À quoi Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, rêve-t-il ?

Virginie Roussel Correspondante à Paris

Publié le 11-12-2018 à 13h51 - Mis à jour le 11-12-2018 à 17h02

Employees walk through a lobby at Amazon's headquarters Tuesday, Nov. 13, 2018, in Seattle. Amazon, which is growing too big for its Seattle hometown, is spreading out to the East Coast. The online shopping giant ended its 14-month-long competition for a second headquarters Tuesday by selecting New York and Arlington, Va., as the joint winners. (AP Photo/Elaine Thompson) ©AP

"L’Irrésistible Ascension d’Amazon", enquête sur la stratégie de conquête de Jeff Bezos. À 20 h 50, sur Arte. Financier à Wall Street, Jeff Bezos a fait fortune avec Amazon, une librairie en ligne devenue un supermarché planétaire. Son mantra : devenir l’intermédiaire de tout ce qui se vend sur internet. "Si cela ne tenait qu’à Jeff Bezos, Amazon serait en train de devenir l’unique entreprise de la planète. La Compagnie anglaise des Indes orientales a servi de modèle. Vous colonisez un territoire, réduisez les gens en esclavage et exploitez leurs ressources. Si le gens essaient de réussir, vous faites en sorte de rendre leur activité illégale et vous les faites travailler pour vous. C’est exactement ce que fait Amazon. S’installer pour devenir l’unique fournisseur. C’est le pouvoir du monopole", analyse Douglas Rushkoff, auteur et expert des médias.

Le documentaire de David-Carr Brown, L’Irrésistible Ascension d’Amazon, montre comment Jeff Bezos réussit à satisfaire les désirs de chaque consommateur, entraînant ainsi une rupture des relations sociales traditionnelles. Dans son modèle, aucune protection sociale, pas de contrat, pas d’indemnité, pas de retraite. En 2014, il reçoit le prix de pire patron au monde par la Confédération syndicale internationale.

Monopole

Son optimisation fiscale féroce fait du tort aux villes, qui cherchent pourtant à attirer ses hangars sur leur territoire. Et ce, alors qu’il ne paie pas d’impôt sur les sociétés, celui qui sert à financer la construction de nouvelles écoles, l’embauche de policiers, de pompiers. Mais il est difficile de prouver que l’on est face à un cas de violation des lois antitrust. La stratégie d’Amazon est d’offrir des services gratuits ou moins chers que le coût réel du produit. Jeff Bezos se rattrape sur les big data utilisés pour nous satisfaire et nous inspirer. Toutes nos habitudes sont placées dans le cloud d’Amazon et analysées par une intelligence artificielle au sein du pôle Amazon Web Services. AWS est devenu le gestionnaire du cloud des services publics du Royaume-Uni. C’est aussi le partenaire de confiance de la CIA, de Netflix… L’un des départements les plus rentables d’Amazon et en forte croissance. "Jadis, la Compagnie britannique des Indes orientales exerçait son monopole par le biais de la loi. Aujourd’hui, Amazon exerce son monopole grâce au codage informatique, remarque Douglas Rushkoff. C’est un programme informatique plutôt qu’un cadre juridique." Déjà, Amazon explore ses propres solutions dans le secteur de la santé.

Comment intégrer des entreprises privées et un service public ? Quelle place donner à ces big data ? Tels sont les grands enjeux politiques actuels. L’essor international d’Amazon, implanté dans une dizaine de pays, est aujourd’hui freiné par la réglementation européenne et par son rival Jack Ma, PDG d’Alibaba, au cœur d’une Chine qui nourrit ses propres ambitions.

Mais Jeff Bezos nourrit une nouvelle lubie : coloniser la Lune au nom du bien de l’humanité. Sa compagnie Blue Origin veut développer le tourisme spatial en cassant les coûts grâce à des fusées réutilisables. "Que ma volonté soit faite sur la terre comme au ciel", telle est la prière de Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde.

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