Venise, la grande inspiratrice, la cité des Doges aux mille artistes
Publié le 28-11-2018 à 07h10 - Mis à jour le 28-11-2018 à 07h11
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"Venise l’insolente", séduisant portrait de la Sérénissime. À 22 h 30, sur Arte.Qui a visité Venise ou rêve de la découvrir se sent parfois intimidé par le mythe. Vorace, le touriste cherche à la capturer par écrans interposés. En vain. Comment saisir son mystère, sa prodigalité voluptueuse et artistique dès le XVIIIe siècle ?
La réalisation de Laurence Thiriat y parvient en empruntant ruelles et canaux, dans un rythme lascif, qui conduit à Vivaldi, Farinelli, Tiepolo père et fils, Canaletto, Longhi, Guardi, Goldoni, Casanova…. Un récit incarné et vivant qui insuffle la force d’attraction de la cité lacustre juste avant la chute, jusqu’à sa conquête par Bonaparte en 1797.
Vivaldi, "le prêtre roux"
Issu d’une famille nombreuse, Vivaldi n’était pas programmé pour devenir compositeur, conte la narratrice de ce documentaire. Il devait revêtir les habits ecclésiastiques pour éviter la dispersion des biens familiaux.
Surnommé "le prêtre roux", il exercera peu de temps son ministère. À peine ordonné prêtre, il dit la messe durant une année puis abandonne sa fonction après avoir dû quitter trois fois l’autel, sans terminer la célébration. À cause d’un mal qui l’étreignait au niveau de la poitrine, probablement une forme d’asthme, il vivait à la maison et ne sortait qu’en gondole ou en carrosse.
S’il ne pouvait marcher, il pouvait se vanter de composer un concert plus vite que le copiste ne pouvait le transcrire. Son appétit de création était servi par le libertinage vénitien qui engendrait de nombreuses bâtardises. Les enfants étaient abandonnés sur les parvis des églises.
Recueillies par les institutions religieuses, les jeunes filles recevaient une éducation musicale unique et très poussée. Vivaldi venait puiser dans cette manne providentielle. Des concerts étaient organisés où les jeunes filles chantaient derrière les grilles. Les mélomanes les devinaient sans les voir. Un jeu de cache-cache qui nourrissait aussi les fantasmes. L’écrivain philosophe et compositeur Jean-Jacques Rousseau, notamment, était sous le charme.
Le documentaire Venise l’insolente H H est diffusé en marge d’une exposition organisée au Grand Palais à Paris jusqu’au 21 janvier 2019.
"Venise a tenu par la cohésion de ses habitants et par les relations entretenues avec les arts et d’abord avec la musique, explique Catherine Loisel, conservatrice générale honoraire du patrimoine et commissaire de l’exposition. La population se reflétait dans l’image donnée par les artistes, comme solution à tout ce qui est négatif dans une société : le dénigrement, le désespoir."
Venise qui demeure toujours source d’inspiration pour notre temps.