Haute tension chez les Pigeons? L’équipe rédactionnelle tire la sonnette d’alarme!
Un courrier émanant de journalistes de On n’est pas des pigeons crie au loup. Ils ne voient pas d’un bon œil la nouvelle formule de l’émission de la RTBF.
Publié le 11-12-2018 à 06h49 - Mis à jour le 11-12-2018 à 09h08
Un courrier émanant de journalistes de On n’est pas des pigeons crie au loup. Ils ne voient pas d’un bon œil la nouvelle formule de l’émission de la RTBF. "Droit dans le mur", "perte de convivialité", "tensions parfois palpables", "erreurs de casting", "les téléspectateurs sont en manque d’info dans notre émission". Les mots sont durs et figurent en toutes lettres dans un courrier adressé par les journalistes de On n’est pas des pigeons à la direction de la RTBF. L’équipe rédactionnelle basée à Namur - à ne pas confondre avec le présentateur de l’émission et ses chroniqueurs en plateau à Bruxelles - tire la sonnette d’alarme suite à la transformation qu’a subie le programme depuis la rentrée de septembre. Des changements doivent être opérés d’urgence, estime-t-elle.
Y a-t-il le feu dans la maison des Pigeons depuis le lancement de la nouvelle formule ? Au sein du service public, on s’étonne que cette lettre sorte de l’ombre aujourd’hui. Car, s’il est vrai que l’annonce de la reprise de l’émission par Benjamin Maréchal avait provoqué des remous, "on n’en est plus là aujourd’hui", insiste François Tron, le directeur général du pôle Contenus de la RTBF. "On est sur une émission qui marche mieux, précise-t-il, chiffres à l’appui. Le mois de novembre est un des meilleurs depuis que les Pigeons existent." Et début décembre suit la tendance avec en moyenne 16 % de parts de marché et un pic à 19,2 % vendredi. "Une des plus hautes audiences enregistrées par l’émission depuis des années", se félicite notre interlocuteur.
"On a réussi à inverser la courbe d’une émission qui était en train de s’essouffler, confirme Xavier Guillite, le producteur et chef d’édition des Pigeons. Cette émission avait besoin d’un nouveau souffle et d’une dynamique plateau. Il a fallu quelques semaines pour que chaque chroniqueur trouve ses marques. Désormais c’est bon. Il n’y a pas de tensions, on s’amuse en faisant cette émission." Cela n’empêche pas quelques frictions, de la résistance au changement dans le chef de certains. Car les Pigeons n’ont pas seulement changé de présentateur, le contenu éditorial a aussi été revu pour être plus incisif et en phase avec l’actualité. "En 2011, on pouvait rester sur des sujets très magazine même s’ils arrivaient plus tard. Aujourd’hui, il faut être en prise avec l’actualité", remarque Xavier Guillite, pour qui certains ont jugé trop tôt le produit qui était entrain de s’affiner dans sa nouvelle formule.
Le courrier adressé à la direction remonte en effet au mois d’octobre. Il a fait suite à un premier bilan dressé avec l’équipe. "On a alors procédé à des inflexions éditoriales et insufflé une nouvelle dynamique de plateau parce que certaines choses n’allaient pas, indique François Tron, ce qui est un processus tout à fait classique dans le suivi d’une émission aussi emblématique que les Pigeons . En déplaçant les curseurs, on a vu les audiences augmenter progressivement. On était plutôt confiant."
Comme il s’y était engagé, le patron du pôle Contenus du service public a rencontré vendredi toute la team des Pigeons. "Nous avons passé deux à trois heures à discuter des choix éditoriaux et du fonctionnement de l’émission, nous a-t-il confié. On a présenté les audiences à l’équipe et tout le monde était d’accord pour dire qu’on est sur une bonne tendance. L’émission a pris ses marques et elle s’impose comme un rendez-vous porteur d’audience pour le JT. On est tous contents et on a convenu de se revoir en janvier." Le débat semble clos.
De controverses en polémiques
L’année écoulée n’a pas été de tout repos pour Benjamin Maréchal même s’il a rarement été aussi peu l’antenne. Le 15 janvier dernier, sur le coup de 9 heures, il annonçait sa décision de quitter la présentation de C’est vous qui le dites, l’émission de VivaCité dont il avait pris les commandes dix ans plus tôt. C’était l’épilogue d’une longue série de polémiques qui depuis des mois se concentraient sur sa personne, la dernière en date ayant trait à un débat autour des propos de l’ex-actrice X Brigitte Lahaie qui avait jugé sur BFM TV que l’on peut jouir lors d’un viol. L’émission avait entraîné le dépôt record de 45 plaintes. À l’époque, même des politiques s’étaient mêlés de l’affaire jugeant intolérable qu’un sujet aussi sensible et grave soit abordé de la sorte. Le groupe CDH du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles avait également demandé que la RTBF engage une réflexion à propos de C’est vous qui le dites !, jugeant le programme animé par Benjamin Maréchal contraire aux missions et aux valeurs du service public.
Accusé d’être trop racoleur, poujadiste, populiste, voire carrément raciste et homophobe, l’animateur vedette de VivaCité en avait déjà pris pour son grade deux mois plutôt en raison de sa façon controversée de traiter le décès d’un scout fauché par une voiture. Les critiques avaient fusé, même en interne, au sein de la RTBF, chose rare. Certains avaient alors jugé que Benjamin Maréchal était une insulte au service public.