Angelo Bison : "Quand on réussit un rôle comme celui de Béranger, il est parfois difficile d’en sortir"
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Publié le 31-03-2019 à 11h10 - Mis à jour le 31-03-2019 à 11h16
Angelo Bison, c’est ce regard noir et perçant "hérité de (sa) mère, alors que tout le reste de mon corps, c’est mon père" confie l’acteur belgo-italien. Des yeux dont les spectateurs lui parlent très souvent à l’issue d’un spectacle. Un regard "qui combine un côté dur et inquiétant avec une certaine tendresse qui trahissent la complexité du personnage de Béranger" dans la série belge "Ennemi Public". Et illustre bien la richesse de jeu de son interprète.
Ne pas sombrer dans l’hypocrisie
Homme souriant et d’une grande douceur dans la vie de tous les jours, Angelo Bison a beaucoup travaillé sur le thème de la folie au théâtre. Un autre paradoxe…
"J’aime aller vers cette faille qui ne s’explique pas, j’adore ce qu’on ne comprend pas. Trop souvent, on reste avec nos certitudes, on veut tout comprendre. Il y a plein de choses que je ne comprends pas, à commencer par la raison qui a fait que j’ai choisi mon épouse. Pourquoi me suis-je dit : c’est elle et pas quelqu’un d’autre ? Cela ne s’explique pas. Et moi, c’est ça qui m’intéresse dans l’être humain. On veut trop expliquer et par conséquent, on enferme l’être humain. Il faut laisser parler les envies…. Attention à l’hypocrisie aussi. C’est formidable tout ce qui se passe en ce moment par rapport aux femmes mais attention de ne pas créer une société d’hypocrites. Je peux éprouver un désir vis-à-vis d’une femme et la trouver belle mais ce n’est pas pour cela que je vais lui sauter dessus."
Un rôle lourd et impressionnant
Homme de texte, admirateur des grands auteurs, Angelo Bison apprécie "le silence qui s’instaure sur scène, silence du public qui est à l’écoute et qui, à un certain moment, communie avec l’acteur. Ce qui m’a intéressé dans Ennemi Public , c’est que le silence face à la caméra, je ne connaissais pas. Donc je laisse faire la caméra ; les réalisateurs et le chef opérateur m’ont guidé pour cela et m’ont donné beaucoup de conseils. Le scénario est très écrit, il y a très peu de place pour l’improvisation, ils savent où ils veulent en venir. J’apprécie beaucoup cela. Le texte est connu, on le travaille parfois un peu avec les réalisateurs. On peut modifier un mot, ce n’est pas strict mais j’adore cela : les choses bien écrites."
Force de l’histoire, beauté de l’image, choix des interprètes : un tiercé indispensable pour une réussite à l’écran. Les années de pratique n’empêchent pourtant pas le doute de s’immiscer dans l’esprit de l’acteur.
"Quand on voit tous les comédiens formidables qui ont joué des psychopathes au cinéma et au théâtre, cela donne le vertige et cela fait peur. À un moment donné, je me suis dit : je fais fi de tout cela, sinon, on ne peut plus jouer. C’est un rôle terriblement risqué : ça passe ou ça casse et si ça casse, ça fait très mal… Le problème aussi c’est que lorsqu’on réussit un rôle comme celui-là, il est parfois difficile d’en sortir. C’est ce que me dit mon agent… On verra. Et comme j’ai envie de faire une petite pause après 40 ans de théâtre, pour prendre du recul et me ressourcer pour, peut-être, réinventer mon métier de comédien de théâtre ensuite… Aujourd’hui, la caméra m’attire car je ne connais pas cet univers-là."
Avant toute chose, Angelo Bison compte bien profiter de la diffusion de la série tous les jeudis soirs sur grand écran (au cinéma UGC Toison d’Or à Bruxelles) avant que ne se pose la question de la saison 3, déjà bien présente dans l’esprit des scénaristes.
Ennemi Public/ sur La Une, à 20h50