"Eden": les itinéraires chahutés de réfugiés
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Publié le 02-05-2019 à 14h51 - Mis à jour le 02-05-2019 à 17h16
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Présentée en compétition au festival Séries Mania, cette mini-série retrace douze destins. Sur Arte à 20 h 55.Qu’ont en commun un vigile grec, un prof de sport allemand, une femme d’affaires française, un médecin syrien et un ado nigérian ? A priori, rien. Pourtant, par le hasard d’itinéraires contrariés, plusieurs d’entre eux vont se croiser et se confronter à une réalité de plus en plus désincarnée au fil des JT : celle des réfugiés.
Eden** nouvelle production d’Arte et de la chaîne ARD, n’est pas une série spectaculaire, elle s’attache au contraire à dépeindre une réalité complexe, avec retenue, sous un angle quasi documentaire à travers cinq parcours différents.
Tout commence par une confrontation hallucinée entre deux réalités à l’opposé : un petit groupe grelottant et épuisé accostant sur une plage grecque au milieu de vacanciers ébahis et alanguis ; les premiers s’extirpant de leur canot de fortune pour vite disparaître dans la nature. Devenues points d’accostage réguliers d’humains en fuite, les îles grecques ont vu fleurir des installations pour réfugiés, gérées avec plus ou moins d’humanité.
Six épisodes, six itinéraires de vie
Ce défi humanitaire, Hélène Durand (Sylvie Testud) a décidé de l’affronter : elle dirige la première société privée qui tente de concilier accueil des migrants et rentabilité économique. Ambitieuse, elle se bat pour que son expertise soit reconnue au niveau européen. Une tâche plus ardue qu’elle ne l’avoue.
Sur le terrain, on découvre le quotidien peu enchanteur de deux des vigiles de ce camp, Yiannis et Alexandros. Bas salaires et précarité sont leur lot en raison de la crise qui secoue le pays. Un autre visage de la réalité européenne.
La dangerosité et le lourd tribut payé par les migrants au cours de leurs voyages clandestins, s’illustrent à travers le parcours du jeune réfugié Amare (Joshua Edoze), 16 ans, originaire du Nigeria. Il est le fil rouge de ce récit en six épisodes. Avec son frère Daniel, il rêve de rejoindre l’Angleterre et de connaître le même destin que Yaya Touré, le grand footballeur ivoirien qui a longtemps évolué à Manchester City.
Mais ce rêve reste jalonné d’épreuves et de désillusions même lorsqu’on croit être arrivé à bon port. C’est ce que réalisent Hamid et Maryam, arrivés en France, accompagnés de leur fille Jinan. À Paris, la famille syrienne doit repartir de zéro malgré diplômes et éducation.
Quant à la famille allemande qui a choisi d’accueillir Bassam, étudiant brillant et réfugié syrien, elle va découvrir que le jeune homme, par ailleurs si posé, est aussi un être perturbé.
Pour mieux rendre compte de ces douze destins chahutés au-delà des statistiques trop souvent citées, Dominik Moll a opté pour une approche naturaliste et quasi documentaire, enrichissant, au passage, son casting avec de vrais réfugiés. En suivant le quotidien de ces hommes et femmes ordinaires et en pointant sa caméra sur leurs espoirs parfois dérisoires, le réalisateur leur rend la parole et propose une découverte à pas lents, prenant le pouls de situations complexes et de vies ballottées par les dérapages et sorties de route de l’Histoire. La force de cette mini-série est de proposer une vision très réaliste, presque pragmatique, sans pathos ni idéalisme forcené.