Les HLM dans le viseur d’Élise Lucet et de "Cash Investigation"
Publié le 23-04-2019 à 10h10 - Mis à jour le 23-04-2019 à 10h11
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"Cash Investigation" mène une enquête édifiante. Sociétés HLM : loyers modérés pour business démesuré **. Ce soir, à 21 h sur France 2, Élise Lucet est désormais précédée par sa réputation quand elle intervient au titre de Cash Investigation.
Pour porter à la connaissance du grand public les dysfonctionnements des sociétés HLM gérant les habitations à loyer modéré, la journaliste devra courir après un directeur qui prend ses jambes à son cou. D’autres responsables devront se confronter à ses questions précises, ses données chiffrées, les témoignages apportés et son regard inflexible qui ne souffre pas l’improvisation. En face, sourire figé pour les uns, bafouillage pour les autres et tentative de fuite pour certains.
Ce soir, Élise Lucet s’appuie sur l’enquête de Sophie Roland au sein de Premières Lignes, société de production spécialisée dans le journalisme d’investigation.
20 milliards de chiffre d’affaires
Ce sont 10 millions de Français qui habitent en HLM. Chaque année, les HLM génèrent plus de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires. La moitié du parc est gérée par des entreprises privées. Dans toute la France, l’Ancols (Agence nationale de contrôle du logement social), le gendarme des HLM, a traqué des irrégularités dans les attributions de logements. L’enquête montre comment se serait mis en place le système de pots de vin au sein de l’Immobilière du Moulin vert. Pour obtenir un logement appartenant à cette entreprise sociale de l’habitat, certains affirment avoir été contraints de verser 3 000 à 4 000 euros, en liquide.
Cash Investigation révèle ensuite les pratiques de Sogima, l’un des bailleurs sociaux privés les plus importants de Marseille, qui impute des charges abusives à ses locataires. Là encore, 1 bailleur sur 5 a été épinglé pour gestion défaillante des charges locatives dans un rapport de 2017.
Enfin Vilogia, troisième bailleur social privé de France créé par la famille Mulliez - propriétaire d’Auchan - est accusé de préférer investir des millions d’euros dans des projets pharaoniques plutôt que d’entretenir ses logements sociaux. Une étude assez secrète révèle que Vilogia s’intéresserait notamment au centre de recherche d’IBM à vendre. Les bureaux de ce bâtiment classé au Patrimoine du XXe siècle ne peuvent être transformés en logement. Mais Vilogia, qui a pourtant vocation à loger des gens à revenu modeste, envisage d’en faire un hôtel de luxe. Un rapport de 2017 de la Cours des Comptes, jamais rendu public, a dénoncé des dépenses d’entretien et de maintenance inférieures au ratio de la profession. Des inspecteurs des services d’hygiène ont tiré la sonnette d’alarme concernant la présence de plomb dans les peintures des parties communes. Un enfant qui en avalerait courrait des risques neurologiques.
Philippe Rémignon, directeur général de Vilogia, aura eu beau refuser les demandes d’interview d’Élise Lucet et de Premières Lignes, il aura été rattrapé à la descente du train et sommé de s’expliquer sur ce choix de spéculation foncière au détriment des locataires.