sa générosité, sa force, sa manière d'être entrepreneure, elle est efficace. Les gens qui n'aiment pas ce genre de dames, diront : "On voit sa fatuité". Je trouve que c'est exactement Strip-Tease. Chacun trouve de quoi alimenter sa réflexion, en l’occurrence sociale. Dans le même film, il y a deux interprétations très différentes. Certains la trouvent insupportable et odieuse, d'autres le contraire."


"Le désarroi esthétique" (Pierre Carles - 1996)

"Pierre Carles qui est bien connu ne pouvait plus travailler nulle part sauf à Strip-Tease. Il avait été viré de partout. C'est le portrait d'un homme de publicité, un publicitaire à côté de qui Jacques Séguéla est d'une modestie absolue. C'est le type qui avait inventé : "Un verre, ça va, trois verres, bonjour les dégâts", "la SNCF, c'est possible." C'est 15 minutes d'autopromotion que moi je trouve hilarantes. Il n'était pas très content, il trouvait qu'on s'était un peu moqué de lui mais, comme il est intelligent, je suppute qu'il regarde ça avec ses enfants en hiver."

"Les gens d'en face" (Jean-Pascal Hattu - 2000)

"Cela se passe rue des martyres à Paris. Il y a un home pour vieux très aristocratiques avec des bonne sœurs qui sont polonaises, grandes catholiques. En face, il y a la boîte de travesties de Michou. Elles décident d'y aller. Il y en a une qui ne peut pas y aller car son mari n'est pas d'accord. C'est un film superbe, il y a la forme d'une vraie fiction. Le fait que les deux mondes se côtoient."

"L’une chante, l’autre pas" (Emmanuelle Machtou - 2002)

"Un joli film fait par Emmanuelle Machtou en France. Ce sont deux sœurs dans une famille musulmane. Une veut chanter et 'faire l'amour avec le micro' comme elle dit. Elle est aidée par sa sœur qui, elle, n'entend pas retirer son voile. Il y a ce choc des deux cultures qui n'est pas un choc violent. Ces deux filles s'aiment bien."

"Le club des enfants gâtés" (Pierre Hurel - 1995)

"Un film de Pierre Hurel qui ne nous a fait qu'un film mais qui est formidable. Ce sont deux jeunes gens qui doivent terminer le lycée ou entrer à l'université. Le père est homme d'affaires, habite le 16e arrondissement de paris et, pour faire de l'argent, ils organisent des soirées, distribuent des flyers à la sortie des boîtes. Il y a un plan hallucinant où tu les vois prendre des liasses de billets et les mettre dans un sac poubelle tellement il y en a. Cela donne une idée d'une certaine jeunesse."

"Faïma la rappeuse" (Anne Galois - 1998)

"Un film qui est drôle sur cette femme citoyenne, musulmane qui porte une casquette sur la tête, lit des contes de noël à ses enfants, lutte contre les injustices dans le quartier."

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