"A l’intérieur": polar décalé ancré en milieu psychiatrique
Publié le 26-08-2019 à 14h06
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Vincent Lannoo porte un regard personnel sur cet univers fascinant. Dès ce lundi, sur France 2, à 21 h 05.La première mission d’Angèle Maury, fraîchement débarquée dans la police, pourrait s’avérer plus que complexe. Le crime, celui d’une jeune fille, Ana, retrouvée le cœur arraché, s’est produit dans un hôpital psychiatrique. Pas de quoi décourager Angèle, incarnée par une Noémie Schmidt pleine d’énergie (Versailles, Paris est à nous, La Trêve, Le Premier été…), captivée par cet univers décalé. Et c’est avec une passion insoupçonnée que la jeune femme, promise à un mariage ennuyeux, va se jeter dans cette enquête.
À l’intérieur , série en 6 fois 52 minutes, se sert du genre policier pour explorer la frontière floue entre la normalité et la folie. Le réalisateur belge Vincent Lannoo (Strass, Au nom du fils, Trepalium …) imprime sa patte, sa vision "décadrée" de ce miroir grossissant de notre société où se reflètent les travers de l’âme humaine : ses angoisses, ses conflits intérieurs, ses absurdités, ses limites.
Il jette un regard compatissant et amusé sur une galerie de personnages aux pathologies variées : un bipolaire, un autiste, un dépressif transgenre, un mythomane, etc. Pour les incarner, un casting de choix : Florence Thomassin, Samuel Theis, Emilie Dequenne, Mylène Demongeot, Judith El Zein ou Grégoire Leprince-Ringuet, pour ne citer qu’eux.
Jouer avec les codes du policier
"Ce n’est pas un polar classique, mais c’est un polar quand même, qui explose, avec de vraies surprises. C’est un jeu à la Agatha Christie", commente Vincent Lannoo. "J’ai été attirée par la ribambelle d’acteurs, et par l’ambition visuelle de Vincent, l’inventivité des plans, cette façon de chercher des choses uniques, singulières, un peu folles, pour servir un propos qui me plaît", complète Noémie Schmidt.
Samuel Theis, plus que séduisant en compositeur bipolaire, ajoute : "Le fait de donner l’enquête à une jeune femme qui est assez maladroite dans la manière de la gérer, permet de déjouer les attentes d’un polar classique. Le statut de la parole, qui est l’enjeu principal dans une enquête, devient vertigineux puisqu’on est dans un hôpital psychiatrique, et qu’on ne sait pas quel statut lui donner, si les témoins inventent ou non. L’enjeu est aussi d’être en empathie avec eux, de ne pas les regarder comme des gens qui sont loin de nous, mais au contraire de se dire que ces pathologies sont en chacun de nous mais pas forcément développées au stade où elles le sont chez ces patients."
Une idée partagée par Hippolyte Girardot, qui parvient à susciter de l’empathie pour son personnage peu attachant de directeur de clinique : "Dans une scène où je suis interrogé par la police, j’ai pensé que la personne qui m’interrogeait pourrait être un de mes patients et que, lui répondant, j’étais en train de l’écouter et de l’analyser. Cette scène racontait exactement cela : à quel endroit se trouve le blanc ou le noir, et notre capacité à décider de l’endroit de la frontière où l’on se trouve. C’est un vrai sujet."
La présence de Béatrice Dalle
Vincent Lannoo a par ailleurs eu l’excellente idée de confier (à sa demande) le rôle de la commissaire de police à Béatrice Dalle, tout de même vêtue d’un long manteau noir, filmée en contre-plongée, pour mettre en valeur son côté "Dark Vador". "Béatrice a eu raison de demander à jouer ce rôle. Elle sait que ce ne sera plus crédible de jouer une fois de plus la folle. C’est une croix pour elle", glisse Hippolyte Girardot, avec cet air difficilement déchiffrable, mi-amusé, mi-austère, dont il se sert pour conférer à son personnage toute son ambiguïté.