"Les 109", un "mur de jeunes" pour évaluer six politiques en direct sur la RTBF
Publié le 30-04-2019 à 09h51
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Sacha Daout présente une nouvelle émission politique : "Les 109". À voir, dès 20 h 20, sur La Une.Juger l’intervention de six femmes et hommes politiques en temps réel via une application durant un débat à la télévision. Non, ce n’est pas le pitch du nouvel épisode de la série Black Mirror mais bien celui d’une nouvelle émission de la RTBF : Les 109. Aux manettes de cette dernière, Sacha Daout présente dans les grandes lignes ce concept auquel prendront part, ce mardi soir, Paul Magnette (PS), Catherine Fonck (CDH), Sarah Schlitz (Ecolo), Georges-Louis Bouchez (MR), Raoul Hedebouw (PTB) et Sophie Rohonyi (Défi).
Comment est née l’idée de cette émission ?
Tout est parti du constat qu’en Belgique, on allait avoir cette année un grand impact du vote des primo-votants, des jeunes qui n’ont jamais voté auparavant. Ils se sont beaucoup mobilisés pour le pouvoir d’achat, le climat et il y a une vraie inquiétude face à leur opinion vis-à-vis du politique. D’où l’idée de confronter cette jeunesse à un monde politique qui va devoir se réinventer.
Comment avez-vous sélectionné les 109 jeunes âgés de 18 à 30 ans présents sur le plateau ?
Le premier critère était qu’ils n’aient aucun lien direct ou indirect avec le monde politique. Ils ne sont pas élus, ils ne sont pas candidats et ils n’ont pas dans leur famille, un membre d’un parti. Il fallait, ensuite, qu’ils nous envoient par écrit les thématiques choisies et leurs questions. On a, enfin, fait une sélection des questions les plus récurrentes.
Le "mur" va voter pour ou contre l’intervention des politiques ?
Ce qui est neuf ici, c’est d’être jugé en direct. Les politiques vont voir apparaître une jauge qui va leur dire si les jeunes sont convaincus ou pas par leur intervention. Imaginez quelqu’un qui prend la parole et qui découvre qu’il a 80 % de votes négatifs… C’est un test qui va permettre aux partis de découvrir s’ils sont convaincants, ou pas, sur une thématique. D’autant que les "109" peuvent changer d’avis tout au long de l’intervention.
Ce n’est pas scientifique…
Ce n’est pas un sondage, c’est une photographie de l’opinion publique qui regarde cette émission. Ça va être dur à encaisser pour certains mais c’est un outil fabuleux.
En quoi l’émission sera-t-elle un jeu ?
Il y aura un classement, des thématiques cachées qui vont apparaître sous la forme de mots "mystère" et les candidats devront buzzer. Dire s’ils souhaitent répondre, ou pas, à cette thématique. Ils vont devoir surtout se lâcher.
Pourquoi un jeu plutôt qu’une émission classique ?
Parce que la RTBF en propose déjà énormément. Si c’est pour qu’un jeune pose une question et que les partis fassent un tour de table pour expliquer leur position en deux minutes, ça ne va pas être gai. On a voulu que les 109 fassent réfléchir le politique et le sorte de sa zone de confort. Il y a une manière de poser les questions qui sera punchy, très moderne. On va jouer un peu car c’est amusant, on est en prime-time, on va dédramatiser tout ça.
Un internaute a fait référence à l’ouvrage La société du spectacle de Guy Debord. Qu’en pensez-vous ?
Sur la forme, il faut rendre le débat plus attractif. On a trop souvent organisé des émissions où tout le monde venait donner sa proposition et, au final, on ne sait plus qui a dit quoi. Il faut garder ces rencontres car elles sont l’essence-même de la démocratie mais il faut aussi parfois bousculer le monde politique. Après, ils ne vont pas commencer à faire des blagues. Sur la forme, on va s’amuser, mais on reste sérieux, avec des arguments de fond.
Les autres générations ne seront-elles pas frustrées ?
C’est pour cette raison que nous avons prévu un dispositif qui permettra aux téléspectateurs de voter et commenter les prestations des politiques via l’application Opinio disponible sur tablettes et smartphones. Il faudra la télécharger gratuitement et tout le monde pourra voter en temps réel.
Vous n’avez pas peur que des militants se concertent et votent massivement pour leur candidat ?
On n’est pas complètement naïfs. On se doute bien qu’il va y avoir des consignes dans les partis. En même temps, tout cela finira par s’équilibrer car tellement de citoyens vont voter que l’on aura une belle photographie de l’opinion publique.