Ces œuvres inspirées de faits divers: "When They See Us", cinq ados broyés par une erreur judiciaire
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Publié le 19-08-2019 à 14h24 - Mis à jour le 19-08-2019 à 14h25
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Quarante-deux heures. Quarante-deux heures d’interrogatoire et de garde à vue sans nourriture, ni pause toilette, ni contrôle parental. C’est le temps qu’il a fallu à un groupe de flics aguerris pour obtenir les aveux de quatre adolescents noirs et un adolescent hispanique, âgés de 14 à 16 ans, accusés à tort du viol d’une joggeuse dans Central Park. Un fait divers sordide qui a débouché sur une erreur judiciaire nauséabonde par le racisme larvé qu’elle trahit.
En 1989, comme trop souvent encore aujourd’hui, l’Amérique reste minée par les discriminations, les diatribes et les rancœurs entre deux communautés que tout ou presque oppose. La preuve ? La tribune publiée dans quatre journaux appelant au rétablissement de la peine de mort à l’encontre des cinq adolescents en question, un texte signé par un certain Donald Trump, alors milliardaire tout-puissant…
L’agression de la jeune Trisha Meili intervient dans un contexte de tensions extrêmes au sein des forces de l’ordre, décriées pour leur incapacité à mettre fin à une série de viols semant la panique parmi la population blanche de New York. La découverte d’une nouvelle victime, laissée pour morte dans des buissons, va provoquer une véritable chasse à l’homme menée par la procureure Linda Fairstein qui n’aura de cesse de faire accuser cinq jeunes garçons qui ont eu le tort de passer par là, comme des dizaines d’autres, ce 19 avril 1989.
En quatre épisodes de plus d’une heure, la réalisatrice Ava DuVernay (Selma, Queen Sugar) retrace avec When They See Us le déroulement de cette tragique affaire qui a broyé plus d’une trentaine de vies humaines. Les vies de Kevin, Antron, Yusuf, Raymond et Korey - surnommés "les Cinq de Central Park" - et de leurs familles respectives. Aux aveux extorqués en échange de la promesse d’être rapidement relâchés, s’est ajoutée la peine exemplaire requise par un jury chauffé à blanc par une procureure intraitable (Felicity Huffman à l’écran). Condamnés à purger une lourde peine pour un crime qu’ils n’ont pas commis, les cinq adolescents ont entraîné leurs familles à leur suite dans l’infamie : stigmatisation sociale et pertes d’emploi… Au final, "The Central Park Five" ont passé entre 6 et 14 ans en prison avant que leur innocence soit enfin reconnue. Leur condamnation a été annulée en 2002, débouchant sur une indemnisation à hauteur de 41 millions de dollars, la plus importante jamais versée par l’État de New York.
Ce fait divers emblématique, abordé sous l’angle de l’intimité des familles, pointe les biais et les travers de la machine judiciaire américaine, la discrimination et le racisme latent à l’œuvre dans nombre d’institutions, à commencer par la justice et la police. Pour retracer cette affaire sur Netflix, la réalisatrice a fait appel à un casting de choix : Aunjanue Ellis, Jharrel Jerome, Niecy Nash, Michael K Williams, Vera Farmiga, Asante Blackk, Joshua Jackson…
Le résultat, aussi édifiant qu’éprouvant, est transcendé par un épisode 4 qui suit le jeune Korey Wise (Jharrel Jerome, époustouflant), le seul à avoir été jugé en tant qu’adulte, au fil de son expérience traumatisante de l’univers carcéral américain.