Yann Moix sème la tempête et récolte l’ouragan
Au départ, il y a Orléans, annoncé comme le choc de la rentrée littéraire. Yann Moix, prix Renaudot pour Naissance en 2013, y dresse l’histoire difficile à supporter des sévices qu’il dit avoir subi de ses parents durant son enfance.
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Publié le 27-08-2019 à 18h38 - Mis à jour le 02-09-2019 à 12h39
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Au départ, il y a Orléans, annoncé comme le choc de la rentrée littéraire. Yann Moix, prix Renaudot pour Naissance en 2013, y dresse l’histoire difficile à supporter des sévices qu’il dit avoir subi de ses parents durant son enfance.
Ce texte est une gifle, un coup de poing, une suite d’abjections. "Jamais tu n’aurais dû naître, petit enculé", crie sa mère. Ses parents l’humilient en le forçant à marcher en rue avec un panneau "Je suis un voleur" ou l’emmènent en pyjama dans sa classe. Le père le conduit en pleine nuit loin dans les bois et le jette dans un fossé boueux. Un jour, il vide sur lui un sac-poubelle ou des caleçons pleins de merde. Les coups à la rallonge électrique pleuvent…
Le tout écrit avec un style flamboyant incluant l’imparfait du subjonctif, et, au milieu des coups reçus, la révélation de la littérature.
Orléans est sous-titré roman. Mais, d’emblée, Moix répète qu’il s’agit bien de sa vie. Depuis la sortie, mercredi passé, l’ouragan médiatique s’est levé : le père admet une éducation stricte mais nie les sévices relatés. Alexandre Moix, le frère de Yann, embraye en expliquant que le seul vrai bourreau, ce serait Yann lui-même qui lui aurait fait subir, à lui, les sévices dont il parle.
Puis, ont surgi de vieux dessins violemment antisémites que Yann Moix avait réalisés, à 21 ans, pour un magazine révisionniste. L’écrivain se dit aujourd’hui "épouvanté" d’avoir pu faire de telles caricatures et il contre-attaque en disant que c’est son frère qui les a exhumés pour lui nuire. On attend la suite de ce Festen, pitoyable déballage.
Yann Moix avait déjà souvent créé la polémique en ayant expliqué, par exemple, n’avoir pas d’attrait pour les femmes de plus de 50 ans.
Dans ce tourbillon d’accusations glauques, il est impossible de connaître la vérité. Mais même si on dit que la polémique fait vendre, le roman, lui, est (provisoirement ?) mort. Il devient impossible de le lire comme une œuvre, tant il est devenu simple objet d’un fait divers sordide.
Laurent Ruquier peut être assuré que l’audience de son émission On n’est pas couché, samedi, sera maximale. Il a invité Yann Moix, pas comme chroniqueur, mais cette fois comme invité, mis sur la sellette.